Parmi toutes les œuvres
cinématographiques évoquant la mythologie grecque, deux marquèrent
en particulier les esprits des spectateurs dans le courant du siècle
dernier. Jason et les argonautes
de Don Chaffey ainsi que Le choc des titans
de Desmond Davis. En 1963, le premier se pencha sur le mythe de Jason
et de la Toison d'or. Quant au second, il s'intéressa à Persée,
fils de Danaé et du Dieu Zeus. Jetés à la mer par le roi d'Argos,
Acrisios, la mère et l'enfant seront malgré tout sauvés de la
noyade et arriveront jusqu'au rivage de l'île de Sérifos où
grandira Persée jusqu'à ses vingt ans. Deux décennies plus tard,
le fils de Thétis, Calibos, était jusqu'à maintenant voué à
épouser la princesse Andromède, fille de la reine Cassiopée. Mais
ayant fait tuer le troupeau de chevaux volants de Zeus, massacre dont
seul Pégase survécu, le Dieu transforma Calibos en une créature
hideuse afin d’empêcher son mariage avec la magnifique princesse.
Depuis, chaque prétendant au trône doit résoudre une énigme s'il
veut prendre la main d'Andromède. À défaut de quoi, il mourra sur
le bûcher. Lorsqu'après un long voyage Persée arrive en ville, il
se présente devant la reine en affirmant vouloir relever le défi.
Le jeune homme parvient à résoudre l'énigme et gagne donc les
faveurs de la reine et de sa fille. Mais alors que durant la
cérémonie Cassiopée ose comparer la beauté de sa fille à celle
de la déesse Thétis, une représentation de celle-ci ordonne à ce
qu'Andromède soit offerte en sacrifice au Kraken d'ici les trente
prochains jours. Persée va alors se lancer dans une longue et
périlleuse aventure afin de sauver la vie de celle qu'il vient tout
juste de faire sienne... Si l'on ne devait comparer les deux
longs-métrages que sur un seul point, nous évoquerions sans doute
la difficulté qu'a le second a conserver son impact visuel de nos
jours. Pourtant plus récent de dix-huit ans que Jason
et les argonautes,
certains effets-spéciaux du Choc des titans
ont malheureusement pris un sacré coup de vieux. Tandis qu'en 1963
l'on pouvait critiquer l'aspect relativement kitsch des décors
mettant en scène les divinités grecques, en 1981, la désuétude
semble s'être généralisée avec ceux des différentes cités où
se déroule l'action.
Des
colonnes aux bâtisses en passant par les grottes, tout ou presque
semble provenir de chutes de la série originale Star
Trek
réalisée entre 1966 et 1969. De ce point de vue là, Le
choc des titans
s'avère donc plutôt cheap, voire carrément ringard. Fort
heureusement, le film de Desmond Davis possède d'autres qualités
qui permettent de passer outre son visuel architectural souvent
irréaliste. À commencer bien entendu par l'immense apport des
effets visuels créés par Ray Harryhausen. Car tout comme pour Jason
et les argonautes,
ce spécialiste de la Stop
Motion
fut l'auteur de quelques mémorables séquences pour ce qui s'avérera
son dernier long-métrage en tant que concepteur d'effets-spéciaux
(il ne demeurera en effet que consultant sur Mighty
Joe Young de
Ron Underwood en 1998). Pourtant, si l'on devait une fois de plus
comparer les deux œuvres, c'est bien Jason et
les argonautes qui
remporterais le combat. Et ce, malgré des animations qui dans le cas
du Choc des titans
s'avèrent en général quasiment parfaites (Pégase, Calibos
(incarné par Meil McCarthy) ou encore la superbe confrontation entre
Persée et la Gorgone Médusa) tandis que d'autres font peine à
voir (le Kraken). Mais alors, que ressort-il de ce mythique Choc
des titans
si dans des domaines aussi fondamentaux que ceux des effets-spéciaux
d'animation ou des décors le film reste critiquable ? Et bien,
son histoire. Car dans ce domaine, le récit du
choc des titans
dépasse de loin celui de Jason et les
argonautes.
Si l'un comme dans l'autre nous convient à des aventures pleines de
péripéties fantastiques, il faut reconnaître que le script de
Beverley Cross dépasse de très loin celui que le scénariste avait
déjà eu la charge d'écrire aux côtés de Jan Read dix-huit ans
auparavant. Si le déroulement des aventures mettant en scène le
personnage de Jason s'avérait somme toute assez linéaire, la
combinaison de sous-intrigues dans le cas du choc
des titans
permet à ce dernier de livrer un récit beaucoup plus riche. En 2010
sortira sur les écrans Le choc des titans
version Louis Leterrier. Preuve que les effets-spéciaux ne font pas
tout. Une œuvre d'ailleurs très inférieure à son ancêtre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire