Au risque d'en prendre
plein la gueule, je ne me vois pas faire semblant et dire que Le
larbin
fut l'une des pires expériences cinématographiques de l'année. Car
si tout y a commencé de manière terriblement laborieuse, je dois
reconnaître avec toute la sincérité qui me caractérise que j'ai
beaucoup aimé. Certains comparent la comédie de l'indécrottable
duo de cinéastes Alexandre Charlot et Franck Magnier à The
Truman Show
de Peter Weir qu'il ne me semble pas avoir encore découvert. Tandis
que beaucoup plus modestement, j'avoue que d'emblée, Le
larbin
semble devoir dégager ce même parfum de fumier qu'exhalaient
certaines séquences de la comédie culte de Jean-Marie Poiré
situées au temps de Louis VI Le Gros, Les
visiteurs.
Pourtant, ici, aucun phénomène lié à la sorcellerie permettant un
voyage de plusieurs centaines d'années vers un futur, qui en
l'occurrence se présentait pour le spectateur du début des années
quatre-vingt, comme son propre présent. Laborieuse, donc, cette
entrée en matière, avec ce jeune ''CON'' (trouvez meilleure
définition de ce fils de... insupportable et je vous promets de
changer la terminaison) et fils d'un chef d'entreprise dépassé par
les outrances de sa progéniture, laquelle risque de faire perdre à
son père sa place de PDG dans la boite qu'il dirige... Profitant
des largesses financières de celui-ci, Louis Casteigne (Audran
Cattin) passe son temps à faire l'idiot, entouré d'une bande
d’énergumènes qui profitent de sa générosité pour foutre le
souk partout où ils passent. Mais un jour, Jean-François Casteigne
(Kad Merad) décide que cela doit immédiatement s'arrêter. Avec
l'aide de son ami Chris Palmer (Clovis Cornillac) dont il finance
généreusement les projets de films, l'homme d'affaire décide un
soir où Louis est ivre de faire croire à son fils qu'il a atterrit
à son réveil, en 1702. Là, il découvre qu'il n'est plus le gosse
de riche qui peut se permettre tous les excès mais rien de plus que
le valet de pisse du Vicomte de Panserepus (l'acteur Stéphan
Wojtowicz)....
En
réalité, financé par le père du garçon, Chris Palmer a
reconstitué le début du dix-huitième siècle, aidé par des
costumières, des décorateurs ainsi que des acteurs et des figurants
afin de plonger littéralement Louis trois-cent ans avant son époque.
Le choc est rude pour le jeune homme qui perd ainsi tous ses repères
et tout le confort qu'il a acquis pour se retrouver désormais parmi
les indigents. Il va devoir très rapidement s'adapter tandis qu'en
coulisse Chris Palmer dirige sa troupe d'acteurs et de techniciens.
Jusque là, l'idée est bonne. Sans Plus. On sait malheureusement
déjà que les rires seront rares. N'oublions pas que les deux
réalisateurs furent notamment les auteurs de l'affligeant Boule
& Bill
onze ans auparavant et de l'estimable Les têtes
de l'emploi
en 2016. Première déception : le jeune héros s'accommode
relativement vite de sa situation. Le larbin
ne prend donc pas le même parti que Les
visiteurs
qui jouait souvent sur le contraste entre Godefroy de Montmirail et
son serviteur Jacquouille la Fripouille face à un monde moderne,
technologique, hostile et malodorant. Étrangement, le film parvient
à se sortir des contingences habituelles du cinéma humoristiques
français de ces dernières années dès l'arrivée de la toujours
aussi craquante Isabelle Carré. Un hasard qui ne s'explique pas
forcément puisque en dehors d'Audran Cattin qui campe donc le rôle
du ''Larbin'', la véritable vedette du film demeure Clovis
Cornillac. Lâché ici comme un fauve, il agit tel un cinéaste
narcissique dont l'ordre de grandeur ne passe que par trois noms :
Orson Welles, Stanley Kubrick, et le sien... Petit à petit, Le
larbin
s'étoffe. Même s'il aura tout de même fallut patienter près de
trois quart-d'heure (le film approche tout de même les cent-dix
minutes). Beaucoup d'acteurs et de figurants pour finalement assez
peu d'élus. Le spectateur a droit à l'idylle entre Louis et la
charmante écuyère Lison (Jade Pedri), des séquences entrecoupées
par les interventions survitaminées de Clovis Cornillac et
soporifiques d'un Kad Merad en revanche très en retrait. Remake du
film russe de Klim Shipenko, Kholop,
sorti il il a cinq ans, Le larbin
reste une sympathique comédie, classique dans le fond mais originale
dans la forme...
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