Après avoir signé toute
une série de longs-métrages mettant en scène des fantômes aux
cheveux longs, bruns et luisants, le visage blême et l’œil
glauque perçant à peine à travers deux mèches, le réalisateur
japonais Hideo Nakata retournait sa veste en 2015 pour y découvrir
que l'épouvante pouvait également provenir de ces drôles de jouets
que sont les poupées. Sauf que dans son cas, et plutôt que d'imiter
la concurrence, la sienne n'est ni un bout de chiffon, ni faite de
porcelaine ou de silicone mais à davantage l'allure d'un mannequin
d'exposition semblant doté d'une vie propre. Comme souvent chez
Hideo Nakata, le phénomène s'explique par une tragédie passée qui
dans le cas présent prend la forme d'un accident ayant coûté la
vie à une jeune femme lors d'un accident de voiture vingt années
auparavant. Après ça, rien que de très banal au fond puisque si sa
poupée prend lieu et place des habituelles apparitions
fantomatiques, le résultat est le même... en moins engageant tout
de même puisque l'effet escompté qui consiste à foutre le
trouillomètre à zéro au spectateur ne parvient que difficilement à
mettre en scène des séquences véritablement effrayantes. Est-ce dû
à la redondance du concept qui à force de se répéter a de plus en
plus de mal à convaincre ? Hideo Nakata qui pourtant était
parvenu à changer de braquet avec le sous-estimé Kaidan
en 2007 revient donc à ses premières amours sans pour autant
parvenir à égaler et donc encore moins à surpasser son Ringu
de
1998, son Honogurai Mizu no Soko Kara
de 2002 ni même son principal concurrent en la personne de Takashi
Shimizu, auteur entre autre de plusieurs épisodes de la franchise
Ju-on
dès l'année 2000...
Gekijourei
(ou Ghost Theater
à l'internationale) met en scène l'actrice japonaise Rika Adachi
dans le rôle de Sara Mizuki, jeune interprète que son agent
conseille d'accepter de passer le casting d'une pièce de théâtre
dans lequel la jeune femme obtiendra finalement un rôle secondaire.
La vedette de cette pièce, c'est la comédienne Aoi Shinohara
qu'interprète l'actrice Haruka Shimazaki. Hautaine et arrogante, son
rôle d'Elizabeth, croit-elle, lui octroie l'avantage de se comporter
avec mépris vis à vis de ses partenaires. Surtout envers Sara
qu'elle rend responsable de ses malheurs : En effet, Aoi ayant
beaucoup de mal à retenir son texte, le metteur en scène de la
pièce (interprété par l'acteur Mantaro Koichi) lui fait
régulièrement le reproche. Jusqu'au jour où le corps de la jeune
femme est retrouvé raide mort, étendu sur le sol dans les coulisses
du théâtre, le visage cireux. Comme si Aoi avait, par on ne sait
quel sortilège, été transformée en mannequin. Alors qu'un tueur
sévit dans les parages, Sara reprend alors le rôle d'Elizabeth.
Entre meurtres et répétitions acharnées, les jours qui vont suivre
ne seront pas de tout repos pour la jeune comédienne et la troupe de
théâtre...
Loin
d'atteindre le quota de frissons de ses aînés, Gekijourei
n'en est pas moins un film sympathique qui vaudra alors davantage
pour sa mise en abîme et ses répétitions d'une pièce de théâtre
que pour les différentes apparitions de la poupée à taille humaine
(dont certaines pourront être jugées de... ridicules). Basé sur un
scénario de Jun'ya Katô et Ryûta Miyake, Gekijourei
tente d'instaurer un certain climat en provoquant des pluies
diluviennes permanentes, le réalisateur faisant appel une nouvelle
fois au compositeur japonais Kenji Kawai qui au début de sa carrière
travailla beaucoup aux côtés de Mamoru Oshii avant de se
diversifier et d'approcher Hideo Nakata dès 1998 sur le tournage de
Ringu
premier du nom. La patte toute personnelle du compositeur se ressent
ici, notamment lorsque interviennent des cœurs sinistres dont la
teneur n'atteindra malheureusement pas la force d'évocation de ceux
constituant l'essentiel du perturbant Kaidan
en 2007. On conseillera Gekijourei en
priorité aux fans du réalisateur japonais et aux amateurs purs et
durs de J-Horror
plutôt qu'au aficionados d'épouvante lambda qui risquent de faire
grise mine devant ce petit film d'épouvante pas vraiment toujours
convainquant...
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