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dimanche 29 décembre 2024

All is Lost de J.C Chandlor (2013) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

All is Lost de J.C.Chandlor. Le titre du second long-métrage du réalisateur et scénariste américain résonne comme l'abandon d'un homme face à l'adversité. Face à la fatalité, celle qui s'acharne tant et si bien sur lui qu'il finit par baisser les bras. Par se laisse aller. S'enfoncer sous les eaux, du moins jusqu'à ce qu'une main (peut-être celle de Dieu tendue à Adam au centre de La Création d'Adam, que peint Michel-Ange entre 1508 et 1512 sur demande du Pape Jules II) ne lui vienne en aide et mette un terme aux événements auxquels le spectateur vient d'assister. Il y a des décennies, l'acteur Robert Redford fut l'une des grandes figures du cinéma américain. Et même mondial. Aux côtés de Steeve McQueen ou de Paul Newman, il fit briller sa profession en interprétant des dizaines d’œuvres dont certaines devinrent d'authentiques classiques du septième art. Alors qu'il a soixante-dix sept ans en 2013 et qu'il n'a bien évidemment plus rien à prouver, Robert Redford accepte d'être l'unique interprète de All is Lost après que son auteur lui ait proposé d'incarner le rôle d'un aventurier qui ne bénéficiera d'ailleurs d'aucun patronyme. C'est donc à la suite de leur rencontre tandis que J.C. Chandlor fait la promotion de son tout premier long-métrage Margin Call deux ans auparavant qu'il pense à proposer le rôle unique à la star américaine. Le sujet est on ne peut plus simple puisqu'il s'agit de mettre en scène un navigateur qui à son réveil s'aperçoit que son voilier a percuté un container dérivant en plein océan indien. Mais si l'embarcation prend l'eau, l'homme parvient à réduire les dégâts en pompant toute celle qui s'est infiltrée à l'intérieur après avoir colmaté la brèche à l'aide de bandes de fibres de polyester collées les unes aux autres. Tout est redevenu apaisé. Le navigateur fait sécher ses affaires au soleil, l'océan est calme et notre homme examine sa position à l'aide d'une carte et d'un sextant. Mais ce qui se profile au loin est inquiétant. À l'horizon, le ciel gronde et d'épais nuages noirs semblent se rapprocher de l'embarcation... C'est là que va véritablement débuter le cauchemar pour notre héros. Confronté à une violente tempête, son monocoque va tanguer et même, se renverser, plongeant son propriétaire sous des eaux glaciales. Une séquence dont la durée et la puissance plongent littéralement le spectateur au cœur de l'action.


Les éléments se déchaînent avec une telle violence que l'on ne donne pas cher de la peau du personnages interprété par Robert Redford. Un homme d'ailleurs fascinant si l'on mesure son degré de stoïcisme. Économe en paroles, les dialogues doivent se compter sur les doigts des deux mains. Notre héros aura l'occasion de hurler son désespoir à une ou deux occasions mais le reste du temps, la peur et le doute ne se liront que sur son visage. J.C.Chandlor crée un personnage à échelle humaine et non pas l'un de ces héros rompus à tous les exercices de survie. En témoigne par exemple ce petit manuel qu'il consulte avant d'utiliser son Sextant. Ou plus tard, lorsqu'il met un temps fou avant de pouvoir utiliser les fumigènes et les fusées de détresse. Pour autant, l'homme n'est pas stupide quoique l'on puisse penser à l'idée de partir en plein océan sans même avoir révisé à la lettre toutes les méthodes de survie. Comme le prouve son ingénieuse idée de transformer un bidon, un sachet de plastique transparent et une boite de conserve en récupérateur d'eau potable ! Avec réalisme et opiniâtreté, le réalisateur et scénariste s'accorde à rendre réaliste le moindre élément du récit. Et ce, même si l'on peut se demander comment le héros a pu colmater la fuite du canot pneumatique de secours à bord duquel il est installé une fois son voilier abandonné. Admirablement incarné par Robert Redford, le personnage de cette histoire s'avère parfois bouleversant. Face à son embarcation qui s'enfonce dans les eaux de l'océan indien avant de disparaître totalement. Ou lorsque à force d'avoir connu des désagréments, il décide finalement de s'abandonner aux tumultueuses eaux de l'océan. Et que dire de ce plan final, magnifique et empli de symboles... Le scénario étant évidemment minimaliste, ce n'est que sur l'exploit de Robert Redford ou bien sur l'utilisation de trois voiliers qui subirent les pires outrages que All is Lost repose. De tout ce qui passe à l'image, des superbes plans sous-marins (la nuée de requins) jusqu'au différents éléments qui se déchaînent ou en passant par la troublante et obsédante musique d'Alexandre Ebert, l'on retiendra forcément l'interprétation de la star américaine. À l'âge de soixante-dix sept ans, la voilà qui plonge sous l'eau, monte tout en haut d'un mât, est bousculée dans tous les sens et cela, sans jamais être doublée par un cascadeur. L'on espère au moins que Robert Redford a ensuite pu se reposer de cet éprouvant tournage en dégustant des cocktails sur une île privée des Caraïbes. Bref, un véritable prodige pour un résultat à l'écran sans appel. L'immersion est totale...

 

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