Serpents, oiseaux,
félins, crocodiles, araignées, rongeurs, requins... la nature,
qu'elle soit urbaine ou sauvage, n'a jamais été aussi agressive que
sur grand écran. Un bon moyen pour elle de se venger des digressions
dont font usages les hommes, exploitant nos chères compagnons à
poils, à plumes et à écailles dans les restaurants, les marchés,
les magasins ou dans des laboratoires. Alors que la mode est
désormais au tout CGI, il fut une époque où le cinéma faisait
appel à un autre genre de talent. Celui des maquilleurs en
effets-spéciaux. Des hommes plus ou moins talentueux qui usaient de
latex et d'animatronique pour donner vie à des créatures aux
proportions parfois plus grandes que la normale. Killer
Crocodile du
producteur et réalisateur italien originaire de Rome Fabrizio de
Angelis ne dérogeant pas à la règle, ce long-métrage d'horreur
datant de 1989 plonge ses protagonistes dans les eaux des Caraïbes,
là-même où une entreprise dont l'environnement et l’écologie ne
semblent par faire partie de leurs priorités, s'amusent à jeter des
fûts de produits toxiques. Résultat : le killer
crocodile
du titre. Soit, un saurien d'une taille appréciable, fruit des
exactions d'individus peu scrupuleux.
Notamment
producteur de plusieurs films signés de l'immense Lucio Fulci (au
titre desquels, L'Enfer des Zombies
en 1979 et L'Au-Delà
en 1981), des Guerriers du Bronx
et de sa suite tout deux réalisés par Enzo G. Castellari en 1982
puis en 1983, et réalisateur d'une vingtaine de longs-métrages
(dont la plupart sous le pseudonyme de Larry Ludman) parmi lesquels
Commando Cobra
en 1986 et la série des Il Ragazzo dal Kimono
d'Oro,
Fabrizio de Angelis signe avec Killer Crocodile,
une petite série B, honnête et pas trop mal fagotée, même si elle
demeure insuffisamment dotée de séquences sanglantes. Le prétexte
habituel des déchets toxiques ayant des conséquences fâcheuses sur
l'environnement servant de base au récit, l'intrigue permettant non
seulement aux protagonistes de s'écharper avec un crocodile mais
avec aussi les dirigeants de l'entreprise, le réalisateur italien
propose une succession de scènes plus ou moins convaincantes. La
séquence d'ouverture censée mettre en appétit les amateurs de
frissons aura peut-être cependant raison des plus exigeants puisque
demeurant d'un intérêt plus que relatif. Prétexte également à
nous livrer en pâture le crocodile en question, histoire de bien
faire comprendre à l'éventuel imbécile qui n'aurait pas compris
autour de quel sujet le film tourne, de quoi retourne Killer
Crocodile.
Lac ?
Marais ? Rivière ? Fleuve ? Les Caraïbes de
Fabrizio de Angelis n'ont rien de bien réjouissantes et même sa
faune et ses indigènes y sont piètrement représentés. Détail
représentatif d'un cinéma dégagé de toute conception hygiéniste
relative à notre époque : si l'on élude l'inutile séquence
d'ouverture, Fabrizio de Angelis commence tout d'abord par
''dessouder'' la seule représentante de la communauté noire du
sextet d'écologistes lors d'une scène qui manque d'éthique
puisqu'au lieu de se lancer à sa recherche, ses amis reprennent
tranquillement les commandes de leur rafiot. L'absence en terme de
pluralité ethnique suivant cette séquence est alors contrebalancée
par des politiques véreux représentés par des blancs faisant fi
des autochtones originaires de la région. Le réalisateur patientera
jusqu'à ce qu'un indigène se fasse dévorer tout cru en tentant de
sauver à lui seul l'une de ses congénères avant de choisir de
s'en prendre enfin à l'homme blanc venu saccager un territoire qui
ne lui appartient pas. Quelques menues scènes gore (dont un bras
arraché) viennent ponctuer un ''film de vacances'' qui tourne au
cauchemar. Mise en scène correcte, effets-spéciaux tolérables (le
crocodile), mais acteurs et dialogues insipides, Killer
Crocodile
gratifie cependant les spectateurs français d'un doublage si mauvais
que chaque intervention verbale fini d'achever toute tentative
d'épouvante et ponctue l'ensemble d'un humour très certainement
involontaire. Le summum demeurant sans doute dans celui des enfants,
très clairement doublés par des adultes. Sans doute ceux-là mêmes
qui furent charger de doubler les ''héros'' de cette aventure en
eaux troubles. Deux ans plus tard, le film connaîtra une suite sous
le simple titre de Killer
Crocodile 2,
cette fois-ci réalisé par l'homologue italien Giannetto De Rossi. À
noter que Fabrizio de Angelis se chargera quant à lui de sa
production...
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