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vendredi 11 février 2022

Rio Bravo de Howard Hawks (1959) - ★★★★★★★★★☆

 


 

En l'espace d'une poignée de minutes quasi muettes, le réalisateur américain Howard Hawks posait en 1959 les bases d'un scénario relativement simple mais étayé par une interprétation absolument irréprochable. Quelques minutes durant lesquelles pas un mot n'est prononcé et où seule résonne la musique du compositeur américain d'origine russe Dimitri Tiomkin auquel a fait ponctuellement appel le réalisateur durant sa carrière. Dean Martin y incarne d'emblée l'alcoolique Dude, adjoint du shérif, visage huileux, membres pris de tremblements, regard dispersé. Un véritable rôle de composition pour un acteur qui, ironie du sort, tutoyait de la bouteille une fois accomplit son métier, retrouvant ainsi les membres du Rat Pack dont il faisait partie avec, entre autre, Frank Sinatra et Sammy Davis, Jr. Un adjoint capable néanmoins de se servir de son colt avec une précision inouïe comme le démontrera très vite le personnage. Face à Dude, l'infâme Joe Burdette (l'acteur Claude Akins), qui se joue avec délectation de l'état de dépendance déplorable dont est victime l'adjoint du shérif. Figure même de l'éleveur aisé se croyant au dessus de toute loi et de toute morale, l'homme a la gâchette facile. Et après avoir humilié Dude, le voici qui se rend très rapidement responsable du meurtre d'un homme qui tenta de l'arrêter dans sa démarche. L'arrivée du shérif John T. Grant à l'écran (la star du western John Wayne) et des quelques séquences qui vont suivre signifient deux choses : que d'un côté ou de l'autre, le shérif et son adjoint ne peuvent faire l'un sans l'autre. Pour preuve, cette scène située dans un second saloon et qui clôt de manière brillante cette ouverture magistrale en envoyant derrière les barreaux Joe Burdette...


Et voici que les bases du scénario de Jules Furthman et Leigh Brackett adapté de la nouvelle de B. H. McCampbell (nom derrière lequel se cache la fille du réalisateur) sont posées. Car désormais tout ou presque tournera autour de ce trio formé du shérif, de son adjoint et du criminel enfermé dans la prison de Rio Bravo qui donne son titre au film. Auxquels des personnages secondaires mais néanmoins indispensables viendront se greffer par la suite. Un panel on ne peut plus hétéroclite puisque constitué du jeune, fougueux et un brin orgueilleux Colorado Ryan qu'interprète l'acteur Ricky Nelson alors âgé de seulement dix-neuf ans. De la sublime Angie Dickinson, ici méconnaissable si on la compare notamment au personnage de Kate Miller qu'elle interprétera vingt et un ans plus tard dans le classique de Brian de Palma, Pulsions. L'actrice endosse le rôle de la séduisante Feathers dont le scénario laisse planer le doute quant à sa réelle identité (est-elle en effet celle que la justice recherche pour tricherie aux jeux de cartes ?). Une équipe de soutien au shérif et à son adjoint que complétera Stumpy (excellent Walter Brennan), le gardien de la prison, un brave vieil homme boiteux et râleur essentiel à la bonne marche de la justice en ville puisqu'il détient les clés des cellules de Rio Bravo. Joe Burdette qui dès lors est gardé bien au chaud au fond de l'une d'entre elles n'est plus vraiment l'homme à craindre mais son frère Nathan Burdette sous l'apparence pourtant impeccable duquel se cache l'acteur John Russell. Un individu prêt à payer le prix fort (une pièce de cinquante dollars en or à quiconque sera en mesure de faire libérer son frère et accessoirement tuer tous ceux qui se mettront sur sa route)...


Chef-d’œuvre incontournable du western américain, Rio Bravo a la particularité de n'offrir aucun véritable plan des grandes étendues désertiques entourant la ville de Moab dans l'Utah où fut tourné le long-métrage de Howard Hawks. En dehors de quelques rarissimes plans tournés hors de la ville de Rio Grande, le film concentre la presque totalité de son intrigue entre les murs de la prison, les ruelles mal famées, quelques granges, le saloon des Burdette et celui de Carlos Remonte, personnage hautement sympathique interprété par l'acteur Pedro Gonzalez-Gonzalez et propriétaire d'un bar et d'un hôtel où se jouera une partie de l'intrigue. Plus que de n'être que des personnages secondaires, lui et Feathers vont participer au siège d'une prison et de la défense d'un prisonnier que des dizaines de brigands vont tenter de faire échapper. Sur une durée dépassant les cent-quarante minutes, Rio Bravo est souvent ponctué de longs tunnels de dialogues qui n'alourdissent cependant jamais le propos. À vrai dire, on s'attache très rapidement à ce quintet on ne peut plus hétérogène nourrissant des séquences parfois très amusantes, tragiques ou bien même séduisantes. Sans être comparable au western spaghetti, quelques éléments typiques de ce cinéma provenant de la Botte viennent volontairement ''salir'' l'intrigue et évitent pour notre bonheur à tous d'assister à un spectacle par trop aseptisé. Un spectacle, justement... Grandiose sans pour autant bénéficier de décors naturels aussi remarquables que ceux de Monument Valley ou les Alabama Hills situées en Californie. Rio Bravo repose avant tout sur l'interprétation et sur la caractérisation des personnages. Sans nous faire voyager au cœur de plaines visuellement saisissantes, Howard Hawks confronte ses spectateurs avec de vrais héros, dans le sens littéral du terme. Héroïques, oui, mais surtout, humains...

