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dimanche 24 octobre 2021

The Guardian de William Friedkin (1990) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Je me souviens encore assez clairement de ce jour du début des années quatre-vingt dix où je lisais dans l'un des numéros du mensuel fantastique Mad Movies la sortie prochaine de The Guardian de William Friedkin. De ces films au titre un peu stupidement traduits de travers, et dans le cas présent sous celui de La nurse. Un long-métrage que l'on croirait tout d'abord sorti du même cru que celui de n'importe quel scénario mettant en scène une dingue s'appropriant le bien d'autrui mais qui de son statut d’œuvre fantastique sort quelque peu du lot. Mad Movies donc, qui dans un vieil exemplaire évoquait le retour de William Friedkin au cinéma d'épouvante dix-sept ans après le choc L'exorciste. Une gageure pour un réalisateur pourtant inestimable mais auteur d'un film ayant atteint un tel niveau d'exigence qu'il était difficile d'imaginer qu'il puisse réitérer l'exploit. Car il faut le reconnaître, The Guardian n'atteint tout juste que le premier degré de l'horreur sur une échelle de cinq. Quelques légers frissons tout au plus et trois ou quatre plans gore sympathiques viennent émailler une œuvre, au fond, très étrange dans sa conception. Si le procédé était nettement moins systématique à l'époque, le film s'ouvre sur une séquence qui ne laissera aucun doute sur les intentions de la nurse en question. La jolie Camilla qui plus tard s'invite chez Kate et Phil, un couple qui vient d'avoir un enfant. Trop occupés pour s'en charger eux-mêmes (il faut les voir rechigner à se lever la nuit pour s'en occuper lorsqu'il se met à pleurer), ils confient à la jeune femme le soin de s'en occuper. Douce et attentionnée, Camilla est parfaite dans son rôle. Séduisante aussi, ce qui ne laisse pas le père du bébé indifférent...


Mais plutôt que de nous resservir le plat tiède d'un récit déjà vu ailleurs, les scénaristes Dann Greenburg et Stephen Volk tordent le concept et proposent un récit qui évacue tout ce qu'attendent les spectateurs dans ce genre de production. On s'attend à ce que le père de famille entretienne une relation avec la nounou ? Et bien, il n'en sera rien. Car l'attitude apparemment obsessionnelle de Camilla n'est due qu'à un phénomène très étrange. Un rite dont William Friedkin n'a visiblement pas l'intention de nous donner les origines profondes. L'auteur de Sorcerer et de French Connection ne garde pas longtemps le secret et tel un gamin pressé de montrer à ses parents le nouveau dessin qu'il vient de faire de la maison et du jardin où ils vivent, il s'empresse d'exhiber le contenu fantastique de The Guardian. Camilla n'est effectivement pas une femme comme toutes les autres. Liées intrinsèquement à un arbre se cachant au cœur d'une forêt, on ne connaît pas vraiment sa nature de sorcière ou de simple disciple de ce végétal qui porte les stigmates de méfaits passés et que la jeune femme s'apprête à renouveler bientôt avec le bébé du jeune couple. Goulu dans son intention de jeter en pâture le couple formé par Carey Lowell et Dwier Brown, William Friedkin grille malheureusement certaines cartouches sans se rendre compte que son œuvre plonge parfois les deux mains dans l'invraisemblable. Et l'on ne parle pas ici du simple élément fantastique mais d'attitudes contraires à toute logique. Car alors, comment justifier certains comportements ? Mais nous reviendrons dessus un peu plus loin. Là où William Friedkin se montre soit stupide soit d'une redoutable intelligence, c'est dans sa manière d'appréhender le mode de pensées et les référénces culturelles de ses futurs spectateurs... Un coup de téléphone, un message inquiétant, le père de famille qui l'écoute et Camilla qui l'interrompt avant qu'il n'en saisisse vraiment l'urgence du contenu... Si n'importe quel autre réalisateur aurait tout fait pour que disparaisse ensuite le message du répondeur avant qu'il n'éclaire le couple sur la véritable personnalité de la nourrisse, William Friedkin, lui, laisse les choses en l'état pour que le message serve au moment fatidique, à convaincre Kate que Camilla n'est pas celle qu'elle croit être...


Ce qui peut apparaître comme une pichenette scénaristique inattendue est peut-être au fond une manière peu élégante de faire évoluer le récit sans trop se prendre la tête à chercher de quelconques subterfuges. Une généralité pour The Guardian dont le fil du récit s'écoule tranquillement, sans la moindre aspérité qui ferait du scénario des deux hommes l'exemple même de la trame tortueuse, avec ses coups de génies et son climax tendu. L'exorciste était une série A. The Guardian, lui, se range directement dans la catégorie des séries B où se côtoient des milliers d'autres films d'horreur. Jenny Seagrove qui y incarne Camilla est aussi belle qu'inquiétante. En reprenant le concept de la forêt agressant ceux qui y pénètrent à la manière de Evil Dead de Sam Raimi, William Friedkin ajoute à son œuvre quelques plans gore plutôt sympathiques mais dont on regrettera qu'ils soient insuffisamment exploités à l'image. Mieux vaut être attentif en effet devant des séquences qui ne durent en général qu'une micro-seconde. Têtes et membres arrachés, arbre qui saigne et bébés ''gravés'' dans l'écorce, le film bénéficie d'un joli travail en matière d'effets-spéciaux... mais de quelques séquences assez cheap également comme Camilla volant à travers la forêt. Les loups demeurent peut-être l'élément le plus inquiétant en dehors du contraste saisissant entre la voix douce de Camilla et ses agissements. Quelques détails vraiment flippants s'adressent à un public venu frissonner (la nourrice placée dans l'angle d'une pièce) mais comme évoqué plus haut, des invraisemblances viennent gâcher une partie de l'intrigue. Attaqués par des ''coyotes'', Kate demande à Phil de l'attendre avec le bébé dans la forêt. C'est à dire au dernier endroit où il nous viendrait l'idée de nous réfugier. Pire : comment justifier le fait que le père de famille se rende directement là où se trouve l'arbre maléfique pour le détruire alors même qu'il n'y a jamais mis les pieds et qu'il n'a aucune connaissance de sa situation ou de son pouvoir ? La dernière partie de The Guardian est entreprise un peu trop rapidement sans que William Friedkin ne semble avoir réfléchi à certaines décisions. Cependant, le film est une honnête série B horrifique dont le rythme relativement relevé empêche que l'on s'y ennuie. Un film qui reste pourtant mineur dans la carrière de ce grand cinéaste...

 

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