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mardi 1 décembre 2020

Lady Vengeance de Park Chan-Wook (2005) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Troisième et dernier volet de sa trilogie sur la vengeance après les géniaux Sympathy for Mr. Vengeance en 2002 et Old Boy en 2003, Lady Vengeance vient clore de manière inattendue un cycle percutant, jusque là mis en scène de main de maître et merveilleusement interprété. Mais qu'en est-il de ce troisième volet que Par Chan-Wook a féminisé au point d'en faire son personnage principal, une femme ? À vrai dire, le film est largement surévalué. Loin d'atteindre les qualités de ses prédécesseurs, le réalisateur sud-coréen use de subterfuges, tentant ainsi de complexifier un scénario dont le matériau brut est d'une simplicité relativement déconcertante. Ne restait alors plus à Park Chan-Wook qu'à monter son film de manière décousue, voire anarchique, au point d'en être parfois, et même très souvent, indigeste. Film féministe dans la forme, où les véritables héroïnes sont toutes des femmes et les hommes de monstrueux individus, Lady Vengeance ne mérite pas vraiment sa place en queue de convoi tant il peut décevoir. Et pourtant, l’œuvre aurait pu gagner ses galons de thriller au féminin avec cette histoire de vengeance dans laquelle une jeune femme accusée d'infanticide se venge du véritable responsable de son incarcération durant treize années : le meurtrier lui-même...


Lady Vengeance est d'un ennui profond. Cette proposition toute en nuances pourtant éclairée par quelques séquences follement poétiques (on pense notamment à la scène finale), le sud-coréen la transforme en une ode à la femme, sublimes images à l'appui. On sait Park Chan-Wook soucieux du moindre détail. Mais après l'incroyable Old Boy dont le scénario fut écrit à huit mains d'après un roman éponyme du scénariste de manga seinen Caribu Marley (ceci expliquant sans doute cela), il est clair que le troisième volet de sa trilogie sur la vengeance manque d'étoffe. Ôtez toutes les séquences inutiles qui rendent le tout brouillon et vous obtenez un long-métrage d'un académisme exaspérant. Mieux, on ne sait dans quelles mesures, dans quelles proportions Park Chan-Wook a volontairement inscrit son œuvre dans le thriller comique, mais l'on est en droit de se marrer devant la remarquable vulgarité de certaines séquences qui dans leur forme sont proprement ridicules. Comme cette proposition de vengeance faite aux parents des jeunes victimes auxquels l'héroïne Lee Geum-ja propose soit de le donner aux flics soit de se faire justice eux-mêmes. C'est long, laborieux et surtout critiquable au sens cynique de l'idée évoquée...


À force de vouloir tout emballer en douceur, Park Chan Wook en oublierait presque que le spectateur est autant avide du concept dans la forme que dans le fond. Malheureusement, si le second y est, la première s'est envolée avec nos illusions. L'épure est telle que les quelques moments de bravoure auxquels on espérait assister se picorent comme de simples miettes de pain sur le bord d'une table. Adieu les débordements sanglants qui participaient, soyons objectifs, de l'intérêt des deux premiers volets. Reste que l'actrice Lee Young-Ae envoûte littéralement l'image et prend possession du cadre. Si tout au long du projet le réalisateur sud-coréen n'aura eu de cesse que de proposer une vision pessimiste des choses, on pourra ''goûter'' ou non au choix du cinéaste lors du final. D'une certaine manière, et même si la thématique est ici différente, Lady Vengeance aborde l'esprit humain, l'ausculte même, comme pu le faire de son côté Shin'ya Tsukamoto avec Vital. Sauf que chez Park Chan-Wook, du moins pour cette fois-ci, cela sonne désespérément creux...

 

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