 

samedi 22 septembre 2018

The Thing from Another World de Christian Nyby et Howard Hawks (1951) - ★★★★★★★☆☆☆



Co-réalisé par Howard Hawks (ici uniquement crédité en tant que producteur), The Thing from Another World est l'un de ces classiques de la science-fiction des années cinquante qui en ont inspiré tant d'autres. A commencer bien évidemment par le remake que John Carpenter en 1982. Aujourd'hui, le film de Christian Niby paraîtra sans doute bien puéril pour les nouvelles générations de spectateurs, et pourtant, à une époque où l'Amérique produisait des dizaines et des dizaines d’œuvres de science-fiction de qualité inégale, celle-ci se démarquait très nettement, au même titre qu'un Invasion of the Body Snatchers qui allait sortir lui, cinq ans plus tard en 1956. Beaucoup moins proche de la nouvelle Who Goes There ? de l'écrivain John W. Campbell. Jr. dont il est censé s'inspirer que ne le sera la version de John Carpenter ou la préquelle de Matthijs van Heijningen Jr. réalisée en 2011, The Thing from Another World en reprend cependant plusieurs éléments. La base et les scientifiques isolés en Antarctique. Le vaisseau extraterrestre enfoui sous les glaces. Pour le reste, le scénario de Howard Hawks (décidément très actif sur le tournage) Charles Lederer et Ben Hecht prend de grandes libertés par rapport à la nouvelle de John W. Campbell. Jr. Moins respectueux que John Carpenter, la créature extraterrestre est chez Christian Nyby et Howard Hawks, débarrassée de tout le sel qui faisait son intérêt.

La version de 1951 invoque une créature d'origine végétale, agissant tel un vampire puisque pour pouvoir évoluer, celle-ci semble avoir besoin de sang. Tandis que John Carpenter choisissait d'appréhender sa créature sous différentes formes en faisant d'elle un extraterrestre polymorphe fait de chair et de sang, Christian Nyby et Howard Hawks choisissent le végétal comme origine connue de la créature, mais d'apparence par contre tout à fait humaine. L'un des scientifiques supposant même qu'elle ait pu évoluer sur sa planète comme l'homme le fit sur la notre. A ce propos, et ce, d'une manière tout à fait farfelue, l'un des scientifiques invoque l'existence sur notre planète d'une plante appelée 'liane Télégraphe' afin d'étayer ses propos. Plante censée communiquer avec ses congénères jusqu'à trente kilomètres de distance. Une hérésie bien entendu puisque l'une des rares plantes 'sensitives' existant sur notre planète demeure le Desmodium Gyrans dont la faculté n'est pas aussi poussée. Pour la rigueur scientifique, on repassera donc !!!

Incarnée à l'écran par l'acteur James Arness (du haut de ses deux mètres), la 'chose' du titre ressemble vaguement à une version améliorée de la créature de Frankenstein. Ni vraiment ridicule, ni totalement convaincante. Si The Thing from Another World demeure une excellente œuvre de science-fiction dans laquelle est exploité l'éternelle contradiction entre militaires et scientifiques (d'un côté principalement interprété par Kenneth Tobey et de l'autre par Robert O. Cornthwaite), il souffre cependant d'un choix peu avisé : en effet, en écartant la possibilité pour sa créature d'assimiler ses victimes et ainsi prendre leur apparence, il écarte toute possibilité de paranoïa parmi les scientifiques et les militaires, puisqu'elle demeure définitivement identifiable. Pourtant, Christian Nyby et Howard Hawks parviennent à créer un véritable climat d'angoisse (toutes proportions gardées car, rappelons-le, le film date de 1951) dû au cadre et à l'impossibilité de s'en échapper. Aujourd'hui, The Thing from Another World aura bien du mal à se fondre dans le décor instauré par les nouvelles générations d'amateurs de films de science-fiction nous en mettant plein la vue. Seuls les fans d'un genre qui explosa dans les années cinquante éprouveront un intérêt certain pour le film de Christian Nyby et Howard Hawks. Toujours est-il qu'il marqua comme tant d'autres après lui, l'histoire de la science-fiction. Une science-fiction qui arborerait peut-être, qui sait, un visage bien différent sans l'apport de ses deux auteurs. Un classique...
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