À l'origine, la mise en
scène du sixième long-métrage de Paul Martel devait être confiée
au réalisateur américain John Waters. L'un des grands pontes du
cinéma trash des années soixante-dix, auteur de Mondo Trasho,
de Pink Flamingos,
de Female Trouble
ou encore de Desperate Living,
lequel s'assagit quelques peu les décennies suivantes et refusa donc
de mettre lui-même en scène Lust of the Dust,
invoquant le fait qu'il n'était pas l'auteur du script. Son écriture
ayant donc été confiée au scénariste Philip John Taylor. Paul
Martel se retrouve alors aux commandes de cette parodie ''musicale''
de western. Mais que ceux qui n'apprécient guère que des chansons
viennent pervertir le récit se rassurent. Celles-ci ne sont qu'au
nombre de trois ou quatre et s'avèrent relativement courtes.
L'essentiel est donc ailleurs. Dans ce ton très léger imprimé par
des dialogues souvent absurdes et parfois crus qui auraient
parfaitement collé au style de John Waters. Au départ, le Chili
Verde est
le nom donné à une tomate cultivée à l'origine aux États-Unis
par le producteur Tom Wagner. Il s'agit ensuite de celui donné à
une recette mexicaine à base de porc effiloché, de coriandre, de
sauce Salsa Verde
et de piment connu sous le nom de Jalapeños.
Mais dans le cas de Lust of the Dust,
il s'agit avant tout d'un petit coin perdu du Mexique où vont être
réunis des protagonistes dont l'ambition première sera de mettre la
main sur un trésor caché depuis des décennies. Tout commence par
la rencontre entre Rosie Velez et Abel Wood. Alors que la première
marche dans le désert, à l'agonie, le second lui vient en aide
in-extremis. L'un et l'autre font route ensemble vers Chili
Verde.
Muet, l'on ne connaît pas encore les motivations d'Abel. Quant à
elle, Rosie espère y trouver un emploi de chanteuse afin de gagner
sa vie. Lorsque le duo débarque en ville, il n'y a pas âme qui
vive. Dans le saloon tenu par Marguerita Ventura (Lainie Kazan), ils
sont accueillis par Big Ed (Nedra Volz), une toute petite femme qui
rêve de pouvoir un jour quitter les lieux pour une vie meilleure.
Les habitants du village arrivent alors et parmi eux, Bernado (Henry
Silva). Un cow-boy qui prend très rapidement Abel en grippe. Plus
tard, c'est au tour de Hard Case Williams (Geoffrey Lewis) de
débarquer avec ses hommes. Tout ce petit monde n'a qu'un seul
objectif : mettre la main sur le fameux trésor, quitte à ce
que chacun d'entre eux élimine la concurrence... Sachant que le film
devait à l'origine être réalisé par John Waters, Lust
of the Dust
devait au départ réunir deux des interprètes iconiques de
l'univers particulièrement trash du cinéaste originaire de
Baltimore.
Le
rôle de Big Ed confié à l'actrice Nedra Volz devait revenir à
Edith Massey dont l'essentiel de la carrière tourna autour de
différents projets tous mis en scène par son mentor. Mais son décès
survenu le 24 octobre 1984 à l'âge de soixante-six ans changea la
donne. C'est ainsi qu'elle fut donc remplacée par Nedra Volz qui
incarne ici une serveuse de bar finalement très convaincante.
L'autre icône du cinéma de John Waters reste bien évidemment
Harris Glenn Milstead, plus connu sous le nom de Divine. Une
célébrissime drag-queen, chanteuse et surtout actrice d'un nombre
important d’œuvres réalisées par John Waters. Dont un certain
Polyester
dans lequel elle (ou il, c'est selon votre bonne volonté)
interprétait cinq ans avant la sortie de Lust of
the Dust,
le rôle de Francine Fishpaw, mère d'un fils fétichiste, d'une
fille extravertie et épouse d'un mari adultère et pornographe dans
une comédie, la toute première projetée sur grand écran en
Odorama.
Le mari en question était à l'époque incarné par l'acteur Tab
Hunter. Celui-là même qui incarne dans le cas présent le rôle
d'Abel Wood. L'occasion pour les deux interprètes de se retrouver
devant la caméra pour la seconde fois de leur carrière. En
comparaison des budgets dont il bénéficiait généralement, Paul
Bartel pu compter sur une enveloppe de deux millions et demi de
dollars. Permettant ainsi au réalisateur de faire construire un
décor propre au Far West et de réunir quelques jolies têtes
d'affiche comme Henry Silva ou Geoffrey Lewis. Cette chasse au trésor
irrévérencieuse à laquelle l'américain convie ses personnages et
par la même occasion les spectateurs est un sympathique défouloir
où certains codes du genre sont respectés. Comme le lieu de
l'action, entre désert, bled paumé, l'inévitable saloon et ses
bagarres à coups de chaises dans le dos, sable soulevé par le vent,
les poursuites à cheval, les affrontements entre cow-boys, les
fusillades, Tab Hunter incarnant carrément un ersatz de Clint
Eastwood à l'époque où ce dernier incarnait l'homme sans nom des
excellent western-spaghettis signés du réalisateur italien, Sergio
Leone. Bref, si Lust of the Dust
reste techniquement très modeste, le plaisir est là. Et c'est bien
là l'essentiel...
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