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jeudi 21 octobre 2021

Cycle troupe du Splendid à la réalisation : Sac de Noeuds de Josiane Balasko (1985) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Cela fait un moment que la chose me titille mais cette fois-ci, c'est décidé. Je me lance dans un méga cycle consacré aux membres du Splendid. Non pas en tant qu'interprètes mais en tant que réalisateurs. Dans l'ordre alphabétique patronymique bien entendu. Concernant Marie-Anne Chazel, Thierry Lhermitte et Bruno Moynot cela ira très vite puisque la première n'a réalisé qu'un court et un long-métrage, le second un long et le troisième aucun. Les plus importantes carrières en tant que réalisateurs sont donc celles de Gérard Jugnot avec douze longs-métrages, de Josiane Balasko qui en compte huit et enfin Michel Blanc avec cinq films. Je ne tiendrai pas compte des courts-métrages et autres documentaires mais consacrerai ce cycle uniquement aux longs formats. Vingt-sept films à chroniquer, donc. Pas tout à fait un travail de titan mais c'est certain, un réel plaisir de pouvoir redécouvrir l’œuvre de cette troupe culte qui après des débuts en commun a fait pour la plupart une carrière en solo particulièrement brillante. On commence donc avec Josiane Balasko qui bien avant de connaître la consécration en 1996 avec Gazon Maudit se fit tout d'abord la main sur deux petites comédies fort sympathiques parmi lesquelles son tout premier long-métrage Sac de nœuds en 1985. Aux côtés de celle qui allait devenir l'une des plus grandes actrices françaises de sa génération en la personne d'Isabelle Huppert, Josiane Balasko se met en scène dans le rôle d'Anita, une paumée en gabardine façon ''Lieutenant Columbo'' et le cheveu en pétard à la manière du chanteur du groupe britannique The Cure, Robert Smith.


En blonde platine un peu cruche, d'apparence un peu ''facile'' Isabelle Huppert interprète Rose-Marie Martin, épouse d'un flic alcoolique et violent (Daniel Russo) qu'elle croit avoir tué d'un coup de couteau. En fuite en compagnie de sa voisine et nouvelle amie Anita, les deux femmes vont notamment croiser sur leur route le délinquant Rico Da Silva... Un Rico Da Silva interprété par le trop rare Farid Chopel qui depuis s'en est allé à l'âge de 55 ans, victime d'un cancer foudroyant en avril 2008. Fils d'une mère kabyle mais revendiquant la Lorraine comme véritables origines, Farid Chopel fut habitué aux rôles de crapules ou de voyous comme l'attestèrent notamment ses sombres interprétations dans L'addition de Denis Amar ou dans Les fauves de Jean-Louis Daniel tous deux réalisés en 1984. Sac de nœuds viendra l'année suivante, tout comme La Vengeance du serpent à plumes de Gérard Oury qu'il interprétera aux côtés de Coluche, Maruschka Detmers, Philippe Khorsand ou encore Luis Rego. Déjà, en 1985, Josiane Balasko dissémine ici ou là sa vision d'une certaine France à travers une critique sociale désabusée. Et au beau milieu des années quatre-vingt, déjà, le milieu social dans lequel vivent nos deux héroïnes coïncide directement avec le contexte dans lequel elles vivent. Victimes des hommes, tout d'abord, mais de la vie en général également, nos trois marginaux sont ainsi réunis dans une comédie drôle mais aussi parfois amère, typique des années quatre-vingt...


Assistée de Philippe Guez et Claude Othnin-Girard à la mise en scène et par le futur réalisateur de Sur mes lèvres, d'Un prophète ou de Dheepan Jacques Audiard au scénario, Josiane Balasko réalise un road-movie déjanté, à l'humour parfois noir, un brin grossier, mais pas trop, qui gagne en force et en énergie à mesure que le récit évolue. Entre des dialogues pas toujours très fins mais des situations qui s'enchaînent avec vigueur, l'arrivée de Farid Chopel/ Rico Da Silva est un atout évident tandis que la participation de certains seconds rôles étoffe très largement l'intrigue. Rencontre avec un Jean Carmet savoureux et très attachant en pharmacien mélomane traumatisé par la Collaboration. Avec un Coluche, également, propriétaire d'un club de jeux clandestin exploitant la compagne de Rico que des dizaines de badauds acceptent de faire la queue pour la regarder s'exhiber. Quant à Dominique Lavannant, elle interprète une infirmière alcoolique et suicidaire. Drôle et parfois émouvant, ce trio de marginaux unis dans leurs différences mais aussi dans leur trauma respectif (Anita cherche notamment à retrouver le docteur qu'elle rend responsable de la mort de son jeune enfant cinq ans plus tôt) demeure inoubliable. Et même si Josiane Balasko, en débutante, maîtrise encore avec difficulté le métier de réalisatrice, on ne peut que tomber sous le charme des personnages qu'elle a offert à Isabelle Huppert et Farid Chopel. Une comédie moins bête qu'elle n'en a l'air, terriblement humaine, et qui n'empêche pas une certaine noirceur... Un régal...

 

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