
Mais
ici, rien de grave. Jean-Pierre nous ayant habitués à faire du
Mocky, on sait généralement à quoi s'attendre. En plus, lorsque
débarquent sur le devant de la scène Pierre Richard et Gérard
Depardieu, on pense forcément que le film fera partie de ces
quelques grands classiques que l'auteur du Témoin,
du Miraculé,
ou de La Grande Lessive
(chacun pourra y joindre ses propres références) a signé durant sa
carrière. C'est la larme à l’œil, la morve au nez et la lèvre
supérieure tressautant que l'on évoquera la trilogie constituée
par La Chèvre,
Les Compères,
ainsi que par Les Fugitifs.
Le binôme étant de retour trente-deux ans plus tard, qu'allait-il
nous réserver ?
Une
vache maigre, je vous le dis. Car en adaptant une nouvelle d'Anton
Tchekov, la bien nommée Agafia,
du nom du principal personnage féminin venu profiter des faveurs
d'un vagabond, Jean-Pierre Mocky réalise parmi ce qu'il a tourné de
pire. Pourtant, le sujet n'étant pas particulièrement casse-gueule
et le récit étant des plus limpide, on se demande comment le
cinéaste a pu passer à côté. Et surtout, oui, surtout, dénaturer
ainsi l'esprit de son œuvre. Car sans en avoir été d'abord averti,
comment deviner en effet que l'auteur des Saison
du Plaisir ou
de Litan
se
cache derrière ces vingt minutes de pur ennui. Pierre Richard ?
Inutile. Gérard Depardieu ? Grotesque. Le premier a beau avoir
bercé nos années de jeunesse et avoir été l'un des plus grands
acteurs comiques, et le second a beau avoir été l'un des plus
grands acteurs français tout court, ni l'un ni l'autre ne
parviennent à éveiller le moindre soupçon d'intérêt pour ce
court-métrage qui s'enlise dans une succession de scènes d'où toute
notion de plaisir et de dramaturgie s'est faite la malle.
Agafia
ne démarre jamais. L'intrigue n'apporte pas son lot d'émotions,
l’œuvre étant interprétée avec un luxe de médiocrité. Gérard
Depardieu fut grand, beau, charismatique, il n'est aujourd'hui que
boursouflures s’essoufflant à la suite de chaque réplique. LUI,
l'amant avec lequel toutes les femmes du village rêveraient de
partager la couche ? A d'autres, hein ? Pierre Richard
n'est que l'ombre de lui-même, planqué de surcroît derrière un
bandeau noir, ne montrant alors plus qu'un œil unique et honteux
d'avoir accepté de tourner dans une engeance pareille. France 2... à
l'ouverture... déjà, ça sentait le purin. Autant Jean-Pierre
Mocky, lorsqu'il tournait ses plus mauvais films avait le mérite de
nous faire sourire (voire rire). Mais à l'occasion d'Agafia,
c'est la sinistrose qui nous guette. Et encore, soyons heureux que le
tout ne dure qu'un peu plus de dix-neuf minutes. Même la beauté
slave de l'actrice Olga Korotyayeva n'y fait rien.
Agafia
est un ratage total qui ne profitera même pas aux fans purs et durs
de nanars...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire