Légion sont les œuvres
qui invoquent le regroupement d'un certain nombre d'individus
enfermés en un même lieu. Et parmi ces dizaines, ces centaines de
longs-métrages il en demeure une partie qui s'intéresse aux
sciences médicales et à leurs répercussions sur la psychologie ou
la physiologie de leurs personnages. Dans le cas de Double
Blind,
terme signifiant non seulement que des cobayes humains acceptent de
suivre un protocole médical sans connaître sa nature mais que les
médecins eux-mêmes n'en connaissent pas l'origine, sept personnes,
trois femmes et quatre hommes, acceptent contre une forte somme
d'argent de participer à une expérience s'étalant sur plusieurs
jours. Dans des locaux souterrains aseptisés et à l'écart de toute
civilisation, Claire, Alison, Vanessa, Amir, Ray, Paul et Marcus vont
se retrouver enfermés à la suite d'un incident survenu après
plusieurs jours d'isolement. Suivis de très près par le docteur
Burke (l'actrice Pollyanna McIntosh), ils doivent accepter de prendre
des doses de médicaments sans cesses grandissantes tandis qu'il leur
est interdit de dormir. À défaut de quoi, ils mourront dans
d'atroces circonstances. La première à subir les effets secondaires
liés au traitement est Alison (l'actrice Abby Fitz), laquelle est
victime d'une grave hémorragie. Alors que le docteur Burke est mort
en tentant de fuir les lieux au moment où une alerte de sécurité
se déclenche, les sujets de l'expérience vont devoir tenter de
survivre lors des vingt-quatre prochaines heures. Le décompte a déjà
commencé et chacun espère pouvoir sortir pour empocher
individuellement une prime s'élevant à trente-mille dollars. Mais
après être demeurés plusieurs jours sans dormir, les esprits de
certains s'échauffent. Et notamment celui de Ray (Diarmuid Noyes)
qui soupçonne désormais Amir (Aksahy Kumar) de travailler pour le
compte du laboratoire Blackwood
Pharmaceuticals
alors que celui-ci tente de tout mettre en œuvre pour que le groupe
s'en sorte vivant. Heureusement, Amir peut compter sur le soutien de
Claire... La jeune femme est la véritable héroïne de ce récit qui
est donc conduit par l'actrice Millie Brady qui dans ce contexte
hautement anxiogène et claustrophobe incarne une jeune femme qui
paraît être l'une des rares à avoir encore conservé toute sa
tête.
Film
visuellement minimaliste mais néanmoins intéressant, Double
Blind
est le quatrième projet en commun produit entre le réalisateur
irlandais Ian Hunt-Duffy, le scénariste Darach McGarrigle et le
directeur de la photographie Narayan Van Maele après la série Talk
it Out
en 2012 et les courts-métrages Gridlock
en 2016 et Low Tide
deux ans plus tard (le cinquième en réalité pour Narayan Van Maele
qui participa également au tournage de The
Euthanizer
en 2009). Entre thriller, épouvante, drame et science-fiction,
Double Blind
fait parfaitement illusion car étant donné que le sujet n'est pas
vraiment neuf, les spectateurs pouvaient craindre que le film ne soit
qu'une énième itération portant sur ce sujet. Pour leur premier
long-métrage en commun, le réalisateur, le scénariste et le
directeur de la photographie offrent une expérience très
satisfaisante qui n'excède pas les quatre-vingt dix minutes. Les
quelques effusions de sang sont sobres mais plutôt efficaces. Et si
l'intrigue repose sur un concept simple qui aurait pu être
ponctuellement générateur de ventres mous, entre les séquences
isolant tel ou tel personnage ou celles durant lesquelles les
tensions entre membres du groupe s'exacerbent, le réalisateur
parvient à tempérer nos émotions avant de nous balancer quelques
images subliminales plutôt sinistres. Avec son ambiance froide et
clinique typique des œuvres de science-fiction dystopiques, ses
phases d'espoir et de désespoir, son personnage légèrement
paranoïaque (sombrement incarné par Diarmuid Noyes), son héroïne
étonnamment proche physiquement de notre Vimala Pons nationale, son
ambiance parfois glaçante et l'irruption de séquences chocs, Double
Blind,
sans être un modèle du genre, fait parfaitement le taf. De quoi
passer une heure trente les mains plus ou moins crispées sur les
bras de son fauteuil, à se demander quel est le rôle de chacun et
surtout, dans quelle mesure le ou les survivants sortiront
véritablement indemnes de cette épouvantable expérience...
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