Allez, on réinstalle le
'six têtes de lecture', on
rebranche le câble péritel, on passe du numérique à l'analogique
et du format dvd au format vhs. Terminé le ré-encodage en Haute
Définition, bienvenue aux bandes magnétiques qui à force de
lectures se sont pris des balafres autrement plus impressionnantes
que celle d'Al 'Scarface'
Capone. On commence le marathon avec Le Sous-Sol de la
Peur de Wes Craven. Ce génie
du shocker qui nous avait asséné coup sur coup en début de
carrière deux longs-métrages cultissimes intitulés La
Dernière Maison sur la Gauche
et La Colline a des Yeux
revenait
en 1991 avec un douzième longs-métrages plein de promesses.
Certains critiques s'étaient même risqués à l'époque d'évoquer
Massacre à la Tronçonneuse comme
point de comparaison. Après les excellents Griffes
de la Nuit
et L'emprise des Ténèbres (entourés
d'autres films plus ou moins réussis) et avant le désastre
artistique connu sous le nom de Scream
(ainsi que ses suites), L'un des maîtres es
films d'horreur allait pondre l'une de ses plus jouissives
productions avec ce The People Under The Stairs
(dans
sa version originale). Tout commence d'abord par une musique assez
navrante rappelant les actioners
incarnés par Monsieur Alain Delon en personne dans les années
quatre-vingt. Du saxophone alors que le petit black du récit monte
les étages d'un immeuble sordide grouillant de pauvres ères, dans
lequel il vit avec sa (très jolie) sœur et leur maman, très
malade, cela sonne comme une mauvaise partition. Comme la plupart des
airs composés par Don Peake et Graeme Revell, d'ailleurs. C'est là
qu'intervient Leroy, le copain, soit-disant, de Ruby (la sœur en
question), une petite frappe qui aimerait bien s'approprier la
fortune que cache dans sa demeure le couple propriétaire de l'infâme
ghetto dans lequel vit notamment Dexter, le petit black en question,
et les siens.
Tout
l'intérêt de ce Sous-Sol de la Peur
repose alors dans ce qui va suivre. Cambriolant la demeure du couple
se faisant appeler Papa et Maman, Dexter (surnommé Tou Fou) va
découvrir enfermés dans les murs de la belle (surtout de
l'extérieur) et grande demeure, des gamins affamés par un couple
qui s'avère en fait, totalement barge. La chasse à l'homme peut
alors commencer, d'autant plus que le gamin et Leroy ne s'attendaient
pas non plus à ce que la baraque soit farcie de pièges. Alors que
Leroy va très vite passer de vie à trépas, Tout Fou, aidé par
deux des nombreux gamins qu'ont enlevé Papa et Maman, va tenter de
fuir ce lieu de perdition...
Wouaw !
Wes Craven se sert dans le vivier des personnages tous aussi timbrés
les uns que les autres de l'excellente série de David Lynch Twin
Peaks
pour en extraire les acteurs Everett
McGill et Wendy Robie qui y formaient déjà le couple Hurley. En
exploitant leur incroyable physique, Wes Craven fait de ces
propriétaires racistes deux des plus beaux spécimens de boggeymen
du septième art. Toute la folie retenue des Hurley de la série de
David Lynch s'exprime enfin à travers ce nouveau couple incestueux
kidnappant des enfants (parce que maman rêve depuis toujours d'en
avoir). De l'extérieur, la maison demeure (!) anodine, mais à
l'intérieur, en effet, on pourrait presque la comparer à celle de
la famille Tronçonneuse du classique de Tobe Hooper. Everett McGill
et Wendy Robie sont carrément épatants. Les deux acteurs ne
ménagent pas leurs efforts et l'on a souvent droit à des scènes
totalement ahurissantes en terme d'interprétation. N'oublions pas le
jeune Brandon Adams qui dans le rôle du courageux et malin Dexter
assure le spectacle face à l'un des couples de malades les plus
gravement atteints de la matière grise. Les moments d'anthologie
sont nombreux, mais on retiendra sans doute surtout l'accoutrement
que porte Everett McGill lorsqu'il se lance à la poursuite des
gosses dans la demeure. A ce titre, la maison servant de décor au
film peut être envisagée comme un personnage à part entière. La
jeune Alice incarnée par l'actrice A. J. Langer renvoie quant à
elle étonnamment aux gamines chantant la fameuse berceuse entendue
dans les différents épisodes de la saga mettant en vedette le
célèbre brûlé Freddy Krugger (le génial Robert Englund). Si Le
Sous-Sol de la Peur ne
fiche pas véritablement la trouille tout en demeurant à certains
moment anxiogène (???), on retiendra parmi les nombreuses scènes de
course-poursuite dans la demeure, celle durant laquelle Papa éviscère
Leroy dans la cave. Une scène particulièrement glauque durant
laquelle on découvre notamment que le couple de frère et sœur se
livrent au cannibalisme. Le final démentiel lui-même est sans doute
demeuré dans la mémoire de ceux qui ont découvert le film à
l'époque. L’œuvre de Wes Craven demeure comme un excellent
souvenir qui n'a finalement pas trop mal vieilli. Un long-métrage
qui n'économise pas son énergie et offre un spectacle macabre
finalement pas si éloigné de certains faits-divers qui défraient
parfois la chronique américaine...
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