Co-réalisé par Howard
Hawks (ici uniquement crédité en tant que producteur), The
Thing from Another World
est l'un de ces classiques de la science-fiction des années
cinquante qui en ont inspiré tant d'autres. A commencer bien
évidemment par le remake que John Carpenter en 1982. Aujourd'hui, le
film de Christian Niby paraîtra sans doute bien puéril pour les
nouvelles générations de spectateurs, et pourtant, à une époque
où l'Amérique produisait des dizaines et des dizaines d’œuvres
de science-fiction de qualité inégale, celle-ci se démarquait très
nettement, au même titre qu'un Invasion of the
Body Snatchers
qui allait sortir lui, cinq ans plus tard en 1956. Beaucoup moins
proche de la nouvelle Who
Goes There ? de
l'écrivain John W. Campbell. Jr. dont il est censé s'inspirer que
ne le sera la version de John Carpenter ou la préquelle de Matthijs
van Heijningen Jr. réalisée en 2011, The Thing
from Another World
en reprend cependant plusieurs éléments. La base et les
scientifiques isolés en Antarctique. Le vaisseau extraterrestre
enfoui sous les glaces. Pour le reste, le scénario de Howard Hawks
(décidément très actif sur le tournage) Charles Lederer et Ben
Hecht prend de grandes libertés par rapport à la nouvelle de John
W. Campbell. Jr. Moins respectueux que John Carpenter, la créature extraterrestre est chez Christian Nyby
et Howard Hawks, débarrassée
de tout le sel qui faisait son intérêt.
La
version de 1951 invoque une créature d'origine végétale, agissant
tel un vampire puisque pour pouvoir évoluer, celle-ci semble avoir
besoin de sang. Tandis que John Carpenter choisissait d'appréhender
sa créature sous différentes formes en faisant d'elle un
extraterrestre polymorphe fait de chair et de sang, Christian Nyby et
Howard Hawks choisissent le végétal comme origine connue de la
créature, mais d'apparence par contre tout à fait humaine. L'un des
scientifiques supposant même qu'elle ait pu évoluer sur sa planète
comme l'homme le fit sur la notre. A ce propos, et ce, d'une manière
tout à fait farfelue, l'un des scientifiques invoque l'existence
sur notre planète d'une plante appelée 'liane
Télégraphe'
afin d'étayer ses propos. Plante censée communiquer avec ses
congénères jusqu'à trente kilomètres de distance. Une hérésie
bien entendu puisque l'une des rares plantes 'sensitives'
existant sur notre planète demeure le Desmodium
Gyrans
dont la faculté n'est pas aussi poussée. Pour la rigueur
scientifique, on repassera donc !!!
Incarnée
à l'écran par l'acteur James Arness (du haut de ses deux mètres),
la 'chose'
du titre ressemble vaguement à une version améliorée de la
créature de Frankenstein. Ni vraiment ridicule, ni totalement
convaincante. Si The Thing from Another World
demeure une excellente œuvre de science-fiction dans laquelle est
exploité l'éternelle contradiction entre militaires et
scientifiques (d'un côté principalement interprété par Kenneth
Tobey et de l'autre par Robert O. Cornthwaite), il souffre cependant
d'un choix peu avisé : en effet, en écartant la possibilité
pour sa créature d'assimiler ses victimes et ainsi prendre leur
apparence, il écarte toute possibilité de paranoïa parmi les
scientifiques et les militaires, puisqu'elle demeure définitivement
identifiable. Pourtant, Christian Nyby et Howard Hawks parviennent à
créer un véritable climat d'angoisse (toutes proportions gardées
car, rappelons-le, le film date de 1951) dû au cadre et à
l'impossibilité de s'en échapper. Aujourd'hui, The
Thing from Another World aura
bien du mal à se fondre dans le décor instauré par les nouvelles
générations d'amateurs de films de science-fiction nous en mettant
plein la vue. Seuls les fans d'un genre qui explosa dans les années
cinquante éprouveront un intérêt certain pour le film de
Christian Nyby et Howard Hawks. Toujours est-il qu'il marqua comme
tant d'autres après lui, l'histoire de la science-fiction. Une
science-fiction qui arborerait peut-être, qui sait, un visage bien
différent sans l'apport de ses deux auteurs. Un classique...
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