Sous-genre
cinématographique du cinéma d'horreur, le Slasher est
l'un de ses plus récurrents représentants. Né pourtant bien après
la naissance du septième art, il a nourri l'imagination de nombres
de fans de cinéma d'épouvante tout en demeurant paradoxalement l'un
des courants les moins inspirés en terme d'écriture. En effet, le
Slasher invoque
généralement un croquemitaine au lourd passé, désirant parfois se
venger d'une humiliation. Découle alors de cette situation, des
meurtres en série, souvent perpétrés à l'arme blanche, par un
individu dont l'identité est généralement révélée en toute fin
de récit. Et lorsque celle-ci est déjà connue, le tueur a au moins
le mérite de porter un masque cachant jusqu'à la toute dernière
minute son visage. Et puis, il y a quelques exemples comme dans le
cas de Eye of a Stranger
de Ken Wiederhorn pour qui le mystère n'a pas forcément besoin
d'être entretenu jusqu'au bout et où le tueur déambule le visage
découvert. Réalisateur, scénariste et producteur d'origine
américaine, Ken Wiederhorn est tout d'abord connu pour avoir réalisé
en 1977 le nanar culte Le Commando des
morts-vivants
avec Peter Cushing et Brooke Adams. Genre dans lequel il replongera
en 1988 en signant la suite du génial Le retour
des morts-vivants
de Dan O'Bannon, comédie d'horreur dépassant de loin bon nombre
d’œuvres se prenant quant à elles beaucoup trop au sérieux. Ce
qui ne sera malheureusement pas le cas de la séquelle signée par
Ken Wiederhorn, trop parodique dans son approche mais surtout, d'un
ennui profond dans sa mise en scène. Entre ses deux incartades dans
le monde des morts-vivants, celui-ci réalisera notamment Dark
Water
en collaboration avec Freddie Francis et donc Eye
of a Stranger
dont l'intrigue repose sur un principe qui en font pratiquement un
genre à part entière et que l'on pourrait catégoriser ainsi :
le film de harcèlement téléphonique! En 1979, Fred Walton réalisa
When a Stranger Calls
dans lequel une ancienne baby-sitter devenue mère de famille fut la
proie d'un dingue bien des années après avoir été harcelée une
première fois. Neuf ans plus tôt, Bob Clark mis en scène Black
Christmas
officiellement reconnu comme le tout premier Slasher
de l'histoire du cinéma et dans lequel ce sont les jeunes filles
d'un pensionnant pour étudiantes qui furent les cibles d'un
maniaque. La télévision américaine elle aussi
s'empara du phénomène avec l'excellent téléfilm de John Carpenter
diffusé un an auparavant et intitulé, Someone’s Watching
Me!
dans lequel une jeune femme prétendait être harcelée par un
inconnu qui en plus de multiplier les coups de téléphone lui
envoyait des cadeaux.
Nous
pourrions continuer jusqu'à épuiser le sujet, parler notamment de
l'une des premières séquences de l'excellent Peur
sur la ville
d'Henri Verneuil lors de laquelle l'actrice italienne Lea Massari
basculait par dessus son balcon pour aller s'écraser des dizaines de
mètres plus bas après avoir reçu plusieurs appels d'un certain
Minos traqué par notre Bebel national... Ou encore revenir sur bon
nombre de Gialli
provenant tout droit d'Italie et dans lesquels là encore héros et
victimes recevaient d'inquiétants appels téléphoniques. Eye
of a Stranger
ne fut donc pas le premier ni le dernier à voir hantée la pellicule
par un maniaque adepte du téléphone comme arme de pression morale
mais aussi du couteau comme instrument de mort. Car si dans la forme
Eye of a Stranger
n'a rien de véritablement original, l'un des intérêts du film
provient des quelques meurtres relativement sanglants qui
interviennent durant le récit. Incarné par John DiSanti dont le
faciès colle idéalement à l'idée que l'on peut se faire d'un
maniaque obsédé par les femmes qu'il tue après les avoir fait
mariner dans leur jus, le long-métrage marque surtout la présence à
l'écran de l'actrice Lauren Tewes, bien connue des téléphages qui
durant une dizaine d'années entre 1977 et 1986 incarna le personnage
de Julie McCoy dans la série culte, La croisière
s'amuse.
Ici, la jeune femme interprète le rôle de la journaliste télévisée
Jane Harris, laquelle soupçonne l'un des locataires vivant dans
l'immeuble d'en face d'être l'homme dont toute la presse évoque les
meurtres. La jeune femme vit en outre aux côtés de sa jeune sœur
Tracy (Jennifer Jason Leigh) qu'elle surprotège après que celle-ci
ait perdu la vue, l’ouïe et la parole à la suite d'un viol.
Personne ne semble cependant vouloir entendre ce que Jane a à dire.
Pas même son petit ami. La jeune femme va donc s'attaquer elle-même
à celui qu'elle soupçonne en jouant au même jeu que lui en le
harcelant à son tour au téléphone. Mais très vite, le maniaque
reconnaît la voix de la journaliste... John DiSanti incarne un
tueur adipeux dont le visage crée un certain malaise. Le film nous
gratifie de quelques meurtres bien cracra comme une décapitation ou
quelques égorgements et découvrir en vedettes Lauren Tewes et
Jennifer Jason Leigh dans ce pseudo-Slasher
se révèle assez amusant. Bref, pas un classique mais une petite
série B horrifique qui s'en sort avec les honneurs...
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