Quatre ans après s'être
inspiré de la tragédie des moines de Tibhirine assassinés en
Algérie en 1996 avec Des Hommes et des Dieux,
l'acteur-réalisateur français Xavier Beauvois revenait au cinéma
quatre ans plus tard en 2014 avec la comédie douce-amère La
Rançon de la Gloire.
Une jolie fable, touchante, et d'ailleurs, pas nécessairement drôle,
mais s'inscrivant dans une certaine mouvance sociale. Une critique d'un milieu
défavorisé au centre duquel trônent deux immigrés, amis pour la
vie depuis que l'un d'eux à sauvé la vie au second lors de
l'incendie d'un foyer il y a un certain nombre d'années. Le sujet ne
prête pas à sourire puisque nous retrouvons Eddy Ricaart à sa
sortie de prison. Sans abri, il est accueilli par Osman Bricha, son
meilleur ami. Celui qu'il a justement sauvé des flammes il y a
longtemps et qui par conséquent, se sent redevable. Vivant auprès
de sa fille Samira dans un taudis tandis que son épouse est à
l’hôpital pour de graves problèmes de hanche, Osman offre le
couvert et le logis à Eddy. Une vieille caravane située dans le
jardin, à quelques mètres de la maison. Osman est aux abois. Il a
impérativement besoin de cinquante-mille francs suisses pour pouvoir
payer les frais d’hôpitaux car l'assurance ne couvre pas les soins
de Noor, son épouse.
Alors qu'Eddy vient d'offrir un petit poste de télévision à son
ami et qu'ils regardent les actualités en compagnie de Samira, ils
y apprennent la mort de Charlie Chaplin. Gagnant un salaire de misère
et ne pouvant compter sur les banques pour lui prêter de l'argent,
Osman accepte l'étrange proposition d'Eddy: Voler le cercueil de l'acteur
décédé et demander à sa famille une rançon d'un million de
dollars en échange...
Drôle
d'idée de scénario, et pourtant, une fois encore, Xavier Beauvois
qui ici endosse le rôle de réalisateur et celui de 'Monsieur
Loyal' pour
de très courtes apparitions, s'inspire d'un fait réel. En effet, le
scénario écrit par le cinéaste lui-même ainsi que par Étienne
Comar ne demeure pas tout à fait original mais s'inspire du cas du
polonais Roman Wardas et du bulgare Gantcho Ganev qui deux jours
après la mort de Charlie Chaplin survenue le 25 décembre 1977 ont
exhumé dans la nuit du 27 au 28 décembre de la même année, le
corps du comédien, célèbre pour avoir notamment réalisé et
interprété les principaux personnages des Temps
Modernes,
du Dictateur
ou bien encore des Feux de la Rampe.
C'est
pourquoi l'intrigue de La Rançon de la Gloire
ne se situe non pas durant l'année de sa création mais en 1977, à
la date exacte où eurent lieu les événements décrits dans le
fait-divers. A travers quelques plans, Xavier Beauvois fait montre
d'une certaine poésie, rendant ainsi hommage à ce grand monsieur du
cinéma muet qu'était Charlie Chaplin. Il convoque à l'occasion,
les acteurs Benoît Poelvoorde et Roschdy Zem qui à l'écran campent
un fameux duo d'amateurs insuffisamment préparés au coup qu'ils
s'apprêtent à commettre. C'est d'ailleurs dans ce type de situation
que s'exprime la part d'humour de La Rançon de
la Gloire.
Il faut voir les deux interprètes s'y prendre comme des manches lors
de l'exhumation ou lors des multiples appels téléphoniques aux
proches de la star du cinéma. Mais le cinéaste sait également se
faire plus grave, notamment lorsqu'il confronte Osman (admirable
Roschdy Zem) à un banquier refusant de lui prêter la somme qui
l'aiderait à payer les soins de son épouse. Aux côtés du duo, on
retrouve l'acteur américain Peter Coyote, dans le rôle du plus
fidèle compagnon de Charlie Chaplin, ou encore l'actrice française
Chiara Mastroianni dans celui de Rosa, la propriétaire d'un cirque émue par le
personnage incarné par le toujours excellent Benoît Poelvoorde.
La Rançon de la
Gloire est
une jolie comédie, pleine de tendresse, parfois drôle mais pas
trop, mais en tout cas, très touchante. A noter qu'apparaissent à
l'écran le fils de Charlie Chaplin, prénommé Charles,
ainsi que sa petite-fille Dolores...
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