Et la légende est née...
un soir de pleine Lune, au coin d'un feu de camp. Celle de Jason
Voorhees, ce petit garçon qui se noya dans le lac de Crystal Lake
pendant que ses moniteurs faisaient, selon l'expression d'un certain
Alexander « Alex » DeLarge, ''in-out'' dans la réserve du camp
portant le même nom que le fameux lac. Réalisé et produit par Sean
S. Cunningham, lequel avait déjà notamment œuvré en tant que
producteur sur le film culte de Wes Craven La dernière
maison sur la gauche
en 1972, Friday the 13th (ou
Vendredi 13
chez nous) fut le premier volet d'une longue (trop longue?) saga de
slashers, concurrente directe d'une autre fameuse franchise intitulée
Halloween initiée
en 1978 par le génial John Carpenter. L'occasion alors pour Sean S.
Cunningham de se lancer dans ce même type d'aventure horrifique sans
pour autant avoir la moindre idée d'un quelconque scénario !
Pourtant, n'en déplaise aux fans de Michael Myers, celui écrit par
Victor Miller peut se targuer de proposer un contenu légèrement
supérieur. Car en dehors du fait que Halloween
soit aussi passionnant qu'un documentaire montrant un type promener
son chien durant plus de quatre-vingt dix minutes, sa poignée de
meurtres ne se comptant que sur les doigts d'une seule main manquent
cruellement d'originalité :cinq meurtres dont au moins deux au
couteau et deux commis par étranglement (il y en a même un qui mixe
les deux) ! Question originalité, ce fut le désert... contrairement
au tueur du premier Vendredi 13
dont les meurtres le portèrent immédiatement (du moins dans mon
cœur) au panthéon des boogeymen au même titre que le grand brûlé
Cropsy de The Burning
(Tony Maylam, 1981) ou le soldat dément de The
Prowler (Joseph
Zito, 1981). D'ailleurs, savez-vous quel rapport entretiennent ces
trois slashers ? Non ? Et bien tous les trois bénéficièrent
des talents du plus reconnu des maquilleurs et spécialistes des
effets-spéciaux gore de l'époque, Tom Savini...
Bien
que tout comme ses adversaires, Vendredi 13
ne repose en très grande partie que sur son bodycount
et le degré d'horreur étalée à l'écran, le long-métrage de Sean
S. Cunningham bénéficie de surcroît du concept de ''twist''
souvent absent de la concurrence. Et deux parmi ceux restés les plus
célèbres du genre s'y trouvent justement. Celles et ceux qui n'ont
toujours pas découvert le premier volet de la franchise sont priés
de sauter directement jusqu'au prochain paragraphe...
En
général, lorsque l'on demande aux néophytes qui est Frankenstein,
ceux-ci répondent qu'il s'agit du monstre déambulant dans le roman
de Mary Shelley ou les divers longs-métrages éponymes. Concernant
Vendredi 13
premier
du nom, c'est un peu la même chose lorsque l'on demande au gens qui
est le tueur qui dissémine des cadavres ça et là. Car
contrairement à ce que laisse supposer le film et surtout ses
différentes séquelles, le tueur est ici une tueuse. Une jolie
surprise qui nous attend en fin de métrage en la personne de Betsy
Palmer (ici, relativement flippante) qui interprète donc Pamela
Voorhees, la mère de Jason. Autre twist qui lui s'avère quelque peu
traumatisant, se situe à la toute fin du long-métrage lorsque au
lendemain du massacre, l'unique survivante Alice (l'actrice Adrienne
Taylor) se réveille à bord d'un canot au milieu du Crystal Lake
lorsque surgit des eaux un Jason Voorhees en piteux état. Un concept
qui sera d'ailleurs repris à plusieurs occasions [Fin du spoil!].
Ventre
perforé à l'aide d'un couteau, égorgements, coup de hache dans le
crâne, gorge transpercée par la pointe d'une flèche en métal et
j'en passe... Le travail de Tom Savini est une fois de plus
remarquable et fait ici honneur à son tueur. Le maquilleur s'en
donne à cœur joie et si le film est moins gore qu'un Maniac
(William
Lustig, 1980), Vendredi 13
premier du nom, il propose par contre nettement plus de meurtres. Le
principe du slasher reposant davantage sur son Bodycount
que sur la finesse de son scénario ou sur celle de son
interprétation, les moniteurs adolescents tombent les uns après les
autres avec la régularité d'un métronome. Si l'on compte le
meurtre du tueur lui-même, on atteint l'honnête (et très rond)
chiffre de dix victimes. Ce qui demeure un très bon score pour
l'époque...
Bon après, on ne va tout de même pas se mentir. En dehors des
meurtres, Vendredi 13
demeure très basique. Sean S. Cunningham ne s'intéresse absolument
pas à la psychologie de ses personnages qui pour la plupart n'ont
qu'une vue d'ensemble des rapports humains. Une vue qui se situe
d'ailleurs généralement en dessous de la ceinture. Pas de quoi se
pâmer d'admiration devant les uns et les autres, ni ressentir le
moindre sentiment de consternation ou d'abattement devant tel ou tel
passage de vie à trépas. Le long-métrage de Sean S. Cunningham
n'en demeure pas moins l'un des classiques du slasher comme en
témoignent en outre les onze longs-métrages qui lui ont succédé
(neuf séquelles, un crossover
aux côtés de Freddy Krugger et un remake) et dont le douzième
devrait arriver dès l'année prochaine, une série télévisée
composée de soixante-douze épisodes diffusée chez nous pour la
première fois dès le 13 novembre 1989 dans l'émission culte Les
accords du Diable
sur La Cinq,
ou encore deux jeux vidéos sortis sur différentes plate-formes et
respectivement en 1989 et 2017. Sans parler des chansons dédiées à
Jason ou les milliers de goodies qui furent produits jusqu'à
maintenant...
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