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lundi 20 mai 2024

Music Hole de Gaetan Liekens et David Mutzenmacher (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

'' Lui, c'est Francis. Il a quarante-huit ans. Et s'il est en train de chier dans un sachet, hein, c'est pour se venger ''. C'est en ces termes que démarre l'intrigue de Music Hole, premier long-métrage réalisé conjointement par Gaetan Liekens et David Mutzenmacher. Un accent à couper au couteau (celui du narrateur Guy Staumont) accompagnera durant tout le récit les aventures de ce comptable travaillant pour le compte de René (l'acteur Frédéric Imberty), propriétaire d'un cabaret où se donne en spectacle le beau Rudy le Rude (Anthony Lewis) et où travaille Nadia (Hande Kodja), une jolie blonde follement éprise de Francis. Music Hole oscille en permanence entre comédie noire et humour carrément trash. Imaginez donc : éperdument amoureux de sa femme Martine (l'actrice française Vanessa Guide), Francis (le belge flamant Wim Willaert) tente de reconquérir son cœur. La pauvre finira pourtant la tête enfermée dans le congélateur du couple avant de se retrouver dans le coffre d'une voiture appartenant à un tueur à gages extrêmement pointilleux ! Le mari se retrouve forcément soupçonné de la disparition de son épouse et part se réfugier chez son ami Gilbert (Sacha Bourdo), un manouche qui vit dans une caravane. Et avec lequel il a d'ailleurs organisé le vol de la recette du jour enfermée dans le coffre du cabaret où il travaille afin de rembourser l'argent qu'il doit à Rudy. Un beau bordel que ce synopsis issu du script écrit par David Mutzenmacher lui-même mais dont l'étrange organisation à l'image et le montage apparemment désordonné sont tempérés par les commentaires du narrateur. Le sentiment que les feuillets du script ont été réunis dans le désordre après s'être envolés sur un coup de vent n'est pas qu'une impression. Passé récent et présent se confondent, s'amalgament et produisent ce même élan de grand délire foutraque que semblent volontairement mettre en œuvres de leur côté auteurs et interprètes. N'allez donc surtout pas vous vider la vessie ou prendre une autre bière dans le frigo durant la projection, vous risqueriez de vous perdre dans les méandres du scénario. Ensuite, Music Hole est tout simplement jouissif.


Le spectateur ivre de ce genre de production ne peut qu'adhérer aux personnages, tous hauts en couleurs, partant du simple agent de sécurité incapable d'assurer sa fonction, jusqu'au propriétaire de cabaret féru de perroquets, en passant bien évidemment par Francis, le mari nouvellement veuf, le duo de tueurs à gages (la dinguerie de Tom Audenaert dans le rôle de Fabianski est totalement communicative), la maîtresse un brin nymphomane ou encore le comédien raté mais néanmoins narcissique... Un clochard dégueule sur le capot d'une voiture avant de voir sa cervelle s'étaler sur le pare-brise. Une tête est retrouvée tranchée parmi les détritus d'une usine de traitement des déchets. Un type meurt d'une overdose lors d'une représentation théâtrale. Un tueur en série caresse la poitrine d'un corps découpé en morceau et enfermé dans le coffre d'une voiture. Y'a pas de doute. Nous sommes bien au Plat Pays que chantait Jacques Brel section ''Comédie noire''. L’œuvre est unificatrice est fait en permanence fi de toute bienséance. Le film est si bien tordu que l'on pourrait imaginer, pourquoi pas, qu'il s'amuse à faire la nique aux néo-féministes lorsque la jolie blonde Nadia se fait sauter sur un coin de table. Emmerde les antispécistes avec son directeur de cabaret consommateur invétéré de perroquets. Envoie chier les pères la morale anti-racistes avec son asiatique incapable d'imiter l'accent chinois. Ne s'insurge jamais face à certaines incohérences ou illogismes du récit. Et le spectateur reprend alors du plat de résistance en l'agrémentant à toutes les sauces, fromages et desserts se consommant au début, au milieu ou ET à la fin du repas ! À une époque où certains s'endorment sur leurs lauriers et où d'autres sont davantage préoccupés par leur sélection au festival des Connes ou aux Esquarres plutôt qu'aux qualités concrètes de leur travail, Music Hole est un cinéma libre de toutes contraintes comme seule ou presque la Belgique est capable et ose en produire. N'en déplaise à certains G%#C&¨£¤§S qui pourtant devraient être les premiers à se ruer sur ce véritable Objet Filmique Non Identifié, le film de Gaetan Liekens et David Mutzenmacher a eu le succès critique qu'il méritait... C'est décidé : la semaine prochaine j'entreprends les démarches pour demander ma naturalisation en Belgique !

1 commentaire:

  1. "... au festival des Connes ou aux Esquarres"
    Excellent ! Mais tu voulais sans doute dire "escarres" (même si "esquarre" existe aussi, c'est un insecte) ? Bon, la jaquette ne fait pas trop envie mais il semble qu'il faille passer outre. Moi de Belgique, j'avais beaucoup aimé "Dikkenek", que je possède, d'ailleurs, bien qu'il passe souvent à la télé.

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