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mercredi 27 septembre 2023

My Animal de Jacqueline Castel (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Que l'on soit français, chauvin, cinéphile, amateur de loves story fantastiques... ou non, les images qui ouvrent le bal de ce récit adolescent sont célèbres mais aussi, universelles. S'il ne fut pas le premier à poser son regard sur le mythe de La belle et la bête, le réalisateur Jean Cocteau fut celui dont l'adaptation de 1946 avec Jean Marais et Josette Day est demeurée la plus célèbre. Vision abîmée, parasitée de la Belle et de celui qui se transformera bien plus tard en Prince, vue par le prisme d'un poste de télévision à tube cathodique, mue par une antenne filaire défaillante, la réalisatrice franco-canadienne Jacqueline Castel résume en une poignée de secondes l'intrigue à laquelle elle nous convie dans ce qui demeure pour l'instant, son premier et unique long-métrage de fiction. Jusque là, l'auteur de cette romance fantastique adolescente que semble être exclusivement My Animal n'avait tourné que trois courts-métrages ainsi qu'un clip vidéo pour le chanteur new-yorkais Alan Vega (membre désormais disparu du groupe protopunk Suicide entre 1970 et 2016). A vrai dire, Jacqueline Castel est surtout connue en tant que directrice de la photographie puisque entre clip vidéos et courts-métrages pour d'autres artistes, elle a été chargée d'apporter sa contribution à près de soixante œuvres. Une spécialité qui se confirme à travers cette première fiction dont les qualités visuelles sont indéniables. Écrit par Jae Matthews, My Animal indique donc très clairement dès le départ la position de son héroïne. Mais ce qui apparaît tout d'abord comme une éventuelle allégorie va se confirmer avec douceur tout au long du récit. l'exposition d'un ouvrage consacré à la lycanthropie confirmant ainsi définitivement ce que l'on savait déjà. Présenté pour la première fois au festival de Sundance le 22 janvier de cette année, le film est sorti sur les écrans américains le 8 septembre dernier. Encore un film sur le sujet des loups-garous argueront certains spectateurs. Auxquels nous répondrons que rien ne les contraindra à aller le découvrir en salle lorsqu'il sortira de manière officielle sur notre territoire. Chaque période eut sa vague et la meilleure reste d'un point de vue personnel celle qui couvrit l'année quatre-vingt un et sa trinité de classiques Hurlements de Joe Dante, Le loup-garou de Londres de John Landis ainsi que Wolfen de Michael Wadleigh.


Ce qui n'empêche pas certains auteurs de nous avoir proposé récemment quelques idées fort intéressantes (pour exemple, Gräns de Ali Abbasi, en 2018). Le thème de la lycanthropie semble tout comme le vampirisme, frappé de jeunisme. Dans le cas de ceux dont les dents poussent également quand vient l'heure de prendre leur repas et parmi lesquels Dracula demeure le plus célèbre des représentants, l'on eut droit à quelques formidables entreprises comme le génial Morse (Låt den rätte Komma in) du suédois Tomas Alfredson. Si quelques idées du folklore entourant les loups-garous sont reprises ici, la méthode employée par la réalisatrice s'éloigne cependant drastiquement du tout venant en matière de film d'horreur, d'épouvante et fantastique. D'abord, le travail de l'image est en tout point semblable avec celui que l'on rencontre par exemple chez la française Julia Ducournau (Grave) ou le danois Nicolas Winding Refn lorsqu'il tourne en 2013 le parfois sous-estimé Only God Forgive. Des œuvres qui transpirent la moiteur et l'hémoglobine dans le rendu de l'image où le poisseux s'invite désormais en haute définition. À propos de cette étrange sensation qui colle désagréablement à la peau, le long-métrage de la franco-canadienne peut s'enorgueillir d'avoir fait appel au compositeur Augustus Muller qui propose à l'occasion une musique parfois calibrée pour les dancefloor typés années 80 mais plus généralement, de courtes mélodies plus ou moins planantes qui collent parfaitement à l'image. L’œil et le tympans sont ainsi happés par une ambiance pesante, voire parfois inconfortable, mais aussi par une approche esthétique sinon innovante, du moins irréprochable. Finalement, l'aspect fantastique intéresse moins que le contexte social dans lequel baignent les personnages. L'héroïne, subtilement incarnée par la jeune Bobbi Salvör Menuez physiquement proche d'une Gillian Anderson adolescente est touchante. Comme peuvent l'être également ses partenaires féminines Amandla Stenberg et Heidi von Palleske. Sans être au niveau de l'extraordinaire Morse de Tomas Alfredson, My Animal est un joli portrait de jeune femme en devenir, troublée et troublante comme le fut à son époque l'ado surnommée Carrie et de son vrai nom Carrietta N. White (l'actrice Sissy Spacek) de Carrie au bal du Diable de Brian De Palma. Amours naissantes et contexte familial difficile prennent forme dans ce film sensible, entre fantastique et romantisme...

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