Traduit sous le titre
Les échappés du néant,
Back from Eternity
(que l'on aurait pu traduire sous le titre De
retour de l'éternité)
est le remake de Five Came Back
(Quels seront les cinq ?)
que réalisa dix-sept ans auparavant le réalisateur américain John
Farrow. Celui-là même qui en 1956 confiera donc le scénario
original de Richard Carroll au scénariste Jonathan Latimer.. Film
catastrophe mâtiné d'aventures, Les échappés
du néant
met en scène une dizaine d'hommes et de femmes parmi lesquels on
retrouve également un enfant et son oncle. Alors qu'un avion modèle
Douglas DC-2
appartenant à une petite compagnie aérienne a pris son envol à
destination de Boca Grande, une tempête contraint le pilote Bill
Lonagan (l'acteur Robert Ryan) d’atterrir en pleine forêt
sud-américaine, là où vivent les fameux et terribles Jivaros, un
peuple d'amérindiens des forêts tropicales de la haute Amazone
connus surtout pour pratiquer une étrange coutume consistant à
réduire la tête de leurs ennemis. Si l’atterrissage se déroule
sans encombres (seule l’hôtesse de l'air sera éjectée en plein
vol alors qu'elle tentait d'éloigner le plus jeune des passagers de
la porte de chargement qui venait de s'ouvrir), tous acceptent de
s'organiser. À la plus âgée des passagers est confiée la tâche
de s'occuper de la nourriture tandis que son époux devra trouver de
la nourriture et que plusieurs hommes seront chargés de couper du
bois ! Parmi les passagers se trouvent Joe Brooks et sa compagne
Louise Melhorn, le policier Crimp et le criminel Vasquel dont
l'exécution était à l’origine prévue dès l'arrivée du vol à
Boca Grande ou encore le professeur Henry Spangler et son épouse
Martha...
Filmé
en noir et blanc, Les échappés du néant
débute donc de manière relativement classique en nous présentant
toute une série de protagonistes dont les différents tempéraments
serviront plus tard à l'intrigue. Car en effet, de manière
relativement vulgaire, on pourrait comparer le long-métrage de John
Farrow à un mix entre n'importe quel film de catastrophe aérienne
et l'émission beaucoup plus récente de télé-réalité Koh-Lanta.
Laquelle oppose vingt-quatre candidats s’affrontant non pas pour
leur survie mais pour remporter une importante somme d'argent lors de
la finale. C'est à travers cet aspect que se joue tout ou partie de
l'intrigue de ces échappés du néant
parmi lesquels nous retrouvons l'acteur Rod Steiger quinze ans avant
qu'il n'incarne Juan Miranda dans Il
était une fois la révolution de
Sergio Leone et vingt-trois avant de se fondre dans les habits du
père Delaney dans Amityville, la maison du
Diable
de Stuart Rosenberg. Il endosse donc en 1956 le rôle du criminel
Vasquel qui contrairement à ce que voudrait son statut de condamné
à mort ne semble pas être l'individu le plus à craindre. La blonde
actrice suédoise naturalisée italienne Anita Ekberg (que l'on
retrouvera quatre ans plus tard dans l'un des deux principaux rôle
du classique de Federico Fellini, La Dolce Vita)
s'affronte gentiment avec la brune et toute aussi charmante Phyllis
Kirk dans des joutes verbales tandis que le compagnon de cette
dernière interprété par Gene Barry (célèbre pour avoir joué
dans La guerre des mondes
de Byron Haskin ou pour avoir été le premier assassin auquel se
soit frotté le célèbre lieutenant Columbo dans l'épisode pilote
Inculpé de meurtre
en
1968) assiste plus ou moins amusé à la scène...
Passons
outre quelques invraisemblances comme ce dangereux criminel placé
sans menottes au beau milieu des passagers à bord de l'avion, cette
absence de dépressurisation lorsque la porte d'embarquement explose
alors que l'avion se trouve à plus de dix-mille pieds ou encore cet
atterrissage forcé se déroulant dans d'excellentes conditions
malgré la luxuriance de la végétation alentour. Notons que le
synopsis ressemble étrangement à celui d'une bande-dessinée
intitulée Histoire
sans héros et
conjointement créée par l'écrivain et scénariste belge Jean Van
Hamme (non, non, rien à voir avec qui vous savez) et le dessinateur
Dany dans laquelle nous retrouverons vingt et un ans après la sortie
du long-métrage les passagers d'un crash contraints de survivre en
pleine forêt amazonienne !!! L'originalité de ces échappés
du néant
provient du fait que le film ne se concentre pas uniquement sur la
catastrophe mais change d'objectif pour décrire les traits de
caractère des protagonistes en milieu hostile. Il est loin le temps
où le docteur Clayton Forrester tentait de sauver le monde d'une
invasion extraterrestre puisque dans le cas présent, Gene Barry
incarne un infecte passager qui sous l'emprise de la peur et de
l'alcool se montrera veule et menaçant. Le compositeur Franz Waxman
signe une partition musicale des plus classique pour l'époque. On
s'attend à tout moment à voir débarquer à l'écran les fameux
Jivaros dont nous a martelé plus tôt les origines et coutumes le
personnage interprété par Rod Steiger. Le sentiment de danger est
bien présent, appuyé par une interprétation générale et une mise
en scène d'excellente facture...
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