Dans les années
soixante-dix et quatre-vingt, découvrir à la télévision
Jason et les argonautes
faisait le même effet que chaque fois qu'était rediffusé une
comédie mettant en scène Louis de Funès. Si l'on a conservé dans
nos mémoires une œuvre qui nous semblait provenir de l'une de ces
deux merveilleuses décennies, ce long-métrage mis en scène par le
réalisateur britannique Don Chaffey est pourtant bien plus ancien
puisqu'il date de 1963. Et s'il est demeuré toujours aussi
populaire, c'est sans nul doute grâce aux prouesses techniques mises
en œuvre à l'époque par le concepteur des effets-spéciaux
américano-britannique Ray Harryhausen dont la spécialité fut la
Stop Motion.
Technique consistant à filmer image par image des représentations
miniatures de créatures qui une fois mises en mouvement créaient
l'illusion d'être vivantes et disproportionnées. C'est ainsi qu'il
donna naissance à l'immense créature de The
Beast from 20,000 Fathoms
du français Eugène Lourié en 1953, soit un an avant que
n'apparaisse pour la toute première fois au Japon, le célèbre
Godzilla
dans l’œuvre portant son nom signée du réalisateur Ishirō Honda
(lequel n'était pas le premier long à exhiber une créature
gigantesque comme le démontrèrent bien avant lui le
King Kong
de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack ou sa suite Le
Fils de Kong
uniquement réalisé par Ernest B. Schoedsack, les deux films étant
sortis en 1933). Don Chaffey et Ray Harryhausen se retrouveront
notamment sur le tournage de Un million d'années
avant J.C.
en 1966 mais avant cela, l'un et l'autre vont s'employer à unir
leurs talents respectifs afin de donner naissance à l'un des péplums
mythologico-fantastiques parmi les plus fameux qui aient vu le jour
sur grand écran. Alors que l'action se situe à l'époque de la
Grèce Antique, un oracle annonce à Pélias qu'il va prochainement
s'emparer du trône d'Iolcos en Thessalie en lieu et place de son
demi-frère Éson. Mais aussi qu'un homme chaussé d'une unique
sandale viendra bientôt le tuer pour venger son père de cet
affront. Plus tard, sauvé de justesse de la noyade, Pélias remarque
que son sauveteur ne porte justement qu'une chaussure.
Du
nom de Jason, ce dernier est convié par celui dont il ignore encore
la véritable identité à l'accompagner jusqu'à son camp. Afin de
gagner du temps, Pélias conforte Jason dans l'idée de partir en
Colchide afin de découvrir et de mettre la main sur la fameuse
Toison d'Or aux caractéristiques hors du commun. C'est ainsi
qu'après avoir sélectionné ceux qui l'accompagneront durant son
long périple (parmi lesquels Hercule ou le propre fils de Pélias,
Acaste) et après avoir réservé l'usage de l'Argo à son
propriétaire que Jason et son équipage partent à l'aventure. Un
voyage emplit d'épreuves dont la première aura lieu sur l'île de
Bronze ou la gigantesque statue de Talos veille sur un immense
trésor... Une fois défait le géant de métal, Jason et ses hommes
se rendent sur une autre île où un vieil homme aveugle est condamné
à subir les assauts perpétuels de deux harpies. Affrontant les deux
affreuses créatures, Jason les fait ensuite enfermer, libérant
ainsi le vieil homme de leur emprise. Plus tard, ce sera au tour du
Dieu Triton de surgir du plus profond des océans à cette différence
bien précise qu'il s'agira cette fois-ci d'aider le héros et ses
hommes et non pas de les attaquer. Un cours répit avant que Jason ne
se voit contraint d'affronter Acaste sur le pont de l'Argo, puis une
hydre à sept têtes, avant de pouvoir prendre possession de la
Toison d'Or. Et pour terminer, Jason combattra une armée de
squelettes une fois de plus animés par Ray Harryhausen. Notons qu'en
dehors de l'apparition du Dieu Triton (qui ne consiste qu'en
l'incrustation de l'acteur Bill Gudgeon), toutes les séquences à
effets-spéciaux furent donc conçues en Stop
Motion,
la dernière demeurant en forme d'apothéose dans la carrière de
leur concepteur. Aujourd'hui, avec l'apport des images de synthèse
et le bond qu'elles firent notamment dans le courant des années
quatre-vingt dix, les effets-spéciaux de Jason
et les argonautes
peuvent paraître naïfs. Et pourtant, longtemps ils sont demeurés
comme d'authentiques références. À l'échelle de l'histoire du
cinéma, le film eut son importance et demeure encore une œuvre
mythique. Et ce même si le scénario de Beverley Cross et Jan Read
reste on ne peut plus sommaire. Une aventure relativement
conventionnelle qui gagne justement en profondeur et en intensité
dès lors que Jason affronte des créatures issues des mythes et
légendes de la Grèce Antique...
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