Second
long-métrage du réalisateur, scénariste, écrivain, humoriste et
acteur (et accessoirement, fils de Guy Bedos) Nicolas Bedos, La
belle époque
fait partie de ces quelques films qui chaque année réussissent le
pari de dépoussiérer la comédie française grâce à une écriture
et une mise en scène intelligente. Après avoir débuté au théâtre,
écrit plusieurs ouvrages littéraires, fait partie de l'une des
équipes de Laurent Ruquier dans l'émission On
n'est pas couché entre
2013 et 2015, Nicolas Bedos signe son premier long-métrage en 2017
avec Monsieur et Madame Adelman
et réapparaît donc deux ans plus tard avec son antépénultième
film. Une œuvre brillante sur le temps qui passe, la monotonie et le
couple qui se déchire avant de se séparer. Une entrée en matière
qui fait place au désir de retrouver pour son héros, le temps où
le bonheur allait pour lui, commencer. Sa rencontre avec celle qui
deviendra son épouse. À soixante ans et des poussières, Victor
(Daniel Auteuil) peine à retrouver l'inspiration. Célèbre pour
avoir été l'auteur de plusieurs bandes-dessinées il y a fort
longtemps, les rapports qu'il entretient avec son épouse Marianne
(Fanny Ardant) se sont si bien délabrés qu'aujourd'hui, le voilà à
la porte de chez lui. Sans un sou mais avec en poche, une invitation
à (re)vivre un jour très particulier. Offerte par son fils Maxime
(Michael Cohen), celle-ci offre à Victor le choix de revivre une
date précise dans le passé. Mais plutôt que de choisir de
rencontrer ou de se glisser dans la peau d'Adolf Hitler ou d'Ernest
Hemingway, Victor choisi de revivre celui de sa rencontre avec
Marianne quarante ans plus tôt. Le 16 mai 1974, dans un café situé
à Lyon, La belle
époque !
Antoine (Guillaume Canet), l'ami de Maxime, est l'organisateur de ces
soirées, véritables voyages dans le temps. Il accepte de prendre en
charge la demande de Victor et fait recréer par son équipe de
techniciens, la rue et les commerces qui jouxtaient à l'époque le
fameux café qui depuis n'existe plus. Maintenant que les acteurs au
service d'Antoine savent quel rôle ils auront à jouer et que tout
est prêt pour accueillir Victor, ne reste plus à trouver celle qui
incarnera Marianne le jour de leur rencontre...
Avec
La belle époque,
Nicolas Bedos parvient à nous replonger dans une période pas si
lointaine qui autorisait encore que l'on fume dans les bars.
Retrouvant le charme des années soixante-dix, avec ses voitures
d'antan et ses modes vestimentaires, le film se concentre sur les
histoires que vivent en parallèle Victor et son épouse ainsi
qu'Antoine et sa petite amie Margot qu'interprète formidablement
l'actrice Doria Tillier. Un casting de choix notamment complété par
Pierre Arditi et Denis Podalydès mais aussi toutes celles et ceux
qui interprètent des seconds voire, des troisièmes rôles. Entre
théâtre et voyeurisme façon Le
Loft
(Guillaume Canet/Antoine et plusieurs membres de son équipe son
dissimulés derrière des glaces sans teint et soufflent les
répliques à ceux qui parfois les oublient), La
belle époque
nous conte une jolie histoire où l'amour est au centre des débats.
Ou comment retrouver la flamme lorsqu'elle s'est éteinte et mieux
comprendre ce qui poussé le couple à se quitter. Daniel Auteuil est
touchant, conquis par cette jeune femme, belle, au point d'en oublier
que tout n'est qu'artifice. Derrière les manettes de producteur et
scénariste, Guillaume Canet/Antoine s'érige en un dieu qui
cependant, perdra parfois le contrôle de la situation. Amusant,
parfois cynique (le spectacle démarre de manière très frontale
même si le scénario calmera le jeu par la suite). On retiendra
moins les décors que la performance des interprètes qui tous se
valent. On sera moins séduits par ce retour en arrière de quatre
décennies que le jeu de séduction entre Doria Tillier et Daniel
Auteuil. Car les vraies vedettes, ce sont eux. Et certainement moins
Guillaume Canet qui tente de se racheter une conduite auprès de sa
belle. Et encore moins encore Denis Podalydès qui dans le rôle de
l'amant de Marianne ou Pierre Arditi qui dans celui d'un fils profite
de la situation pour revivre quelques moments forts auprès de son
père, s'avèrent quelque peu en retrait. Quant à Fanny Ardant, si
elle brille souvent par son absence (malgré quelques tacles
ponctuels absolument jouissifs), l'actrice nous réserve en compagnie
de Daniel Auteuil un final chargé en émotions. Bref, La
belle époque
est de ces films qui surprennent par leur intensité et leur
intelligence. Des personnages attachants, une mise en scène
brillante et un scénario intelligent. De quoi passer deux heures de
pur délice...
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