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jeudi 16 mai 2024

(Nouveau post) Jestem mordercą de Maciej Pieprzyca (2016) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Amateurs de tueurs en série, réjouissez-vous. Je viens de dénicher un petit film fort sympathique consacré à un criminel d'origine polonaise ayant réellement vécu entre 1927 et 1977. Condamné à mort pour avoir assassiné quatorze femmes et pour avoir été reconnu coupable de sept autres tentatives de meurtres, Zdzisław Marchwicki fut exécuté par pendaison dans le garage d'un commissariat le 26 avril 1977 à 21 heures. L'homme commit son premier crime le 7 novembre 1964 alors qu'il était âgé de trente-sept ans. Et le dernier, le 4 mars 1970. Si l'Allemagne de la première moitié du vingtième siècle eut son comptant de ''Vampires'' consacrés par la presse de l'époque (celui de Hanovre avec Fritz Haarmann et celui de Düsseldorf  avec Peter Kürten), la Pologne allait donc agrandir la liste des criminels aux doux pseudonymes de suceurs de sang. L'une des particularités de Zdzisław Marchwicki fut que parmi ses victimes se trouva la propre nièce de l'homme politique communiste polonais Edward Gierek qui entre 1970 et 1980 dirigea la république populaire polonaise. Traduction littérale du titre original Jestem mordercą, Je suis un tueur met en scène le jeune inspecteur Janusz Jasiński (l'acteur Mirosław Haniszewski), ambitieux, voire zélé et ouvert aux nouvelle technologies (ce qui n'est pas du goût de tout le monde et notamment de son supérieur Aleksander Stępski). Le film s'inspire donc des atrocités commises par Zdzisław Marchwicki même si à l'écran, le tueur incarné par Arkadiusz Jakubik porte le nom de Wiesław Kalicki. Les points communs entre la réalité et la fiction semblent être de plus assez rares. Le plus étonnant avec Jestem mordercą est le choix du réalisateur et scénariste Maciej Pieprzyca d'avoir fait de son assassin un homme relativement émouvant. Non pas que l'on remettra en cause la cruauté des meurtres qu'il commit mais il est un fait que le film a tendance non pas à justifier ses actes mais à le montrer tel qu'il est. Ce que certains redoutent d'ailleurs d'admettre : qu'il est un homme ''presque'' comme tout le monde.


Père de deux enfants et marié à une femme épouvantable (l'actrice Agata Kulesza, parfaite dans le rôle de Lidia) qui n'hésite pas à mentir pour que son époux soit reconnu comme le ''vampire'' que la police du pays recherche depuis longtemps, Wieslaw Kalicki (impeccable Arkadiusz Jakubik) est arrêté alors qu'il vient prétendument de commettre son dernier meurtre. Car le problème est là et va persister jusqu'à son exécution. Le relâchement avec lequel l'accusé se mure dans le silence tandis que l'inspecteur Janusz Jasiński profite de sa nouvelle notoriété est tout bonnement incompréhensible. Une attitude qui nourrit l’ambiguïté ainsi que les méthodes assez spéciales des autorités pour qui trouver un coupable quel qu'il soit est un moyen efficace de calmer l'opinion publique. On croirait presque entendre les grands pontes de la politique ou de l'autorité policière s'accorder sur le fait que condamner un hypothétique innocent et toujours moins grave que de provoquer peur et chaos parmi la population ! Maciej Pieprzyca cultive donc méthodiquement l'incertitude, jusqu'à cette déchirante séquence qui confronte Wiesław Kalicki à ses propres enfants lors de son procès. Mais le long-métrage propose de suivre également en parallèle l'évolution de Janusz Jasiński qui en terme d’ambiguïté se pose là ! Pas ou peu convaincu par la culpabilité de Wiesław Kalicki, l'inspecteur va néanmoins choisir son évolution professionnelle plutôt que la vérité. Insidieusement, la vie même de cet homme au départ décrit comme parfaitement honnête va se déliter. Entre adultère (il est marié et à lui-même un fils), compromissions, le voilà à la dérive... Jusqu'à ce plan final empli d'une glaçante symbolique où il est placé en parallèle d'une reproduction du visage de celui dont il fut à l'origine de la condamnation. Notons la présence à l'image de l'acteur polonais Piotr Adamczyk qui pour les amateurs de science-fiction demeurera sans doute à jamais le visage du Dr Sergueï Nikulov de la génialissime série de science-fiction américaine For All Mankind et dont les amours avec l'ingénieure de la NASA Margo Madison (l'actrice Wrenn Schmidt) furent contrariés... Bref, sans être absolument remarquable tout en proposant une sympathique reconstitution de la Pologne des années soixante-dix, Jestem mordercą comblera les amateurs d'enquêtes policières inspirées de faits réels...

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