Une caisse entière d'un
excellent vin attend bien sagement dans le bac à légumes de votre
réfrigérateur que vous vous décidiez à en déboucher une ou deux
bouteilles ? Trois ou quatre potes ont choisi ce jour là pour venir
s'incruster sur votre canapé ? Vous avez oublié de renouveler
votre abonnement Netflix,
Dysney+ ou Amazon
Prime et n'y avez donc plus
accès ? Une seule solution s'offre à vous : Brancher
votre PC ou votre Mac
à l'aide d'un câble HDMI
sur votre écran plat de 150 cm de diagonale afin d'avoir une vue
beaucoup plus agréable de son contenu et ainsi faire un tour sur les
sites de Streaming et
en VOD. Pourquoi ne
pas vous offrir l'une de ces soirées inoubliables devant un bon
petit film bien nanardesque après avoir passé une commande de
pizzas ? Si telle est votre intention, n'hésitez pas :
ruez vous sur Titanic 2.
Le 2, un ! Pas cette infamie beaucoup trop longue et
prétentieuse réalisée par un parfait inconnu du nom de James
Cameron dans les années quatre-vingt-dix mais bien celui mis en
scène en 2010 par Shane Van Dyke, l'illustre auteur d'autres
inoubliables longs-métrages portant les noms de Paranormal
Identity,
6 Guns
ou A Haunting in Salem...
Pourquoi s'infliger les trois heures et quart d'une œuvre
boursouflée d'autosatisfaction lorsque l'on peut se contenter d'un
film qui ne vous prendra pas plus de quatre-vingt six minutes de
votre temps ? Il va en revanche falloir prendre quelques
précautions. Comme vider en compagnie de vos amis les deux premières
bouteilles du bon vin évoqué plus haut avant de démarrer la
séance. Histoire que votre sang s'imprègne tout d'abord de l'alcool
qu'elles contiennent. Pensez d'ailleurs à inviter parmi vos convives
un ami agent de la circulation. Osez donc lui demander de venir
accompagné de quelques alcootests histoire de bien vous assurer
qu'au minimum le taux d'alcool dans votre sang sera d'au moins deux
ou trois degrés. Une fois cette précaution prise, lancez Titanic
2...
Profitez du générique pour aller ouvrir la porte d'entrée au
livreur et ainsi récupérer les pizzas que vous avez commandé il y
a trois quart d'heure environ. Insistez auprès de vos potes pour
qu'ils acceptent de poser sur leur genoux, une large serviette qui
assurera la réception des miettes et de la sauce tomate qui
pourraient y choir. Les rires que risque de causer le long-métrage
de Shane Van Dyke pourraient effectivement engendrer des spasmes
involontaires qui causeraient des dommages irréparables sur le tissu
remarquablement immaculé de votre canapé couleur pistache...
Titanic 2,
ça n'est pas du cinéma d'auteur, mais presque. Concevant son voyage
à bord du ''petit frère'' du plus célèbre paquebot de croisière
de l'histoire maritime coulé voilà plus d'un siècle après sa
collision avec un iceberg, Shane Van Dyke semble ici être un adepte
du fond vert. Des décors dont la majesté n'ont absolument rien à
envier aux remarquables paysages bucoliques qui s'affichent parfois
sur les murs de certaines chambres d'adolescents en lieu et place de
la classique tapisserie. Des plages ensoleillées aux montagnes
enneigées ou comment partir en vacances sans dépenser un seul
centime ou se lever le cul de son lit ! D'une profondeur inouïe,
et l'on parle ici du néant à l'échelle de l'univers, le scénario
ne s'embarrasse pas de ces petits détails qui habituellement
transforment une intrigue d'une heure et trente minutes en un récit
de plus de trois heures. Shane Van Dyke ne s'intéresse pas à ses
personnages. Et donc, par contraction, le spectateur non plus !
Tout au plus ce dernier espérera entrapercevoir un bout de fesse ou
de nichon vues les jolies bimbos botoxées qui participent à
l'aventure. Et ce, même si l'espoir est très rapidement vain :
nos jeunes interprètes féminines ne faisant pas de bronzage
intégral sur une plage de sable fin mais faisant en général partie
de l'équipage, c'est vêtues jusqu'à la dernière minute de leur
uniforme de marin qu'elle apparaîtront à l'écran... Concernant les
interprètes, imaginant que vous vous fichez autant de leur identité
que de savoir à quelle heure part le prochain train à destination
de Bourdons-sur-Rognon dans le département de la Haute-Marne, je
vous ferai l'économie de les citer. À part peut-être celui de
Bruce Davison qui reste le seul acteur plus ou moins connu de cette
aventure ainsi que le réalisateur lui-même qui s'offre
narcissiquement le rôle du propriétaire du paquebot. Décors
relativement laids et non-immersifs, il me semble que le Titanic 2,
lorsqu'il est filmé en plan large, n'est en fait qu'un décor en
deux dimensions. Comme s'il s'était agit d'une image découpée dans
un magazine célébrant l'univers maritime ! Doté d'un budget
que l'on devine misérable, Titanic 2
nous offre quelques moments particulièrement croustillants. Comme
ces milliers de voix que l'on entend hurler au départ du port alors
que les figurants présents à l'écran ne doivent pas être plus de
trente ou quarante. Ou comme lorsque le paquebot est percuté par un
iceberg et que l'on voit les passagers courir à droite, à gauche,
sans but précis, tentant ainsi d'apporter une énergie à une
intrigue qui jusque là en manquait cruellement. Pourtant, le point
d'orgue est sans doute à chercher ailleurs. Lors de cette séquence
durant laquelle l'une des héroïnes applique un pansement sur
l'épaule de l'une de ses collègues. L'on découvre alors qu'il est
possible de faire avec les moyens du bord. Quelques bouts de
sparadrap ainsi qu'une... carte de crédit ! Bref, vous avez
compris de quoi il retourne avec ce Titanic 2
qui ne risquait déjà pas à l'époque de briller dans les salons
mondains du septième art et qui de nos jours n'a pas gagné
davantage en galons d'intérêt...
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