Après le Japon,
direction l’Égypte avec Mako
du réalisateur Mohamed Hesham El-Rashidy. Premier et à ce jour,
seul long-métrage de ce cinéaste originaire du Caire qui obtint
durant ses études à l'Académie Internationale des Sciences des
Médias, différents prix pour ses courts-métrages, Mako
est un film d'aventures maritimes. Premier film du genre à avoir été
réalisé l'année dernière au Moyen-Orient, il s'agit en réalité
ni plus ni moins que d'un énième Sharksploitation
tourné dans des conditions qui ne risquent pas de relancer le genre.
Le long-métrage se penche sur le personnage de Rana Bahgat
(l'actrice Basma), de son compagnon Sherif Nahy (l'acteur Nicolas
Mouawad) et de leur équipe d'expédition dont la nouvelle recrue
Gharam (Nahed El Sebaï) évoque l'intérêt d'aller plonger dans les
fonds marins afin d'explorer l'épave du Salem
Express (de
son ancien nom, le Fred
Scamaroni,
à l'origine propriété de la Compagnie
Générale Transatlantique avant
d'être racheté en 1988 par Samatour
Shipping Company pour
être ainsi rebaptisé), un authentique navire qui ne mit pas plus de vingt
minutes pour s'enfoncer dans les fonds marins après avoir percuté
le récif Hyndman situé sur la côte égyptienne, au large de Safaga
en Mer Rouge dans la nuit du 14 au 15 décembre 1991. Si l'histoire
de cette tragédie qui fit plusieurs centaines de morts est bien
réelle, celle qui entoure la poignée de personnages de Mako
est elle par contre tout à fait imaginaire. Le récit s'inscrit
d'ailleurs dans un contexte où la visite du navire est interdite
alors même que son exploration d'un point de vue touristique est
désormais autorisée...
Bien que Mohamed Hesham El-Rashidy tienne un sujet en or adapté de
l'histoire écrite par les scénaristes Ahmed Halim, Ahmed Sharaf
Elsayed et Mohamed El Hafnawy, le résultat à l'écran ne se fait
pas longtemps attendre. Mako ne renouvelle
malheureusement pas le genre et malgré ses origines qui auraient pu
offrir aux spectateurs une alternative exotique, le réalisateur
égyptien foire à peu près tout ce qu'il entreprend. À commencer
par l'aventure sous-marine elle-même qui met des plombes à être
mise en place. On comprendra que le réalisateur puisse ressentir le
besoin de nous présenter tout d'abord ses personnages mais étant
donné leur nombre et le temps alloué à chacun, nous n'aurons
malheureusement pas l'occasion de nous attacher ni envers les uns, ni
envers les autres. Le caractère ambigu de certains d'entre eux
n'apporte là encore, pas la moindre goutte d'eau au moulin d'un
scénario qui stagne dès l'entrée de l'équipe d'expédition dans
les eaux. Alors que l'on aurait sans doute davantage apprécié que
Mohamed Hesham El-Rashidy fasse au sens propre toute la lumière sur
l'épave du Salem Express, le navire s'avère malheureusement
sous éclairé, la plupart des séquences étant alors plongées dans
un noir quasi permanent. Après une pitoyable attaque de requin qui
fera malgré tout une victime parmi les membres de l'équipe
constituée autour de Rana, la quasi totalité de Mako
se concentrera autour des rescapés, réfugiés à l'intérieur de
l'épave, l'oxygène des bouteilles s'amenuisant, le film tentant
ainsi d'instaurer un climat de tension qui là encore, ne fonctionne
malheureusement pas...
Les dialogues s'avèrent parfois, et même très souvent, d'une
naïveté confondante dignes des télénovelasbrésiliennes.
Visuellement, le film de Mohamed Hesham El-Rashidy est une
souffrance. On passe plus de temps à écarquiller les yeux, à
chercher dans le noir les décors qui disparaissent derrière les
remous et l'opaque obscurité. Les attaques de requins sont parmi les
plus rachitiques et datées de l'histoire de la Sharksploitation.
À force d'accumuler les défauts, Mako se parodie
lui-même et s'inscrit parmi les pires de son espèce. Long, mal
écrit, réalisé avec semble-t-il, si peu de moyens que le
réalisateur a dû faire l'impasse sur la photographie et les
éclairages, le film ne parvient même pas à créer ce sentiment
d'angoisse qui devrait pénétrer le spectateur. On oubliera donc
très rapidement ce petit film venu d'Égypte pour aller se resservir
une tranche de Sharknado car si ce dernier ne jouit pas
d'une excellente réputation, lui et ses séquelles ont au moins
l'avantage d'être relativement divertissants...
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