Contrairement à ce que
pourraient laisser supposer certains faits d'arme du réalisateur
américain William Friedkin, celui-ci ne fut pas l'auteur exclusif de
quelques grandes pellicules sombres et désespérées. Lorsque l'on
évoque L'exorciste,
Sorcerer,
Cruising
ou Rampage,
on n'imagine pas forcément d'emblée que derrière Blue
Chips
se cache le même cinéaste. Pas désespéré mais plutôt
désespérant... Surtout pour l'entraîneur de basket Pete Bell dont
l'équipe des Dolphins de l'université de Western University à Los
Angeles vient de perdre une nouvelle fois son dernier match ainsi que
la saison. Souvent donnée comme favorite, Pete et son équipe se
doivent de trouver une solution d'urgence pour le prochain
championnat. Intègre et n'ayant jamais accepté d'acheter le moindre
joueur contrairement aux équipes adversaires, l'entraîneur va
cependant faire une entorse à la règle qu'il s'est toujours fixée.
L'homme d'affaire Happy (J. T. Walsh, parfait) va en secret financer
l'arrivée de nouveaux joueurs qui devraient ainsi permettre aux
Dolphins de remonter jusqu'à la plus haute marche du podium. Pete
regrette d'avoir accepté l'offre de Happy mais désormais, il ne
peut plus faire machine arrière. Non seulement l'homme le tient par
les c... (trois ans auparavant, un joueur avait accepté de tricher
contre de l'argent sans que Pete ne soit mis au courant), mais les
enjeux sont si importants qu'il mettrait en péril certains membres
de l'équipe. De plus, le journaliste Ed (l'acteur Ed O'Neill,
célèbre pour avoir notamment interprété le rôle du père de
famille Al Bundy dans la série américaine Mariés,
deux enfants)
s'acharne à prouver de son côté que certains joueurs ont été
achetés... Et avec de l'argent, on peut tout s'offrir comme le
démontre ce ''petit'' film dans la carrière d'un grand monsieur du
cinéma qui n'avait alors plus rien à prouver. Une œuvre sans doute
mineure mais qui fait écho à des pratiques qui encore aujourd'hui
existent, même jusqu'en Europe et ce, en toute légalité. Bon,
évidemment, en France et partout ailleurs, le principe est différent
puisqu'il touche des professionnels mais peut-on réellement
considérer que payer de jeunes gens pour jouer dans des équipes de
basket universitaires est assimilable à de la tricherie ?
Aux
États-Unis, cela semble une évidence. Et même si cela est une
pratique régulière outre-atlantique. Parmi celles et ceux qui
découvrirent à l'époque ou même plus récemment le quatorzième
long-métrage cinématographique de William Friedkin, on peut noter
au moins deux types de comportement. D'un côté ceux qui adoubent
tout ou presque ce que le réalisateur a pu produire jusqu'ici et de
l'autre ceux qui se demandent ce qui a bien pu lui passer par la tête
pour accepter de tourner une œuvre qui n'a évidemment rien de
commun avec les classiques cités plus hauts. Ou du moins,
Blue Chips
traite-t-il désormais sur un ton beaucoup moins sombre d'une forme
de descente aux enfers beaucoup plus... familiale, divertissante et
donc grand public. Car le basket aux États-Unis fait partie des
quelques sports nationaux qui attire des foules immenses au même
titre que le Base-ball ou le football américain. L'un des aspects
que l'on ne pourra absolument pas reprocher à William Friedkin se
trouve dans sa mise en scène. C'est bien simple, on se croirait
devant nos postes de télévision à assister à de véritables match
de basket. Mais la caméra ne s'arrête ici pas aux portes des
vestiaires puisque le réalisateur nous convie également à y
pénétrer et assister aux préparatifs des divers matchs ainsi
qu'aux ''règlements de compte'' entre le coach et des joueurs qui
selon lui ne s'investissent pas suffisamment. De ce côté là, Blue
Chips
rempli parfaitement son contrat...
Durant
près d'une heure et quarante-cinq minutes, William Friedkin nous
offre un sympathique spectacle en n'intéressant l'amateur de basket
et le néophyte que sous les angles les plus captivants de ce sport
particulièrement intense. Sur la base d'un scénario écrit par Ron
Shelton (réalisateur en outre de Les Blancs ne
savent pas sauter deux
ans auparavant qui traitait lui aussi de basket) et afin de rendre le
récit crédible, le réalisateur fait appel à de véritable
professionnel du basket parmi lesquels on retrouve l'une des plus
grandes stars de tous les temps dans le domaine, Shaquille O'Neal,
ainsi que notamment Anfernee Hardaway, Kevin Garnett, George Lynch ou
encore Allan Houston. Un surcroît de réalisme encore renforcé par
les présences des entraîneurs Rick Pitino, Bobby Knight, Jim
Boeheim et Jerry Tarkanian ainsi que celle du commentateur sportif
Dick Vitale qui tous interprètent leur propre rôle. Mais bien
entendu, que serait le long-métrage sans la présence hyper
charismatique de l'acteur Nick Nolte qui incarne bien entendu le rôle
principale de Pete Bell ? En très grande forme, il interprète
un coach gueulard, sous pression, ancien époux de la charmante Jenny
(l'actrice Mary McDonnell) mais aussi et surtout très honnête,
contre toute forme de manigances et aimant profondément ses joueurs.
Une morale ''presque'' à toutes épreuves qui le conduira à des
aveux en toute fin de métrage. Un récit qui ne repose en rien sur
une quelconque histoire vécue et dont le panache de la mise en scène
et certains aspects réalistes de l'intrigue n'empêcheront
malheureusement pas au film d'être un relatif échec puisque les
recettes ne parviendront même pas à rembourser le budget de
trente-cinq millions de dollars...
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