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samedi 18 mai 2024

Leave The World Behind de Sam Esmail (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Cela commence par la présentation d'une famille d'américains moyens tout ce qu'il y a de plus classique. Du moins sur grand écran. Une mère de famille un brin rigide et procédurière, un époux humaniste et qui a donc le cœur sur la main, un fils accaparé par les filles de son âge et une petite dernière obsédée par les réseaux sociaux et fan absolue de la série friends ! Amanda Sandford (Julia Roberts) a décidé sans prévenir les autres membres de la famille d'organiser un petit séjour dans une luxueuse demeure de location. Histoire de passer du bon temps aux côtés des siens. En achetant des provisions, Amanda remarque l'étrange attitude d'un client. Plus tard, alors qu'ils sont désormais installés pour quelques jours dans leur nouvelle demeure, les Sandford sont témoins d'un événement non moins surprenant alors qu'ils prennent le soleil sur une plage. Bientôt, les diverses méthodes de communications cessent de fonctionner. Internet, les téléphones ainsi que la télévision, tout ce qui relie les hommes au monde ne marche plus. En pleine nuit, le propriétaire des lieux George H. Scott et sa fille Ruth frappent à la porte. Alors qu'en ville le réseau électrique est tombé en panne, les nouveaux venus demandent à leurs locataires s'ils peuvent venir passer la lui dans leur demeure... Je ne sais pas ce qu'en pensent tous ceux qui ont découvert Le monde après nous ou Leave The World Behind (ce qui peut littéralement se traduire par Laisser le monde derrière) sur Netflix récemment mais le second long-métrage du réalisateur américain Sam Esmail neuf ans après la comédie romantico-dramatique Comet a ce petit et délicieux parfum des œuvres signées de M. Night Shyamalan. En effet, le film est teinté d'un mystère qui va couvrir l'intégralité du récit. Une atmosphère angoissante et quasi surnaturelle notamment entretenue par la bande originale signée du compositeur américain Mac Quayle qui travailla en outre sur les séries American Horror Story, Mr. Robot (pour laquelle il obtiendra le Primetime Emmy Award de la meilleure musique dans une série en 2015) et Ratched. Sous de faux airs de Home Invasion dont les codes auraient été inversés, le réalisateur et scénariste adapte le roman à succès de l'écrivain Rumaan Alam dans lequel l'auteur abordait déjà les préjugés d'ordre raciaux. Une attitude que l'on peut notamment observer du point de vue d'Amanda Sandford, méfiante vis à vis de ces ''nouveaux venus'' (Mahershala Ali et Myha'la Herrold dans les rôles respectifs de George et Ruth Scott) ou lorsque la fille du propriétaire pose une question sur l'éventuelle relation qu'entretiendrait Clay avec ses élèves !


Un spectacle divertissant souvent encerclé de clichés et de sous-entendus...


Dans le rôle de Clay Sandford nous retrouvons le formidable Ethan Hawke qui excelle à incarner un époux et père de famille que l'on pourra à loisir décrire soit comme humaniste, irresponsable, mais observant en tout cas une attitude plutôt indolente face à des inconnus certes polis (Ruth, la gamine, se comporte malgré tout de manière arrogante) mais dont ils ne savent absolument rien... Derrière les apparences qui auraient pu faire de Leave The World Behind un thriller assez convenu se glisse un arrière-plan d'apocalypse fort intriguant. Ajoutant aux ''confrontations'' quelques séquences réellement prenantes comme lorsque Clay part en ville en voiture ou lorsque George décide de rendre visite à ses plus proches voisins. Si une coupure d'électricité généralisée peut aisément s'expliquer (un fait si peu rare qu'il peut paraître anodin), d'autres phénomènes sembleront déjà beaucoup moins rationnels. Comme ces dizaines de cerfs désorientés qui débarquent sur le terrain de la propriété ou ces avions qui viennent s'écraser aux abords de la plage, attirés comme par un aimant (l'exemple du pétrolier semble d'ailleurs le confirmer). L’ambiguïté de certains propos ou l'attitude même des uns et des autres (et surtout celle de George et de sa fille) ajoutent une couche supplémentaire de mystère à une intrigue qui s'en trouve donc épaissie. D'un point de vue strictement sensoriel, Leave The World Behind est une brillante réussite. Jouant avec maestria de sa caméra, Sam Esmail observe ses interprètes et donc les protagonistes sous toutes les coutures. Les filmant en plongée, contre-plongée, de face ou de profil, en gros plan ou éloignés au fond d'une pièce, son approche de la mise en scène participe de cette fascination pour des êtres communs plongés dans une situation qui l'est déjà beaucoup moins. Le sensationnel laisse ensuite la place à des apartés entre les uns et les autres. Les tensions subjectivement raciales disparaissent au profit d'autres questionnements. Le rythme ralentit peu à peu et l'intérêt sans doute aussi davantage. C'est non sans une certaine ironie que Sam Esmail développe le sujet du catastrophisme à travers quelques séquences relativement drôles mais qui éclairent parfois sur le comportement des parents (Amanda restant en retrait alors que son fils vient instantanément de perdre plusieurs dents!) ou sur celui des nouvelles technologies comme ces voitures électriques autonomes qui ''jouent'' aux autos-tamponneuses !

 

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