Les uns après les
autres, les réalisateurs se sont enchaînés pour apporter leur
vision de l'univers de l'un des plus célèbres croquemitaines du
septième art. L'homme au visage brûlé. Né du multiple viol que
subit à l'hôpital psychiatrique de Westin Hills de Springwood sa
mère Amanda Krueger. Mais avant d'arborer son visage atrocement
brûlé, son gant aux lames acérées, son pull rayé rouge et vert
et son rire d’outre-tombe, Freddy va comme bon nombre de futurs
tueurs en série s'adonner au sadisme envers les animaux. Élevé
dans une famille d'accueil, battu par son père d'adoption, méprisé
par ses camarades de classe, il tuera bien des années plus tard des
dizaines d'enfants avant d'être à son tour condamné et exécuté
par la plupart des parents de ses victimes faute de l'avoir été par
la justice elle-même. C'est à l'intérieur de la chaufferie même
où il commis ses meurtres que Freddy Krueger est piégé. Arrosée
d'essence, celle-ci prend feu comme un fétu de paille, emportant
dans ses flammes le bourreau d'enfants. Mais alors que la paix semble
être revenue à Springwood, des adolescents, progénitures de ceux
qui se firent justice eux-même, meurent dans d''étranges
circonstances : en effet, l'un après l'autre, ils décèdent
alors qu'ils étaient tous plongés dans le sommeil. Si Freddy
Krueger est bien mort dans la vie réelle, il exécute désormais ses
nouvelles victimes dans leurs rêves. La légende est alors née...
C'est en lisant un article sur des réfugiés Hmongs (habitants
originaire des régions du sud de la Chine ou du nord de Vietnam) qui
furent retrouvés morts après qu'ils aient refusé de dormir de peur
de faire d'horribles cauchemars que le réalisateur Wes Craven a
l'idée d'un boogeyman s'en prenant à ses victimes dans leurs
rêves...
On connaît la suite
puisque la future star de 21 Jump Street,
de Edward aux mains d'argents,
de Las Vegas Parano
ou de la franchise Pirate des caraïbes
Johhny Deep y apparaîtra pour la première fois sur grand écran. Et
fera partie des victimes du terrifiant Freddy Krueger qui, même s'il
cabotine déjà, n'en est pas moins terrifiant dans ce premier volet
que son auteur intitule alors A Nightmare on Elm
Street et
qui chez nous sortira sous le titre Les Griffes
de la nuit.
Plus culte, tu meurs !!! Wes Craven refuse de participer au
tournage de la séquelle La revanche de Freddy
et son nom en tant que réalisateur ne réapparaîtra que dix ans
après son œuvre séminale. En 1987 et 1988 sortent l'un après
l'autre Les griffes du cauchemar
de Chuck Russell (lequel réalisera ensuite l'excellent The
Blob)
et Le cauchemar de Freddy
de Renny Harlin qui demeure les derniers vrais bons volets d'une saga
qui ensuite va très rapidement s'épuiser. En 1989, Stephen Hopkins
(réalisateur en 1990 de Predator 2)
signe le cinquième volet intitulé L'Enfant du
cauchemar.
Une véritable purge qui laisse espérer que la franchise n'ira pas
plus loin...
Mais
ce sera sans compter sur La Fin de Freddy :
L'Ultime Cauchemar,
seul volet réalisé en 1990 par une femme du nom de Rachel Talalay
qui avant de se tourner presque définitivement vers la télévision
tournera par la suite Le tueur du futur
en 1993 et Tank Girl
deux ans plus tard. Pour ce dernier (et ultime?) volet que
représentait à l'époque de sa sortie La Fin de
Freddy : L'Ultime Cauchemar,
le film se penche sur le personnage de John Doe (Shon Greenblatt),
seul survivant des actes monstrueux perpétrés par Freddy Krueger.
Traumatisé, la psychologue Maggie Burroughs propose au jeune garçon
de l'accompagner jusqu'à Springwood afin d'exorciser ses démons.
Cachés dans la camionnette qui conduit John et la jeune femme, trois
adolescents vont désormais être eux aussi confronté à
l'abominable tueur d'enfants. Pour ce sixième long-métrage qui se
veut sans doute testamentaire, la réalisatrice nous convie à
revivre différentes étapes de l'existence de Freddy Krueger. De son
enfance jusqu'à ce qu'il ait revêtu son costume de boogeyman en
passant par une adolescence difficile. Si le concept est diablement
excitant, le résultat est loin d'atteindre à l'image le degré
d'exigence auquel pouvaient prétendre les fans de la franchise. Les
quelques séquences pourvues d'effets-spéciaux digitaux ont
esthétiquement pris une monumentale gifle. C'est laid, terriblement
laid. Heureusement demeurent quelques séquences plutôt
remarquables, comme la traque du jeune sourd Carlos (l'acteur Ricky
Dean Logan) et dont la mort se montre particulièrement graphique,
étant effectuée à base d'effets-spéciaux de maquillage au
latex...
Tout
en arborant les atours de l'hommage à ce grand bonhomme du cinéma
d'horreur et du fantastique transparaît néanmoins parfois le
sentiment d'une blague de potache relativement irrévérencieuse.
Freddy Krueger cabotine comme jamais, devenant lui-même sa propre
parodie tandis que certaines séquences plutôt originales sur le
papier démontrent leur limites une fois transposées à l'écran (le
jeune Spencer qu'interprète Breckin Meyer se retrouve piégé dans
un jeu vidéo où il est poursuivi par Freddy Krueger dans des décors
entièrement constitués de pixels). Le génial Yaphet Kotto (Alien,
de Ridley Scott) interprète le personnage de Doc, minimisant ses
apparitions pour le malheur de ses fans mais sans doute aussi, pour
le bien de sa santé mentale ou celui de sa carrière d'acteur. Car
si ce sixième chapitre des aventures du grand brûlé ne sont pas
aussi infamantes que celles de L'Enfant du
cauchemar,
on est loin d'atteindre les qualités des quatre premiers volets. Si
l'usage de la trois dimensions donne d'horribles résultats (non
mais, c'est quoi ces étrons volants?), si quelques erreurs de
montage montrent parfois l'absence de sérieux (Carlos, filmé en
gros plans porte ses mains à ses oreilles tandis qu'il apparaît les
mains écartées une fois filmé en plongée), si le film réussit
moins qu'un certain Evild
Dead 2
(Sam Raimi, 1987) à rendre cartoonesques certaines séquences et si
le scénario se montre rachitique, ne boudons pas trop notre plaisir.
D'autant plus que l'on y découvre un Robert Englund débarrassé de
son célèbre maquillage lors d'une séquence qui lui rend tous les
honneurs qui lui sont dus ! Confronté au monde réel, Freddy
combattra celle qui s'avérera finalement être sa fille Katherine
lors d'un duel aussi épique, gore, que... pixelisé. Toute une
époque en somme qui signait là, la fin provisoire de l'une des plus
charismatiques créatures du bestiaire fantastique...
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