Bruno VeSota n'aura
réalisé dans sa carrière de cinéaste que trois longs-métrages
entre 1954 et 1963 mais poursuivit une longue carrière d'acteur
jusqu'en 1972 avant de mourir quatre ans plus tard dans sa cinquante
quatrième année. The Brain Eaters,
lui, date de 1958. Produit par Roger Corman, ce petit film de
science-fiction au minuscule budget de vingt-six mille dollars est
d'une durée relativement courte (à peine plus d'une heure) qui
s'explique dans le fait que son auteur a rencontré des difficultés
relatives au procès entreprit par l'écrivain de science-fiction
américain Robert A. Heinlein, lequel jugea l’œuvre de plagiat
de son roman The
Puppet Masters
édité sept ans auparavant en 1951. Alors qu'à l'origine The
Brain Eaters
contenait un certain nombre de séquences rallongeant très nettement
la durée du film, Bruno VeSota fut contraint d'en ôter tous les
passages jugés se référer à l’œuvre de Robert A. Heinlein.
D'où l'aspect relativement précipité. Le cinéaste ne met
effectivement pas en place la moindre caractérisation de ses
personnages. Alors que le film s'ouvre sur la découverte d'un cône
étrange fabriqué dans un matériau indestructible, l'enjeu est pour
ses principaux interprètes de trouver une solution à l'invasion de
minuscules créatures prenant possession des habitants de Riverdale,
petite commune de l'Illinois, en se fixant sur la nuque de leur
victime.
The Brain Eaters
évoque sensiblement La Nuit des Morts-Vivants
de George Romero alors même que ce dernier ne tournera ce grand
classique de l'épouvante que dix ans plus tard. Robots ?
Zombies ? La promesse du tout premier plan semble avoir été
abandonnée puisque les proies de ces créatures venues d'ailleurs ne
font presque jamais preuve de violence et demeurent dans un état de
léthargie qui rappelle parfois celui dans lequel sont plongés les
victimes de sortilèges vaudous. Du fait que The
Brain Eaters
ait été ' amputé'
d'une bonne partie de ses séquences, le film revêt une curieuse
forme, les scènes s'enchaînant sans véritable cohésion. De menus
détails montrent combien Bruno Vesota méprise son sujet, ou du
moins, manque d'un sérieux professionnalisme (la standardiste
affirmant être dans l'impossibilité de joindre un service sans
avoir effectué la moindre tentative au préalable). Brouillon dans
son développement, le film ne prend même pas le temps de développer
la moindre idylle, chose pourtant relativement courante à l'époque.
The Brain Eaters
semble avoir été tourné dans l'urgence, les scènes s'enchaînant
jusqu'à un final improbable. L'une des meilleures idées qui
émergent pourtant d'un scénario plutôt creux demeure dans
l'hypothèse selon laquelle le cône ne serait qu'une infime partie
d'un vaisseau beaucoup plus imposant. Mais si sa recherche est
évoquée durant un temps (certains supposant qu'il est stationné au
dessus d'eux, d'autres émettant l'hypothèse qu'il s'est peut-être
écrasé un peu plus loin), cette sympathique trouvaille est
cependant très vite abandonnée.
Il
est dommage que la version intégrale du long-métrage de Bruno
Vesota ne soit pas visible car alors, peut-être aurions-nous été
en mesure de comprendre pourquoi The Brain Eaters
est devenu au final une œuvre aux finitions quelque peu bâclées.
La médiocrité du film n'est cependant pas uniquement due aux coupes
drastiques dont il a été l'objet. En effet, The
Brain Eaters
est de surcroît incarné par des interprètes manquant foncièrement
de charisme (l'un d'eux aurait même pu faire partie de l'étrange
univers construit par notre Jean-Pierre Mocky national) et les
effets-spéciaux, pourtant relativement rares, sont insignifiants.
L’œuvre de Bruno VeSota est au final un tout petit film de
science-fiction horrifique sans grand intérêt...
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