"Au pays des mutants,
comme dans tous les pays... on s'amuse, on pleure, on rit, il y a des
méchants et des gentils..." et l'on ne parle pas ici de l'homme dont
les extraordinaires capacités génocidaires nous sont suggérées
durant la scène d'introduction de cette première incartade
cinématographique des X-Men, mais d'un groupe d'individus possédant
d'incroyables pouvoirs physiques et/ou mentaux. A ce titre, on peut
dorénavant considérer ces êtres d'exceptions contraints de vivre
dans la clandestinité comme des individus propres à rendre caduque
l'aura de pouvoirs jusqu'ici demeurés extraordinaires et faisant
partie non plus de la simple fiction mais servant parfois d'outils à
de vrais, mais surtout de faux, spécialistes en la matière. Que
deviennent à côtés d'un Wolverine, d'un Cyclope ou d'une Tornade,
des êtres investis de pouvoirs tels que la télépathie ou la
télékinésie ? Même si ces derniers restent à prouver, les
phénoménales performances dont sont nantis les X-Men permettent de
relativiser sur celles du commun des mortels qui débarrassé de
ses armes de destructions massives apparaît bien faible. Outre
certains des personnages de la bande-dessinée originale datant des
années soixante, on retrouve dans ce premier long-métrage plusieurs
de ceux qui apparurent durant les années année soixante-dix. Ainsi
que le personnage de Malicia qui elle, fut créée par le scénariste
Chris Claremont et le dessinateur Michael Golden au tout début des
années quatre-vingt pour le comic book The Avenger Annual numéro
10.
Le cinéaste et
producteur américain Bryan Singer nous refait le coup du Petit
Chaperon Rouge à la mode Marvel. Cette fois-ci, la jeune enfant ne
porte plus de chaperon rouge, mais vert, et sa rencontre avec le loup
(Wolverine) n'est plus située dans la demeure de sa mère-grand mais
dans un bar sinistre où le charismatique mutant dans sa forme
humaine et sous le nom de Logan participe à des combats pour
subvenir à son existence. Trois ans après la publication du premier
volet de Harry Potter de J. K. Rowling (mais une année
seulement après son adaptation sur grand écran), les scénaristes
David Hayter et Christopher McQuarrie imaginaient à leur tour un
établissement accueillant des « phénomènes »
d'un genre nouveau. Des super-héros reclus dans une luxueuse
propriété dirigée par le Professeur télépathe Charles Xavier,
loin du regard d'une humanité se méfiant d'eux au point d'invoquer
le droit (et l'obligation) de les recenser.
Mais ils ne sont pas les
seuls à regarder l'humanité d'un mauvais œil. D'autres mutants
dirigés par un certain Erik Lehnsherr dit « Magnéto »
forment la Confrérie des Mutants afin d'accomplir des
objectifs au profit des mutants et contre les hommes dont il a gardé
de bien mauvais souvenirs depuis la Seconde Guerre Mondiale où il a
été séparé de ses parents emmenés de force dans un camp
d’extermination.
Si Charles Xavier peut
compter sur l'aide de Cyclope, de Tornade ou du Dr. Jean Grey (la
télépathie et la télékinésie faisant partie de ses pouvoirs) pour défendre
leur espèce et éduquer les jeunes recrues (bientôt rejointes par
Malicia et Wolverine), la première forme que prend au cinéma La
Confrérie des mauvais Mutants, celle de Magnéto, est constituée de
Mystique, Dent-de-Sabre et du Crapaud. Mystique possède sa propre
confrérie, Crapaud lui également, lequel aura auparavant rejoint
celle de Mystique. Lui mais également Dent-de-Sabre, pour la saga
Dreams End.
Au cœur de ce premier
long-métrage, un projet fou : celui de Magnéto qui est
d'utiliser une machine de sa fabrication qui, combinée avec ses
capacités magnétiques générant un champ de radiation, va lui
permettre d'induire des mutations chez les hommes dits normaux. Un
combat va alors s'engager non plus entre ceux-ci et les membres de La
Confrérie des Mutants mais contre ces derniers et leurs
congénères entourant le pacifiste Professeur Charles Xavier.
Pour sa première
incartade au cinéma, l'univers des X-Men tient là une belle
réussite. On est encore très loin des bouillies digitales désormais
conventionnelles imposées par un public toujours plus gourmand en
matière d'effets-spéciaux et de moins en moins regardant en terme
d'écriture. Une donnée à laquelle échappe fort heureusement la
franchise. Un premier volet duquel se dégage déjà le personnage de
Wolverine. Sans conteste, le mutant le plus charismatique de la saga.
Admirablement interprété par l'acteur australien Hugh Jackman,
l'homme se bat avec style tout en conservant la part d'animal qui
sommeille en ce mutant dont l'ossature est entièrement constituée
d'adamantium (métal imaginaire constitué de métaux dont l'origine
demeure inconnue). Wolverine n'est que la conséquence d'un projet
gouvernemental canadien, le Weapon X, dont le but
principal est de modifier des hommes afin d'en faire des
super-soldats. Accompagné de personnages tout aussi intéressants
d'un point de vue performances physiologiques, le canadien est
entouré de Patrick Stewart (Star Trek : La Nouvelle
Génération) qui endosse le rôle du Professeur Charles
Xavier, de Ian McKellen, dans celui du grand méchant, Magnéto, de
Famke Janssen, de la méconnaissable Halle Berry dans le rôle de
Tornade, ou encore de Bruce Davison, qui endosse le costume du très
antipathique sénateur Robert Kelly, acteur qui tourne tout de même
depuis la toute fin des années soixante. Et j'en oublie. Une belle
brochette d'interprètes pour une œuvre dont les effets-spéciaux
demeurent aussi sobres que remarquables. Le film délivre son lot de
messages dont un antiracisme et un droit à la différence traités
sous un angle, forcément, inédit.
Outre différentes
nominations, le film de Bryan Singer remportera son lot de
récompenses, tels plusieurs Saturn Awards (récompenses de
cinéma et de télévision américaines décernées par l'Academy
of Science Fiction Fantasy and Horror Films),
le prix littéraire américain Hugo Award
du meilleur film, plusieurs autres pour les MTV Movie &
TV Awards décernant des
récompenses cinématographiques et télévisuelles chaque année, ou
bien le Prix Nebula du
meilleur scénario accordé par la Science Fiction and
Fantasy Writers of America.
Bryan Singer allait lui-même réaliser trois ans plus tard, la suite
des aventures de nos héros sous le sobre titre X-Men 2...
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