Herschell Gordon Lewis |
Si le cinéma Gore
est officiellement né un jour de 1963 sous la houlette du
réalisateur américain Herschell Gordon Lewis, son mythique Blood
Feast
n'est cependant pas le premier long-métrage à avoir affiché sur
grand écran des scènes d'horreur dépassant largement les quelques
gouttes de sang perlant au bord des lèvres d'un certain Dracula. Au
delà même du support cinématographique, le Gore
fut
déjà visible dans l'ancienne salle de spectacle parisienne connue
sous le nom de Théâtre
du Grand-Guignol
à Paris dès la fin du dix-neuvième siècle. C'est pourtant bien
grâce à ses excès graphiques ainsi qu'à ceux de ses œuvres à
venir (parmi lesquelles l'on retrouve Two
Thousand Maniacs !,
Color Me Blood Red
ou bien The Wizard of Gore)
que Herschell Gordon Lewis a donné avec Blood
Feast,
ses lettres de noblesse. Et ce, même si au fond, et malgré son
statut de film culte, ce premier long-métrage estampillé Gore
du septième art est fauché, mal joué et réalisé à la truelle.
Principal intérêt ? Ses nombreuses et très sanglantes
effusions de sang. Quarante-six ans après la sortie de Blood
Feast,
un petit malin imagine rendre hommage au Pape du Gore
en tournant un certain Smash Cut.
Témoignage raté d'un culte à un cinéaste tout aussi légendaire
qui acceptera même de participer au tournage le temps de quelques
rarissimes plans. Smash Cut
sort directement en vidéo en 2009 et c'est tant mieux. Car plutôt
que l'hommage auquel prétend appartenir cet antépénultième film
réalisé par le canadien Lee Demarbre, Smash Cut
est avant une sombre merde. À trop vouloir se rapprocher de l'esprit
originel tout en conservant l'immonde esthétique propre aux DTV,
le réalisateur originaire du Québec nous offre (tu parles d'un
cadeau), un long-métrage qui ne réussit à aucun moment à nous
rappeler les heures humides qui virent éclore l'un des genres
cinématographiques les plus outranciers. Forçant à peine le trait,
Lee Demarbre sait à peine tenir sa caméra qu'il porte à l'épaule
et ses interprètes s'avèrent en grande majorité pitoyables (pour
ne pas dire dans leur globalité)...
David Heiss en action |
Smash Cut
est en fait moins un hommage à Blood Feast qu'à
l'un des meilleurs films de Herschell Gordon Lewis, le bien nommé
Color Me Blood Red tourné
en 1965 et dans lequel un peintre un brin excentrique découvrait les
vertus du sang en tant que matière première. Usant tout d'abord de
son propre sang, il lui fallait ensuite prélever celui de jeunes
femmes afin de pouvoir l'ajouter à ses tableaux. Lee Demarbre quitte
le monde de la peinture pour rejoindre celui du cinéma dans lequel
il offre à l'un de ses acteurs principaux en la personne de David
Hess (La dernière maison sur la gauche
de Wes Craven), le rôle de Able Withman, un réalisateur de films
trouvant dans différentes parties du corps humain, de quoi nourrir
son prochain long-métrage, un film d'horreur. Expérimentant le
concept sur le cadavre d'une strip-teaseuse ayant perdu la vie alors
qu'il se trouvait plus tôt avec elle à bord d'une voiture, la sœur
de la jeune femme (l'actrice pornographique Sasha Grey dans le rôle
d'April Carson) se lance à sa recherche aux côtés du détective
Isaac Beaumonde... Un synopsis alléchant pour un résultat plus que
navrant. C'est mauvais... mais mauvais... Tellement que les
quatre-vingt deux minutes de Smash Cut
en paraissent le double. Les présences de David Heiss, de Sasha Grey
ou bien même du célèbre acteur au crâne en ''pain
de sucre''
Michael Berryman (La colline a des yeux,
lui aussi réalisé par Wes Craven) n'y changent rien. On est proches
du supplice. Tout est laid, de l'interprétation à la mise en scène
en passant par la bande musicale et les décors. À trop vouloir être
proche de l'esprit ''Sixties'',
le réalisateur canadien oublie l'essentiel : la sincérité.
Mieux (ou pire) : le film a le culot d'être très largement
moins sanglant que le cinéma de Herschell Gordon Lewis dont il
semble se prétendre être un hommage. Un comble à une époque où
le Gore
est désormais totalement décomplexé. Et même au second, au
troisième, voire au quinzième degré, ça ne passe pas. Un film qui
au final ne mérite qu'une chose : de passer au vide-ordures ou
au broyeur à végétaux... !
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