Amateurs de tueurs en
série, réjouissez-vous. Je viens de dénicher un petit film fort
sympathique consacré à un criminel d'origine polonaise ayant
réellement vécu entre 1927 et 1977. Condamné à mort pour avoir
assassiné quatorze femmes et pour avoir été reconnu coupable de
sept autres tentatives de meurtres, Zdzisław Marchwicki fut exécuté
par pendaison dans le garage d'un commissariat le 26 avril 1977 à 21
heures. L'homme commit son premier crime le 7 novembre 1964 alors
qu'il était âgé de trente-sept ans. Et le dernier, le 4 mars 1970.
Si l'Allemagne de la première moitié du vingtième siècle eut son
comptant de ''Vampires''
consacrés par la presse de l'époque (celui de Hanovre avec
Fritz Haarmann et celui de Düsseldorf avec Peter Kürten), la
Pologne allait donc agrandir la liste des criminels aux doux
pseudonymes de suceurs de sang. L'une des particularités de
Zdzisław Marchwicki fut que parmi ses victimes se trouva la propre
nièce de l'homme politique communiste polonais Edward Gierek qui
entre 1970 et 1980 dirigea la république populaire polonaise.
Traduction littérale du titre original Jestem mordercą,
Je suis un tueur
met en scène le jeune inspecteur Janusz Jasiński (l'acteur Mirosław
Haniszewski), ambitieux, voire zélé et ouvert aux nouvelle
technologies (ce qui n'est pas du goût de tout le monde et notamment
de son supérieur Aleksander Stępski). Le film s'inspire donc des
atrocités commises par Zdzisław Marchwicki même si à l'écran,
le tueur incarné par Arkadiusz Jakubik porte le nom de Wiesław
Kalicki. Les points communs entre la réalité et la fiction semblent
être de plus assez rares. Le plus étonnant avec Jestem
mordercą est
le choix du réalisateur et scénariste Maciej Pieprzyca d'avoir fait
de son assassin un homme relativement émouvant. Non pas que l'on
remettra en cause la cruauté des meurtres qu'il commit mais il est
un fait que le film a tendance non pas à justifier ses actes mais à
le montrer tel qu'il est. Ce que certains redoutent d'ailleurs
d'admettre : qu'il est un homme ''presque''
comme tout le monde.
Père
de deux enfants et marié à une femme épouvantable (l'actrice Agata
Kulesza, parfaite dans le rôle de Lidia) qui n'hésite pas à mentir
pour que son époux soit reconnu comme le ''vampire''
que la police du pays recherche depuis longtemps, Wieslaw Kalicki
(impeccable Arkadiusz Jakubik) est arrêté alors qu'il vient
prétendument de commettre son dernier meurtre. Car le problème est
là et va persister jusqu'à son exécution. Le relâchement avec
lequel l'accusé se mure dans le silence tandis que l'inspecteur
Janusz Jasiński profite de sa nouvelle notoriété est tout
bonnement incompréhensible. Une attitude qui nourrit l’ambiguïté
ainsi que les méthodes assez spéciales des autorités pour qui
trouver un coupable quel qu'il soit est un moyen efficace de calmer
l'opinion publique. On croirait presque entendre les grands pontes de
la politique ou de l'autorité policière s'accorder sur le fait que
condamner un hypothétique innocent et toujours moins grave que de
provoquer peur et chaos parmi la population ! Maciej Pieprzyca
cultive donc méthodiquement l'incertitude, jusqu'à cette déchirante
séquence qui confronte Wiesław Kalicki à ses propres enfants lors
de son procès. Mais le long-métrage propose de suivre également en
parallèle l'évolution de Janusz Jasiński qui en terme d’ambiguïté
se pose là ! Pas ou peu convaincu par la culpabilité de
Wiesław Kalicki, l'inspecteur va néanmoins choisir son évolution
professionnelle plutôt que la vérité. Insidieusement, la vie même
de cet homme au départ décrit comme parfaitement honnête va se
déliter. Entre adultère (il est marié et à lui-même un fils),
compromissions, le voilà à la dérive... Jusqu'à ce plan final
empli d'une glaçante symbolique où il est placé en parallèle
d'une reproduction du visage de celui dont il fut à l'origine de la
condamnation. Notons la présence à l'image de l'acteur polonais
Piotr Adamczyk qui pour les amateurs de science-fiction demeurera
sans doute à jamais le visage du Dr Sergueï Nikulov de la
génialissime série de science-fiction américaine For
All Mankind
et dont les amours avec l'ingénieure de la NASA Margo Madison
(l'actrice Wrenn Schmidt) furent contrariés... Bref, sans être
absolument remarquable tout en proposant une sympathique
reconstitution de la Pologne des années soixante-dix, Jestem
mordercą comblera
les amateurs d'enquêtes policières inspirées de faits réels...
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