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jeudi 21 octobre 2021

Cycle troupe du Splendid à la réalisation : Les keufs de Josiane Balasko (1987) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Après s'être accoutrée comme une clocharde dans son tout premier long-métrage en tant que réalisatrice, Josiane Balasko s'apprête désormais davantage dans son nouveau rôle. Celui qu'elle interprète dans Les Keufs, un second film où elle tient une fois de plus le rôle principal, mais désormais non plus aux côtés d'Isabelle Huppert mais d'Isaak de Bankolé, acteur d'origine ivoirienne qui tout comme Farid Chopel apparaîtra trois ans auparavant dans L'addition de Denis Amar avant de se faire véritablement connaître grâce à Black Mic-Mac de Thomas Gilou dans lequel il tiendra la vedette aux côtés de Jacques Villeret. Désormais seule aux commandes et donc sans l'assistance d'aucun autre réalisateur, Josiane Balasko fait appel à l'écrivain Jean-Bernard Pouy et au scénariste Christian Biegalski afin de mettre au point la trame de son nouveau film. Cette fois-ci l'actrice et réalisatrice saute la barrière et passe de l'autre côté de la frontière qui sépare la police des... ''filous''. Elle interprète en effet le personnage de l'inspectrice Mireille Molyneux tandis que son nouveau partenaire incarne lui l'inspecteur Blaise Lacroix de l'Inspection Générale des Services connue également sous l'acronyme IGS ! Débarrassée de son horrible gabardine et de sa chevelure désordonnée, elle débarque à l'image vêtue d'un juste au corps et d'un pantalon moulant qui dessinent parfaitement sa silhouette ainsi que d'une longue coiffure de feu. Autant dire qu'entre Sac de nœuds et Les keufs, c'est le jour et la nuit pour une Josiane Balasko dont le personnage s'est affiné et s'est refait une santé physique et mentale qui n'ont plus rien de commun avec celle d'Anita !


Aujourd'hui, l'affaire est grave. Se faisant passer pour une prostituée, Mireille Molyneux tente de serrer Charlie (l'acteur Jean-Marie Marion), un maquereau qu'elle réussi à arrêter grâce à l'aide de Yasmina (Farida Khelfa), elle-même prostituée. Mais soupçonnant la jeune femme de l'avoir trahi, Charlie la fait enlever. Suivie en retrait par deux ''bœufs-carottes'', Mireille est très inquiète et ne cesse de vouloir retrouver Yasmine. Enquêtant en solo, elle va en outre interroger une certaine Dany (excellente Catherine Hiegel), une toxicomane qu'elle soupçonne de savoir où se trouve la jeune femme. Josiane Balasko pousse le curseur de la critique sociale un peu plus loin que lors de son premier long-métrage en tant que réalisatrice. Blaise Lacroix étant un homme de couleur, on a droit à de nombreuses allusions sur ses origines. Nègre, négro, il n'est pas rare que le racisme soit évoqué dans un contexte moribond où sont également exploités les sujets de la drogue et de la prostitution. En comparaison avec Sac de nœuds, Les keufs est déjà beaucoup moins réjouissant. Pourtant, le duo Balasko/De bankolé fonctionne très bien et certains seconds rôles s'avèrent généreux en matière d'incarnation. On pense notamment à Ticky Holgado et son rôle d'inspecteur de l'IGS victime en permanence d'aventures malheureuses (chute dans une flaque d'eau, nez cassé, passage à tabac par des dealers, etc...) ou encore à Jean-Pierre Léaud ici à contre-emploi dans le rôle du commissaire Bouvreuil, une bombe à retardement hystérique tout à fait réjouissante qui lui permit d'être nommé aux César dans la catégorie Meilleur second rôle masculin en 1988...


Si certaines séquences s'avèrent plutôt intéressantes comme les diverses interventions d'une Catherine Hiegel en toxicomane plus vraie que nature ou celles qui présentent Ticky Holgado dans des situations délicates, un peu trop nombreuses sont celles qui évoquent par contre le racisme ordinaire dont sera régulièrement victime le personnage incarné par Isaac De Bankolé. Josiane Balasko ainsi que ses scénaristes Christian Biegalski et Jean-Bernard Pouy manquent là d'imagination et tournent quelque peu en rond. Si le duo est attachant, le film est déjà beaucoup moins amusant que le précédent. Une fois encore, et l'on ne pourra pas lui reprocher, l'actrice et réalisatrice profite de l'occasion pour égratigner notre société tout en oubliant parfois l'essentiel qui est celui de faire rire. Les keufs n'est pas déplaisant, l'interprétation de l'ivoirien est fraîche pour l'époque mais le film a surtout pris un sacré coup de vieux. Parmi les divers musiciens ayant collaboré à la bande musicale, nous noterons la présence du chanteur et saxophoniste camerounais Manu Dibango ainsi que celle du musicien Stéphane Sirkis, connu pour avoir été l'un des frères jumeaux du groupe de rock français Indochine avant de disparaître le 27 février 1999 à l'âge de trente-neuf ans. Une semi-déception... avant le retour fracassant de Josiane Balasko en réalisatrice quatre ans plus tard avec... Ma vie est un enfer... !

 

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