Septembre,
un dimanche après-midi. Alors que la fin de l'été est proche,
Grégoire Duval et Philibert se reposent d'un repas bien arrosé sur
les berges du lac Saint point. Le second est assoupi lorsque
Grégoire, le très apprécié pharmacien de Pontarlier décide
d'aller faire une promenade. Sa femme Geneviève et leurs deux
enfants traversent le lac à bord d'une petite embarcation. Un homme
âgé lui aussi profite du temps pour se promener en barque sur les
eaux calmes du lac. Il passe devant un jeune couple d'amoureux qui se
fait bronzer au soleil. Elle, est endormi. Lui, se lève et fouille
dans le petit sac à main de sa fiancée pour lui emprunter un peu
d'argent puis s'en va, la laissant seule. Grégoire flâne,
insouciant. Il marche tranquillement puis tombe nez à nez avec la
jeune femme allongée sur l'herbe. Elle est belle et à les seins
nus. Grégoire s'approche alors de la jolie jeune femme qui se
réveille en entendant les pas de l'homme. Le pharmacien ne résiste
pas à l'envie de la toucher un peu. Celle-ci se débat, tente
d'échapper à son agresseur qui aimerait déposer un baiser sur ses
lèvres. Mais la jeune femme ne l'entend pas ainsi et résiste
encore. Elle se met à crier. Grégoire s'affole, ne sait plus quoi
faire. Alors, pour la faire taire, il lui serre le cou jusqu'à se
qu'elle se taise. Le corps de la jeune femme devient mou. Elle ne
résiste plus. Elle est morte. Grégoire jette un œil autour de lui.
Personne. Il se lève alors et file retourner près de la berge où
Philibert dort toujours. Il se rassoit et contemple ces mains qui ont
tué. Sa femme et ses deux enfants reviennent de leur traversée. La
journée s'achève, les Duval rentrent chez eux.
Le
lendemain, on ne parle plus que du meurtre qui a eut lieu sur les
berges du Lac Saint Point. Grégoire s'étonne de ne pas ressentir le
moindre remord. Il a même plutôt bien dormi. Tout juste n'a-t-il
pas très faim. Il reprend le travail comme si de rien n'était. Le
soir, au cercle de rencontre dans lequel il retrouve ses amis
habituels, le vétérinaire Hess, le patron de la brasserie, le juge
d'instruction, le commissaire de police, aujourd'hui, a une
excellente nouvelle à annoncer à ses amis: le coupable du meurtre
de Catherine Nortier, la victime, a été arrêté. Le suspect ne
serait autre que son fiancé, le photographe de presse Sylvain
Sautral...
L'immense
Bernard Blier EST Grégoire Duval. Cet homme au dessus de tout
soupçon. Ce pharmacien parfaitement intégré parmi les habitants de
Pontarlier. Secrètement amoureux d'une jeune femme il y a de
nombreuses années, il vit désormais avec les remords et les regrets
d'avoir épousé Geneviève, l'épouse qui lui a donné deux enfants.
C'est peut-être alors pour se rappeler sa jeunesse qu'il tente
d'abuser de Catherine avant de la tuer par nécessité. Comme il le
dit peu après le meurtre, c'est sa faute à elle. Elle n'avait pas
le droit d'être si belle et si fragile. Le personnage campé par
Blier tente d'excuser son geste. C'est forcément à cause de la
jeune victime. Peut-être même à cause de Geneviève et de leur
deux enfants qui de part leur existence ont condamné Grégoire à la
morne existence du père de famille.
Lorsque
le coupable idéal est arrêté, le lâche pharmacien aurait pu s'en
tenir là et laisser payer un autre à sa place. Sauf qu'il ne peut
se résoudre à cette idée et va confesser son meurtre auprès d'un
curé dans une église loin de Pontarlier et dans l'espoir que ce
dernier aille témoigner en la faveur du faux coupable. La succession
d'évènements qui se produisent dès lors que la machine est lancée
montre un Grégoire qui ne peut échapper à son destin. Comme le dit
l'homme de Dieu, c'est à Grégoire de "se rendre à la justice
des hommes".
Plus
tard, Grégoire fait partie de la liste des jurés potentiels prévus
pour le procès de Sylvain Sautral. Il va tout faire pour être
récusé, et par la défense, et par l'accusation. Mais les droits de
la défense (cinq récusations autorisées) étant épuisées et
l'accusation acceptant le pharmacien comme juré, Grégoire n'a plus
d'autre choix que d'accepter son destin. Celui de tout faire pour que
Sylvain Sautral soit innocenté. Bernard Blier campe un personnage
attachant malgré le meurtre dont il est responsable. La voix off
dont il nous gratifie durant une bonne partie du film exploite son
vécu afin d'expliquer le penchant qui l'a poussé au crime. Car
n'arbore-t-il pas quelques instants avant le meurtre, le visage d'un
pervers près à accomplir son méfait? Ans un premier temps Blier
arbore l'apparence d'un être dénué de remords et qui se cache
derrière de basses pensées pour excuser son meurtre. L'une des
scènes les plus marquantes sans doute dans cette œuvre signée
Georges Lautner est la confession du père à son fils sur son
ancienne relation avec Nadia, une jeune femme dont il était très
amoureux mais dont il s'est éloigné, étant alors déjà fiancé
avec Geneviève. Le personnage de Blier ne semble ressentir aucun
amour pour les trois êtres qui vivent sous le même toit que lui.
C'est peut-être aussi pour cette raison qu'il finira par avouer son
meurtre, dans l'espoir sans doute d'être arrêté et d'être enfermé
dans un prison différente de celle qui est la sienne depuis tant
d'années.
Autre
point tragique: Cette volonté qu'ont les hommes à vouloir voir
exécuter un homme qu'il soit innocent ou non. Libéré, Sylvain
Sautral n'en n'aura pourtant pas fini avec la rumeur. Lui même se
retrouve d'une certaine façon enfermé.. Mais lui, ce sera dans la
rumeur des voisins. Une situation insupportable que pas même le
septième juré, celui qui lui a sauvé la tête, ne pourra
modifier. Ceux qui font autorité dans "Le Septième Juré"
n'ont rien d'enviable. A l'image de ce commissaire de police tout
fier à l'idée qu'une exécution puisse avoir lieu à Pontarlier, et
qui plus tard renverra Grégoire chez lui même après que ce dernier
ait avoué le meurtre de la jeune Catherine.
Le
film est une merveille. Aussi bien dans la réalisation de Georges
Lautner que dans l'interprétation de l'intégralité des actrices et
acteurs. Le long cheminement qui mène du meurtre aux remords, de la
découverte du cadavre à l'arrestation du supposé meurtrier et des
soupçons à la conviction sont décortiqués de manière
admirable...
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