Troisième et dernier
volet de sa trilogie sur la vengeance après les géniaux Sympathy
for Mr. Vengeance
en 2002 et Old Boy
en 2003, Lady Vengeance
vient clore de manière inattendue un cycle percutant, jusque là mis
en scène de main de maître et merveilleusement interprété. Mais
qu'en est-il de ce troisième volet que Par Chan-Wook a féminisé au
point d'en faire son personnage principal, une femme ? À vrai
dire, le film est largement surévalué. Loin d'atteindre les
qualités de ses prédécesseurs, le réalisateur sud-coréen use de
subterfuges, tentant ainsi de complexifier un scénario dont le
matériau brut est d'une simplicité relativement déconcertante. Ne
restait alors plus à Park Chan-Wook qu'à monter son film de manière
décousue, voire anarchique, au point d'en être parfois, et même
très souvent, indigeste. Film féministe dans la forme, où les
véritables héroïnes sont toutes des femmes et les hommes de
monstrueux individus, Lady Vengeance
ne mérite pas vraiment sa place en queue de convoi tant il peut
décevoir. Et pourtant, l’œuvre aurait pu gagner ses galons de
thriller au féminin avec cette histoire de vengeance dans laquelle
une jeune femme accusée d'infanticide se venge du véritable
responsable de son incarcération durant treize années : le
meurtrier lui-même...
Lady Vengeance
est d'un ennui profond. Cette proposition toute en nuances pourtant
éclairée par quelques séquences follement poétiques (on pense
notamment à la scène finale), le sud-coréen la transforme en une
ode à la femme, sublimes images à l'appui. On sait Park Chan-Wook
soucieux du moindre détail. Mais après l'incroyable Old
Boy
dont le scénario fut écrit à huit mains d'après un roman éponyme
du scénariste de manga seinen
Caribu Marley (ceci expliquant sans doute cela), il est clair que le
troisième volet de sa trilogie sur la vengeance manque d'étoffe.
Ôtez toutes les séquences inutiles qui rendent le tout brouillon et
vous obtenez un long-métrage d'un académisme exaspérant. Mieux, on
ne sait dans quelles mesures, dans quelles proportions Park Chan-Wook
a volontairement inscrit son œuvre dans le thriller comique, mais
l'on est en droit de se marrer devant la remarquable vulgarité de
certaines séquences qui dans leur forme sont proprement ridicules.
Comme cette proposition de vengeance faite aux parents des jeunes
victimes auxquels l'héroïne Lee Geum-ja propose soit de le donner
aux flics soit de se faire justice eux-mêmes. C'est long, laborieux
et surtout critiquable au sens cynique de l'idée évoquée...
À
force de vouloir tout emballer en douceur, Park Chan Wook en
oublierait presque que le spectateur est autant avide du concept dans
la forme que dans le fond. Malheureusement, si le second y est, la
première s'est envolée avec nos illusions. L'épure est telle que
les quelques moments de bravoure auxquels on espérait assister se
picorent comme de simples miettes de pain sur le bord d'une table.
Adieu les débordements sanglants qui participaient, soyons
objectifs, de l'intérêt des deux premiers volets. Reste que
l'actrice Lee Young-Ae envoûte littéralement l'image et prend
possession du cadre. Si tout au long du projet le réalisateur
sud-coréen n'aura eu de cesse que de proposer une vision pessimiste
des choses, on pourra ''goûter'' ou non au choix du cinéaste lors
du final. D'une certaine manière, et même si la thématique est ici
différente, Lady Vengeance
aborde l'esprit humain, l'ausculte même, comme pu le faire de son
côté Shin'ya Tsukamoto avec Vital.
Sauf que chez Park Chan-Wook, du moins pour cette fois-ci, cela sonne
désespérément creux...
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