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lundi 30 novembre 2020

Sympathy for Mr. Vengeance de Park Chan-Wook (2002) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le saviez-vous ? Old Boy (올드보이) que le sud-coréen Park Chan-Wook réalisa en 2003 est en fait le second volet d'une trilogie à laquelle le cinéaste mit un terme en 2005 avec Lady Vengeance (친절한 금자씨 ) mais qu'il inaugura trois ans plus tôt en 2002 avec Sympathy for Mr. Vengeance (복수는 나의 것 ). Une entrée en matière que l'on pourra traduire plus sérieusement sous le titre La Vengeance m'appartient comme semblent l'évoquer les événements. Si d'aucun s'est mis d'accord pour dire que le second volet de la trilogie est le meilleur des trois, il n'en demeure pas moins qu'en 2002 Park Chan-Wook signait déjà un très, très grand long-métrage. De ces thrillers qui ne doivent à personne d'autre que leur auteur. À part peut-être également ses interprètes. On pourra toujours arguer des influences dont a pu se nourrir le sud-coréen pour ensuite rétorquer que l'élève a surpassé ses maîtres en la matière. Quatrième long-métrage d'une carrière brillante,  Sympathy for Mr. Vengeance est de ces films qui montrent l'amour de leur auteur pour le septième art. Le soin apporté au projet est tel que l'on ne peut que rester pantois devant ses qualités narratives et visuelles...


Sympathy for Mr. Vengeance est une véritable machine de guerre qui oscille entre de longues séquences de ''plénitude'' et des scènes d'une violence parfois inouïe. Puzzle dont chaque pièce est judicieusement placée, l’œuvre de Park Chan-Wook peut se targuer de nous offrir un récit à la fois clair et concis tout en étant monté de manière à ne jamais offrir au spectateur l'occasion de pouvoir se reposer sur ses acquis. Comprendre par là que le déroulement de l'intrigue n'est pas aussi classique qu'il en a l'air et qu'il demandera au spectateur un peu de jugeote et d'attention s'il n'en veut pas perdre le fil. Travelling latéraux, plans fixes, rapprochés, vues d'ensemble aériennes, Park Chan-Wook joue avec les espaces et tel le jeu de cubes, s'amuse à faire se succéder des plans à géométrie variable. Derrière le sordide, le beau. L'art pictural en mouvement, comme une balade offerte dans une galerie d'art d'un genre quelque peu transgressif...


Au menu, la vengeance de ce mystérieux MR. Vengeance. Une pirouette propre à la traduction internationale du titre qui cache un double récit dont l'un colle à la peau du second comme un sanguinolent bout de sparadrap. L'un d'eux met en scène Ryu, jeune sourd-muet aux cheveux verts dont la sœur, très gravement malade, nécessite une greffe de rein. Incompatible et tout récemment licencié de l'usine de métallurgie où il travaillait jusque là, il compte sur ses indemnités de licenciement pour se procurer illégalement le rein qui permettra à sa sœur de vivre. Malheureusement, rien ne va se dérouler comme prévu. Pris à la gorge, Ryu décide de s'attaquer à son ancien patron. Celui-là même qui l'a fait renvoyer il y a quelques jours seulement...


Outre la réalisation, Park Chan-Wook s'est attelé à l'écriture du scénario en compagnie de Lee Jae-sun, Lee Mu-yeong et Lee Yong-jong. Reste à trouver le casting de rêve. Parmi les interprètes, on retiendra bien évidemment Shin Ha-Kyun qui interprète un sourd-muet plus vrai que nature, ainsi que Bae Doona et Lim Ji-Eun qui interprète respectivement l'amie et la sœur de Ryu. Mais le spectateur occidental retiendra surtout l'acteur Song Kang-Ho qui interprète Park Dong-Jin et qui depuis a fait une carrière très remarquée dans son pays puisqu'outre quelques-autres passages dans l’œuvre de Park Chan-Wook, on a pu également le voir dans The Host et Snowpiercer de Bong Joon-Ho en 2006 et 2013, Le Bon, la Brute et le Cinglé de Kim Jee-woo, et plus récemment dans Parasite, lui-même réalisé par Bong Joon-Ho. Excellente interprétation des principaux acteur(trice)s. Une retenue qui parfois verse dans la sauvagerie, voire la barbarie. Une œuvre qui sent le souffre, pessimiste, noire et rouge sang, mais qui ne se refuse pas parfois à quelques éclats de rire. Peut-être très légèrement en deçà de Old Boy (quoique) mais tout le savoir-faire du réalisateur sud-coréen est déjà présent. Sympathy fot Mr. Vengeance a remporté divers prix dont celui du meilleur film asiatique au festival FanTasia 2003. Un pur régal...

 

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