Anna veut quitter cette
vie misérable, celle qu'elle a toujours connue. Mais alors qu'elle a
choisi d'en finir en se tailladant le poignet, elle reçoit une
étrange proposition de la part d'un membre du KGB. Formée par
Alexander Tchenkov, Anna va apprendre l'art du combat, du maniement
des armes et de l'espionnage pour son nouvel employeur. Camouflée
derrière sa couverture de mannequin, la jeune femme semble jouer un
double-rôle. Et peut-être même davantage...
Je ne pensais pas avoir à
le dire un jour mais Anna,
le dernier long-métrage du cinéaste français Luc Besson est sans
doute son meilleur depuis... Léon,
en 1994. Autant dire qu'il remonte à loin le temps où la seule
évocation de son nom n'était pas encore l'objet de tous les
quolibets, de toutes les railleries. Sans doute à jamais tourné en
dérision à cause de ses choix artistiques absolument grotesques (Au
hasard, les récents Lucy
et Valérian et la Cité des Mille Planètes),
Luc Besson n'a jamais été que l'auteur de quelques sympathiques
pellicules du fin fond des âges de son métier de cinéaste (Ahhh,
Subway...),
et pourtant, comme un soubresaut inespéré, d'abord contrecarré par
une bande-annonce désastreuse compilant en seulement quelques
minutes une œuvre qui apparaissait alors comme une pâle copie de
Nikita,
émerge au final une assez belle surprise. Car si le scénario de Luc
Besson ne brille pas toujours par son originalité, le réalisateur
français sait y faire en matière de mise en scène.
Et
de découpage d'ailleurs puisque plutôt que d'emmener le spectateur
d'un point A à un point B en ligne droite, Luc Besson prend des
détours, explose la chronologie à travers d'incessants retours en
arrière qui participent à l'élaboration d'un récit sinon
linéaire, mais demeurant du moins fort élémentaire. Le spectateur
ne sera jamais noyé sous une tonne d'informations. À dire vrai, il
aura sans doute fallut à Luc Besson de répartir les pièces du
puzzle dans un ordre antéchronologique, la seule réflexion
concernant alors la logique des événements ainsi que leur
déroulement à l'écran. Et c'est bien là que Anna
tire son épingle du jeu par rapport à Nikita
dont la comparaison demeure inévitable. Plusieurs choix s'imposent :
soit Luc Besson a perdu la mémoire, soit il a volontairement choisi
de remettre à neuf le scénario de l'un de ses meilleurs films en
mode 2.0. Ou peut-être a-t-il été simplement en manque
d'inspiration, toujours est-il que sa dernière œuvre, surtout
durant la première moitié, ressemble exagérément au long-métrage
qui mettait à l'époque en vedette Anne Parillaud et Tchéky Karyo.
Mais Anna
permet surtout de remarquer à quel point sous certains aspects,
Nikita
a vieilli.
Autour
de la délicieuse actrice et mannequin russe Sasha Luss, Luc Besson
réunit quelques figures notables du septième art : à commencer par
la britannique Helen Mirren qui sous les traits d'une dirigeante du
KGB prénommée Olga est parfaitement crédible. Et puis, il y a d'un
côté l'agent de la CIA et amant américain d'Anna, Lenny Miller,
incarné par l'acteur Cillian Murphy qui joua notamment l'effrayant
Dr Jonathan Crane dans l'excellent Batman Begins
de Christopher Nolan, et de l'autre, l'acteur Luke Evans qui lui,
interprète le personnage d'Alexander Tchenkov, l'autre amant de
l'héroïne et formateur de la jeune femme pour le compte du KGB. Il
aura sans doute été salvateur pour Luc Besson de travailler avec un
budget éminemment moins important que celui de l’infâme Valérian
et la Cité des Mille Planètes
puisque Anna
n'aura coûté ''que'' trente millions d'euros. Film d'action,
d'espionnage et thriller, Luc Besson semble y avoir digéré tout un
courant du cinéma asiatique et notamment philippin, indonésien ou
sud-coréen au travers de combats chorégraphiés au millimètre et
dont la séquence se déroulant dans un restaurant deviendra
peut-être un jour, espérons-le pour les chorégraphes, le
réalisateur et son actrice, un classique du genre. En espérant que
pour ses (presque) débuts au cinéma, l'actrice Sasha Luss prendra
un virage différent de celui entreprit par l'ancienne compagne et
égérie du cinéaste, Milla Jovovich, qui s'est corrompue dans tout
un tas de navets (l'adaptation cinématographique du jeu vidéo
Resident Evil
et consorts...). C'est tout le bien que l'on peut lui souhaiter.
Quant à Luc Besson, si Anna
est loin d'être le film de la rédemption, le spectateur avouera
pouvoir encore espérer un miracle de la part d'un cinéaste qui
s'est trop souvent laissé aller à ses rêves de gamin...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire