Longlegs
d'Oz Perkins, c'est quoi ? Le visage de Nicolas Cage décapité
par la caméra portée à l'écran à mi-hauteur dans une image
cadrée au format 4/3 et aux bords arrondis. C'est Maika Monroe dans
le rôle de l'agent du FBI
Lee Harker dont l'extralucidité va lui permettre de découvrir la
cache d'un tueur en série insaisissable et de déchiffrer des codes
énigmatiques inscrits sur des bouts de papier laissés sur divers
lieux de crimes. Longlegs,
c'est aussi une esthétique due au remarquable travail du directeur
de la photographie Andres Arochi. Et puis ? Et puis c'est tout !
Ou presque. C'est avant sa sortie en juillet dernier sur les écrans
du monde entier, une Hype
et une réputation qui le précèdent. Certains s'emballent déjà et
le considèrent comme la nouvelle référence du cinéma d'épouvante.
Bref, il y a ici d'un côté matière à se méfier et de l'autre, de
quoi se réjouir. Veuillez par avance m'excuser si je préfère me
ranger du côté des premiers. De ceux qui en ont tellement soupé de
se voir asséner tous les superlatifs à propos de certaines œuvres
qui n'en méritaient pas tant. Ô combien chanceux, celui-ci m'avait
échappé. Jamais entendu parler de lui avant de le découvrir sur
grand écran et donc jamais vu un seul Teaser
ou une seule bande-annonce. Alors, pourquoi m'être donné la peine
de me rendre au cinéma pour l'y découvrir ? Pour une raison
très simple : la présence de Nicolas Cage au générique. Et
autant dire que l'acteur ne m'avait pas autant saisi à la gorge que
depuis le formidable Leaving Las Vegas
de Mike Figgis dont il partagea la vedette en 1995 aux côtés de la
sublime Elisabeth Shue... Dans le cas de Longlegs,
bien entendu, rien de commun avec ce drame bouleversant qui demeure
selon moi le meilleur film incarné par l'acteur américain. Très
justement comparé au chef-d’œuvre de Jonathan Demme, Le
silence des agneaux,
le long-métrage d'Oz Perkins, qui n'est autre que le fils de
l'acteur Anthony ''Psychose'' Perkins disparu voilà trente-deux ans,
Longlegs s'avère
selon mon point de vue personnel très inférieur à cette référence
ultime en matière de thriller... Il faut dire qu'en dehors de son
esthétique irréprochable et de son entrée en matière absolument
dévastatrice, le choix du réalisateur de changer de braquet en
cours de route afin de transformer son thriller en un mix entre
fantastique et horreur n'est pas du goût de tout le monde...
Et
surtout pas du mien. Ensuite, il demeure des ''détails'' qui
grillent d'emblée l'enquête de notre agent du FBI
dont le charisme et le génie inné n'est absolument pas comparable
avec ceux de Clarice Starling (incarnée à l'époque par la sublime
Jodie Foster). Que sa clairvoyance lui permette d'un seul coup d’œil
de deviner où se terre celui qui à chaque série de meurtres signe
ses messages cryptés sous le pseudonyme Longlegs
passe encore. Mais que la jeune Lee Harker soit en mesure de les
déchiffrer en à peine quelques minutes, c'est la goutte qui fait
déborder le vase de l'illogisme. Je sais, je sais... Inutile de
m'écrire en commentaire que tout fait est accompagné de sa
justification. Et ce sera d'ailleurs le cas s'agissant la résolution
de ces messages énigmatiques ! Le problème est qu'en y
réfléchissant bien, le spectateur, lui-même alors en mode
extralucide, devinera très vite les tenants et les aboutissants de
cette affaire moins dérangeante et terrifiante qu'il n'y paraît et
qui lient le tueur à celle qui est chargée de le traquer. Nous
évoquions un peu plus haut le charisme de Jodie Foster dans Le
silence des agneaux
et dont son supérieur Jack Crawford (l'acteur Scott Glenn) n'était
d'ailleurs pas dépourvu lui-même... Concernant l'agent Carter
(Blair Underwood) qui de son côté est celui de Lee Harker, celui-ci
marque une nette différence de charisme tant il paraît suivre
l'héroïne tel un toutou. Un personnage au fond parfaitement
inutile. S'il est difficile d'éprouver la moindre empathie vis à
vis du personnage incarné par Maika Monroe, le tueur qu'interprète
Nicolas Cage reste sans doute l'un des monstres à visage humain du
septième art parmi les plus saisissants. Tout dans son attitude en
font un personnage qui entrera certainement dans la légende du
cinéma. En revanche, le film, lui, ne mérite pas selon moi tous les
éloges dont il a pu bénéficier. Car non seulement l'on devine
assez rapidement l'enjeu du scénario, mais Oz Perkins met celui-ci
en scène de manière si peu appliquée que le résultat à l'écran
est plus proche du brouillon que de la totale maîtrise d'un Seven
réalisé par David Fincher en 1995. Bref, une déception de moyenne
envergure mais qui s'avérera beaucoup plus importante chez ceux qui
n'ont pas aimé mais qui attendaient beaucoup de la part du dernier
long-métrage signé d'Oz Perkins...
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