Prendre le risque de
réaliser la suite de l'un des grands chefs-d’œuvre de la
science-fiction, ici en l’occurrence le Blade Runner
de Ridley Scott daté de 1982 peut paraître insensé pour les fans
de l'original. Mais lorsque l'on sait que le bonhomme derrière ce
projet démesuré n'est autre que le réalisateur canadien Denis
Villeneuve, auteur des formidables Polytechnique
en 2009, Prisoners
en 2013 mais aussi de Premier Contact
il y a quatre ans, il y a de quoi être rassuré. Sans doute tout
autant craint qu'attendu avec ferveur, Blade
Runner 2049 est
bien le digne successeur de l’œuvre de Ridley Scott. Et même si
tant d'années séparent les deux projets, Denis Villeneuve a su
préserver l'imagerie de l'original librement inspiré du roman
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
de l'auteur de science-fiction Philip K. Dick tout en profitant des
très larges améliorations apportées dans le domaines des
effets-spéciaux numériques.
Denis
Villeneuve semble tout d'abord prendre le matériau d'origine à
rebrousse poils en évoquant la possibilité que son héros,
formidablement interprété par l'acteur Ryan Gosling, puisse être à
l’origine de l'une des premières reproductions entre Répliquants.
C'est donc un peu la même histoire que nous conte le canadien. Mais
alors que Ridley Scott offrait l'opportunité à son héros Rick
Deckard (incarné par l'acteur Harrison Ford qui dans cette suite
tardive fait plusieurs brillantes apparitions) de découvrir
l'impensable à son propre sujet, Denis Villeneuve retranche son
personnage principal vers un surcroît d'humanité dans un monde où
les Répliquants
semblent avoir pris une certaine ascendance sur les humains. D'où
une froideur dans les comportements qui se généralise jusqu'au
sommet du siège du LAPD où travail le héros connu sous le nom de
KD6-1.7. Si dans un premier temps, Denis Villeneuve nous offre une
vision dépaysante d'un futur dystopique, on retrouve par la suite
l'étouffante atmosphère chère à Ridley Scott dans des décors
plus sombres et tentaculaires encore que par le passé. La
monstrueuse Los Angeles plongée dans une nuit perpétuelle y paraît
plus monstrueuse encore.
Si
au fond, le scénario de Hampton Fancher et Michael Green peut
paraître au final relativement limpide, les deux hommes ont pourtant
créé un univers labyrinthique d'une très grande et majestueuse
cohésion. D'un budget de 150 millions de dollars, Denis Villeneuve a
repensé l'univers de Philip K. Dick/ Ridley Scott. La passion qui
anime ''Joe'' (KD-1.7) et Joi (superbe Ana de Armas) fait par exemple
écho à celle que partageaient Rick Deckard et Rachel (Sean Young)
trente ans auparavant. Cependant, l'apport de nouvelles technologies
et son approche concrète des effets-spéciaux permettent au
réalisateur de donner vie à des fantasmes qui jusqu'alors pouvaient
demeurer inconcevables. C'est ainsi que l'on découvre un désert de
Mojave et un Las Vegas post-apocalyptique d'une beauté à couper le
souffle. Ce qui sera d'ailleurs la marque de fabrique de cette
séquelle qui se situera au niveau du design, parmi les œuvres les
plus impressionnantes jamais vue sur un écran. Entre l'étouffante
noirceur d'un Los Angeles plongé sous une chape de nuages de
pollution perpétuels, des décors rappelant parfois l'univers cher à
George Miller (Mad Max 2 en
1981), et un travail sur les éclairages digne des meilleurs
plasticiens, le visuel de Blade Runner 2049 est
tout simplement bluffant. Honoré par la présence d'interprètes
cinq étoiles parmi lesquels on retrouve également Robin Wright et
Jared Leto, l’œuvre de Denis Villeneuve offre une immersion
totale, un spectacle visuellement superbe, certes, mais accompagné
d'une musique ample signée Benjamin Wallfisch et Hans Zimmer faisant
honneur au score original composé à l'époque par Vangelis. Alors
que les amateurs de science-fiction s'apprêtent à découvrir le
Dune
de Denis Villeneuve (il faudra tout de même patienter jusqu'à fin
décembre), Blade Runner 2049
rassurait une nouvelle fois sur les capacités du cinéaste canadien
à mettre en scène de grandes épopées de science-fiction. On
salive d'impatience...
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