En treize années de
métier, le réalisateur italien Fulvio Risuleo a tourné autant de
courts et de longs-métrages. Et pourtant, à la vision de Notte
Fantasma
l'on a souvent l'impression qu'il s'installe derrière la caméra
pour la première fois de son existence. Drôle de film que ce petit
thriller dans lequel un adolescent d'origine égypto-indonésienne
part acheter du hachisch pour ses amis lorsqu'il est suivi par un
type en voiture. Interloqué par la présence de cet homme, ce
dernier sort sa plaque de police et le contraint à monter à
l'arrière de son véhicule. Commence alors pour le jeune Tarek une
nuit très étrange et anxiogène sous le joug d'un individu très
inquiétant. L'acteur Yothin Clavenzani incarne un garçon plutôt
lisse, très éloigné des adolescents de son âge généralement
répertoriés comme délinquants. Pour preuve, l'achat de stupéfiants
qui pour l'adolescent est une contrainte. Filmé dans une Rome
nocturne vidée de sa population qui depuis que le soleil est couché
s'est endormie, la photographie de Guido Mazzoni crée un étrange
climat qui ne dépareille absolument pas avec le comportement trouble
de ce flic décidément très troublant. À tel point que l'on se
pose la question quant à la valeur réelle de la plaque qu'il porte
sur lui. Question qui trouve à diverses reprises des réponses mais
qui ne rassurent malgré tout pas sur le sort que pourrait
hypothétiquement réserver l'homme au jeune Tarek. Également écrit
par Fulvio Risuleo, Notte Fantasma
oppose au jeune Yothin Clavenzani l'acteur Edoardo Pesce. Si le
premier débutait là sa carrière au cinéma (depuis, il a
interprété à quinze reprises le rôle de Munny dans la série SKAM
Italia
de Ludovico Bessegato), le second a déjà derrière lui une solide
carrière constituée de presque soixante courts et longs-métrages,
de téléfilms et d'épisodes de séries télévisées. Il offre dans
son rôle de policier auquel le script ne consacre aucun nom, une
interprétation particulièrement ambiguë qui pourra en outre et
dans une certaine mesure donner du grain à moudre à celles et ceux
qui ne jurent que par un seul slogan : ''All
Cops Are Bastards''...
Et
pourtant, malgré l'attitude parfois humiliante du policier vis à
vis du gamin qu'il a forcé à monter à l'arrière de sa voiture et
qu'il oblige désormais à l'accompagner dans son errance nocturne,
il sera moins à craindre pour l'existence de Tarek que prévu. Loin
d'arborer le visage du monstre caché sous la parure de l'autorité,
le représentant de la loi figure un individu en rupture de ban avec
la société, à la limite de craquer. Un comportement sans doute
causé par un fait bien précis ou par l'usure avérée de son métier
même si rien de précis n'est réellement évoqué à ce sujet.
C'est ainsi que l'un et l'autre de ces deux principaux personnages
vont partager ensemble, mais toujours sous la contrainte du flic, un
repas dans un restaurant, la consommation du hachisch acheté plus
tôt dans la soirée par Tarek ou encore la visite nocturne d'un
cimetière. Jusqu'à ce que l'adolescent qui jusqu'ici ne s'était
pas départi de son calme vienne à faire preuve de courage et se
révolte face à son ''ravisseur''... Avec son titre qui chez nous se
traduit sous celui de Nuit
fantôme,
le long-métrage de Fulvio Risuleo imprime effectivement au récit un
climat très étrange, voire fantasmagorique. Comme un cauchemar
éveillé dont le jeune Tarek ne parviendrait pas à se défaire.
Malgré leurs différences, l'adolescent et le flic vont pourtant
nouer une curieuse relation qui aboutira sur une attitude parfois
incompréhensible de la part de Tarek. Inquiétant, nerveux,
méprisant, le policier développe parfois un discours apparaissant
comme incohérent, accentuant ainsi son caractère effrayant.
Jaugeant le niveau de résistance de sa jeune victime notamment lors
de la séquence située dans le bar où il contraint Tarek à aller
séduire une jeune femme sous l'emprise de l'alcool. Film intéressant
à plus d'une occasion, Notte Fantasma
faillit malgré tout sur de petits détails comme lors de cet
affrontement entre le flic et les propriétaire du bar. Une séquence
à laquelle on ne croit absolument pas, heureusement seul véritable
bémol de ce film dont le déroulement et la conclusion s'avéreront
particulièrement atypiques. Une très bonne surprise...
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