Carole
Hammond fait de curieux rêves. Elle se voit parcourir les couloirs
d'un train envahit par des femmes et des hommes dénudés. Puis
vient la chute dans un vide sans fond. Ou presque puisque la voilà
qui se retrouve dans une pièce vide, à l'exception d'un lit drapé
de satin rouge et d'une magnifique jeune femme blonde nue qui la
déshabille et lui fait l'amour. C'est ainsi que prend fin le rêve
de Carole, déboussolée.
Mariée
à Frank, mère de Joan et fille du célèbre avocat Edmond Brighton,
Carole consulte le docteur Kerr, un psychanalyste qui explique à sa
patiente que ses rêves sont l'expression de fantasmes qu'elle
refoule. Car en effet, la jeune femme blonde que Carole voit en rêve
est sa voisine. Une personne délurée qui organise des orgies durant
lesquelles ses invités se fourvoient dans le sexe et la drogue.
Un
soir, alors que Carole reçoit son père à diner, celui-ci reçoit
un étrange coup de téléphone durant le repas. La voisine des
Hammond reçoit à nouveau ses amis. Alors que dans l'appartement de
Carole le calme règne, chez Julia, la voisine, c'est le chaos. La
nuit du lendemain Carole fait à nouveau ce rêve récurrent qui la
mène toujours au même endroit. Alors qu'elle tombe sur une scène
effroyable qui voit les membres de sa famille assassinés, elle tombe
une fois de plus entre les bras de Julia. Mais cette fois-ci, le rêve
s'achève de manière bien différente puisque Carole, armée d'un
coupe-papier, tue la jeune femme de plusieurs coups sur le torse.
Dans la pièce, deux témoins. Un homme et une femme. Le lendemain,
Carole consulte à nouveau le docteur Kerr qui lui annonce que ce
rêve sonne comme une victoire, une libération sur le blocage sexuel
dont est victime la jeune femme.
Trois
jours plus tard, on découvre le corps sans vie de Julia...
Ce
Una Lucertola Con La Pelle Di Donna (connu
chez nous sous le titre Le
Venin De La Peur)
date de 1971. Réalisé par le maître du gore transalpin Lucio
Fulci, il s'agit sans doute de l'un des meilleurs films du cinéaste.
On est encore loin des débordements de sang dont va faire preuve
Lucio Fulci même si les meurtres demeurent ici très graphiques. Le
film est l'un des plus beau représentants du Giallo, genre dont se
fera une spécialité un autre grand cinéaste italien, Dario
Argento.
L'œuvre
s'ouvre sur une longue scène cauchemardesque, étouffante et
claustrophobe où se mêlent érotisme et psychédélisme. Une vision
fantasmatique qui tranche résolument avec l'existence morne et plate
de son héroïne. Et ce n'est pas l'apparition de nouveaux
personnages introduits par la découverte du cadavre de Julia qui va
remettre de l'ordre dans l'intrigue puisque surnage autour de
l'existence réelle de Carole l'impression persistante que tout n'est
qu'un rêve. Alors que tout semble l'accuser (le coupe-papier lui
appartient et ses révélations auprès de son psychanalyste font
d'elle la coupable idéale), les enquêteurs découvrent que la jeune
femme note sur des feuillets le contenu de ses cauchemars. Quelqu'un
peut donc avoir pris connaissance de ces notes pour tuer Julia et
faire endosser la responsabilité du meurtre à Carole.
C'est
ainsi que le scénario dévoile toute son ingéniosité. On doute de
la culpabilité de Carole. Puis c'est au tour de son époux Frank. On
en vient même à douter de leur fille Joan. Et que dire de l'ambigu
comportement de son père Edmond? Quand aux hippies qui émaillent le
récit et dont le comportement est particulièrement troublant. Leur
présence dans le rêve de Carole n'est-elle pas le signe de leur
culpabilité? Le flic chargé de l'enquête quand à lui paraît bien
curieux, à siffler dès qu'il en a l'occasion.
Lucio
Fulci, majoritairement révéré pour sa trilogie de l'Enfer marquait
déjà les esprits avec ce Una Lucertola Con La Pelle Di Donna
qui parvient presque à faire oublier les films qui ont véritablement
fait sa renommée. Labyrinthique, nauséeux, étouffant et complexe,
le scénario du Venin
De La Peur
déroule son fil jusqu'à l'ultime minute, l'instant où tout nous
est enfin dévoilé. Un chef-d'œuvre du genre Giallo.
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