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dimanche 12 mai 2024

El Cuco de Mar Targarona (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il y a plus d'un demi siècle sortait sur les écrans Rosemary's Baby, chef-d’œuvre intemporel signé du réalisateur franco-polonais Roman Polanski. Huit ans plus tard fut produit le téléfilm Qu'est-il arrivé au bébé de Rosemary ? de Sam O'Steen. Une séquelle pas tout à fait indigne de l'original mais demeurant tout de même très en dessous. Il y a dix ans apparu sur les écrans la mini-série portant le même titre que le long-métrage de Roman Polanski, bouclant ainsi l'épopée tragique et fantastique de Rosemary Woodhouse au sein d'un immeuble où semblait s'être niché le Malin... Les films d'horreur et d'épouvante mettant en scène des femmes enceintes ne sont pas rares et prennent parfois d'étonnant chemins de travers. Comme celle de Chromosome 3 de David Cronenberg en 1979 dans lequel une femme accouchait instinctivement d'enfants mutants et agressifs. On pense également à la franchise It's Alive de Larry Cohen et ses bébés meurtriers ou plus près de chez nous à À l'intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo dont l'héroïne fut la victime permanente des assauts d'une femme qui voulait littéralement lui arracher des entrailles l'enfant qu'elle portait. Répétant comme une litanie les mœurs du coucou, cet oiseau parasite qui pond dans les nids d'autres espèces afin de permettre à sa progéniture de prendre la place d'autres oisillons, El Cuco dessine ainsi les contours d'une œuvre dont les origines ne proviennent très clairement pas uniquement de l'imagination des scénaristes Roger Danès et Alfred Pérez Fargas mais bien du classique de l'épouvante et du fantastique sorti en octobre 1968 sur notre territoire. Difficile en effet de cacher sous le prisme de la pure coïncidence la somme d'éléments renvoyant à Rosemary's Baby. Tout dans l'attitude de certains personnages comme l'emploi de substances servant à contrôler la pauvre héroïne incarnée par la talentueuse actrice espagnole Belén Cuesta concourt à faire de El Cuco sinon un remake officiel, du moins une alternative hispanique reprenant les grandes et les petites lignes du classique américain de Roman Polanski. Ici tout commence par un échange entre l'appartement d'Anna et de Marc et la luxueuse demeure d'Olga et Hans. Un couple d'allemands relativement particulier, excentrique et quelque peu tactile mais néanmoins fort sympathique. Mais alors que le jeune couple s'installe dans sa nouvelle et très temporaire demeure, illustration parfaite du monde moderne fourmillant de technologies liées à la domotique, Olga et Hans montrent très rapidement un comportement hiératique une fois pénétrée l'entrée de l'appartement d'Anna et Marc.


Mettant le souc, renversant vêtements et bibelots, le couple d'allemand va surtout commencer à pratiquer une sorte rite païen qui aura de très fortes répercussions sur la suite des événements. De leur côté, Anna et Marc passent d'agréables vacances lors desquelles l'attitude de ce dernier change radicalement. Habituellement intéressé par son métier et délaissant quelque peu ses responsabilités vis à vis de son épouse dont la grossesse va très bientôt arriver à terme, le voici désormais charmant, très proche d'Anna pour laquelle il fait preuve de soins tout particuliers. Mais cette attitude sert en réalité en plan absolument machiavélique que vont tenter de développer la réalisatrice et productrice Mar Targarona ainsi que ses scénaristes. Ceux qui connaissent bien l'univers du couple Woodhouse et de leurs plus proches voisins, les Castevet, risquent de se retrouver devant un dilemme. Car si El Cuco est brillamment construit, le film leur paraîtra sans doute trop semblable à celui que réalisa Roman Polansi à la fin des années soixante. Ce qui n'est pas faux. Ne serait-ce qu'à travers l'usage que font la réalisatrice et les scénaristes du personnage de Marc (l'acteur Jorge Suquet) dont l'attitude est tout à fait similaire à celle de Guy Woodhouse (John Cassavetes) dansRosemary's Baby. Cette relation proche mais aussi très trouble que l'homme entretiendra avec son épouse et, au-delà, avec Lili (Chacha Huang) qui se présente comme la fille d'Olga et Hans. L’œuvre pousse le mimétisme jusqu'à représenter l'héroïne sous une apparence plutôt fragile, élancée (pour ne pas dire maigre) et portant les cheveux courts. Bref, une déclinaison moderne et espagnole de l'actrice américaine Mia Farrow... Mais si tout semble écrit à l'avance, El Cuconous propose malgré tout dans sa dernière partie une variante pas du tout inintéressante. Bref, si le long-métrage deMar Targarona n'atteint pas les cimes angoissantes du chef-d’œuvre de Roman Polanski, El Cuco n'en demeure pas moins une excellente alternative. Un film tout ce qu'il faut d'angoissant. Un suspens parfois pénible à supporter pour un cinéma espagnol horrifique toujours aussi convainquant. Deux ans après le décevant Dos, la réalisatrice espagnole revenait donc en 2023 avec une œuvre pleinement accomplie...

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