Pour son septième
long-métrage Ghost Dog: The Way of the Samurai, le
cinéaste américain Jim Jarmusch choisissait une voie très
particulière en mêlant culture japonaise, hip-hop, et gangstérisme.
Incarné par l'emblématique acteur Forest Withaker, Ghost Dog
se pose en apôtre de la 'Zen
Attitude',
celle de son personnage principal, alors qu'il est lui-même
confronté à un monde fait de violence. Le 'Ghost
Dog',
c'est ce tueur à gages invisible dont seul son 'Maître'
connaît le visage. Rescapé d'une mort certaine huit ans auparavant,
il voue pour celui qui l'a sauvé, un respect sans limites. Le 'Ghost
Dog'
est un samouraï des temps modernes qui ne vit non pas au temps du
Japon Féodal dans le pays d'origine de cette classe guerrière qui
le dirigea entre le douzième et le dix-septième siècle, mais à la
toute fin des années quatre-vingt dix, époque où Jim Jarmusch
tourna son film. Capable de tendresse envers ses dizaines de pigeons
voyageurs (le personnage
incarné par Forest Withaker
préfère en effet utiliser un mode de transmission de messages
remontant à l'antiquité) tout comme de commettre des assassinats
sur contrats avec un naturel déconcertant, le 'Ghost
Dog'
étudie depuis le sauvetage dont il a bénéficié de la part de
Louie, un membre de la Mafia italienne, l'Hagakure,
qui est un ouvrage spirituel à l'attention du guerrier tel qu'il se
définie lui-même.
A
contrario, le 'Ghost
Dog'
est capable de faire des concessions au monde moderne. Car si ce
marginal qui ne vit non pas dans la rue mais sur le toit d'un
immeuble sur lequel il a installé son propre pigeonnier s'entraîne
au sabre, c'est armé d'un flingue et d'un silencieux qu'il élimine ceux que son
maître lui demande d'assassiner. Autre concession faite au monde
moderne : l'utilisation d'un gadget électronique lui permettant
d'ouvrir des serrures (portails, voitures...). Mais à part ces
quelques incartades, le 'Ghost
Dog'
vit tel un ascète, n'exécutant que les tâches qui lui incombent
pour survivre puisqu'il faut bien se nourrir. L'histoire de Ghost
Dog: The Way of the Samurai
aurait tout aussi bien pu s'arrêter à ces quelques considérations
existentielles mais le cinéaste en décide autrement.
Car
faut-il le rappeler, l’œuvre de Jim Jarmusch s'inscrit également
dans le contexte du polar noir. Et même si l'humour y est
étonnamment présent, l'affaire qui intéresse ici les protagonistes
se révèle particulièrement sombre. En effet, après avoir honoré
son dernier contrat, le 'Ghost
Dog'
est désormais traqué par ceux-là même qui l'on employé. Payé
pour tuer un ancien collaborateur de Ray Vargo, l'un des grands
pontes de la Mafia italienne, il a laissé derrière lui un témoin.
Et ce témoins n'est autre que la fille de Vargo, Louise. Une faute
grave qui ne servira en réalité que de prétexte aux membres de la
Mafia pour faire éliminer le témoin gênant qu'est devenu le 'Ghost
Dog'.
Le
casting accompagnant Forest Withaker est on ne peut plus hétéroclite
puisque à ses côtés, nous découvrons notamment la présence de
l'acteur Henry Silva, habitué à des rôles de bandits, ainsi que
l'acteur ivoirien Isaac de Bankolé, désormais basé à New York,
mais que le public français découvrit dans un certain nombre de
longs-métrages tournés dans l'hexagone dans les années
quatre-vingt: L'Addition de
Denis Amar en 1984, Les Keufs
de Josiane Balasko en 1987, ou encore Vanille
Fraise
de Gérard Oury en 1989. Ghost Dog: The Way of
the Samurai
est une excellente surprise. Entre certains de ses aspects plutôt
contemplatifs et l'intrigue tournant autour de la Mafia italienne,
Jim Jarmusch compose une œuvre profondément touchante, incarnée
par un Forest Whitaker lumineux. Un bijou...
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