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jeudi 12 septembre 2019

Chopper d'Andrew Dominik (2000) - ★★★★★★★★☆☆



Chopper nous convie pour un court instant à vivre auprès de l'un des plus grands criminels que l'Australie ait connu. Né le 17 novembre 1954 et décédé à l'âge de cinquante-neuf ans le 9 octobre 2013, Mark Brandon "Chopper" Read semble avoir été un criminel ''multi-fonction''. Chef de gang, cambrioleur, incendiaire, usurpateur d'identité, tortionnaire et kidnappeur, il a passé de nombreuses années en prison. Le cinéaste néo-zélandais Andrew Dominik dont il s'agissait du tout premier long-métrage n'a pas choisi de nous conter l'histoire de celui qui se faisait appeler ''Chopper'' de sa plus tendre enfance jusqu'à son adolescence. Tout commence ici alors que Mark est déjà en prison, condamné pour avoir mis en danger la vie d'un juge alors qu'il n'était encore qu'un adolescent. Les conditions de détention sont particulières et d'ailleurs, le long-métrage d'Andrew Dominik ne nous en dévoilera qu'un bref aperçu. Pas de réfectoire, de douches, de cellules communes... juste une sorte d'enclos, de pièce centrale, blanche du sol au plafond dans laquelle se jaugent deux camps, dont celui de Mark.

Mark, justement... Chopper pour les intimes et personnage qui traîne avec lui une étonnante ambivalence qui peut tout aussi bien séduire qu'agacer. Car derrière cet individu capable du pire (le meurtre qu'il commet lors du premier acte est, reconnaissons-le, assez peu ragoutant) se cache sans doute l'enfant qui n'aura pas eu le temps de ''grandir'' avant d'être directement plongé dans la violence. L'acteur australien Eric Bana cerne assez bien son personnage. Entre l'ogre épris de reconnaissance, insensible à la douleur physique mais préoccupé par ce que l'on dit de lui, et ce gamin naïf trahi par ses ''amis'' mais toujours convaincu que derrière cette trahison demeure l'espoir. Chopper est un grand premier film. Une œuvre belle et sordide. Dure et fragile. Andrew Dominik n'hésite pas à verser dans le gore lorsqu'il considère que cela est nécessaire. Mais rien n'est jamais gratuit et sert un propos qui tourne autour de son héros. Un individu auquel même la liberté sonne comme une incarcération.

Car comme le démontre avec force ce véritable acte d'amour dans lequel il ne faudrait surtout pas mal interpréter les objectifs du cinéaste, c'est toute la souffrance de Mark qu'Andrew Dominik exploite afin de, sinon justifier, du moins expliquer comment un homme en est venu à de telles extrémités. Image poisseuse, lumière déliquescente, décors fanés... toute la dégénérescence du milieu dans lequel vivait et vivra encore notre héros à sa sortie de prison sonne comme un rappel de ce qu'était, est, et sera sa vie. Eric Bana signe une interprétation magistrale, mélange de monstre au cuir tanné, au cœur d'enfant, mais à l'âme tourmentée par de sombre et inexactes interprétations de son entourage. Chopper est surtout une œuvre parcourue de visions sinistres formidablement mises en lumières par la photographie de Geoffrey Hall et Kevin Hayward. Loin de l'étude clinique d'un cas sans doute irrécupérable de schizophrène, le film d'Andrew Dominik est une saisissante plongée dans la tête d'un homme qui aura grandit sans modèles. Un uppercut ! Choquant ! Pathétique! Morbide ! Furieux ! Émouvant ! Et définitivement culte !

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