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samedi 10 décembre 2016

The Addiction de Abel Ferrara (1995) - ★★★★★★★★★★







Kathleen Conklin est un soir, victime d'une agression. Mordue à la gorge par une inconnue, la jeune étudiante en philosophie commence à développer une véritable obsession pour le sang. Le soir venu, elle arpente les rues de New-York à la recherche de proies qu'elle vide de leur sang...
C'est ainsi que démarre ce onzième long-métrage du cinéaste américain Abel ferrara, peut-être le dernier grand film d'un cinéaste qui n'a eu de cesse de filmer les bas-fonds de sa ville natale, ainsi que ceux de l'âme humaine. De son premier « shock » Driller Killer (son second long-métrage en fait puisque Ferrara débuta sa carrière dans le porno avec Nine Lives of a Wet Pussy en 1976 sous le pseudonyme Jimmi Biy L.), en passant par Fear City, MS.45, et jusqu'à son chef-d’œuvre Bad Lieutenant, il décrit la violence quotidienne de quartiers aux mains des dealers, des gangsters, des prostituées et des flics corrompus.

The Addiction est sa seconde incartade dans le domaine du fantastique après le décevant remake de L'Invasion des Profanateurs de Sépultures, Body Snatcher. En fait de film fantastique, le sujet s'articule surtout autour d'un mal qui à cette époque, et depuis des années déjà, à fait de part le monde, des millions de victimes : le SIDA. Et à travers lui, le phénomène de transmission. Mais pas seulement puisque à travers cette histoire peu banale qui emprunte au mythe du vampire tel qu'on le conçoit dans sa plus « noble » expression, il s'agit surtout de remettre au goût du jour le sujet en lui imposant une unité de lieu et de temps contemporains. Une ville de New-York crasseuse dont les rues sont le repaire des maquereaux, des prostituées et des voyous en tous genres. Les quartiers du Bronx sont mis à contribution et Abel Ferrara fait tout pour donner une image négative, dangereuse d'une ville qu'il connaît bien puisqu'il y est né.

The Addiction reflète également un autre mal qui touche bon nombre d'individus puisqu'au delà de la maladie (le sujet est bien traité sous cette forme), il évoque la dépendance liée aux drogues. Le personnage de Kathleen Conklin étant sous l'emprise de cette attirance pour le sang qu'il lui faut à tout prix trouver pour pouvoir satisfaire son besoin en hémoglobine. Sa rencontre avec le personnage de Peina (l'acteur Christopher Walken) appuyant davantage encore le propos à travers l'imagerie liée à la tentative de désintoxication. Le film d'Abel Ferrara demeure loin de l'imagerie poétique du vampirisme. Son œuvre est crépusculaire (l'incroyable scène d'agression, les deux interprètes féminines étant plongées dans un clair-obscur saisissant), morbide, urbaine et réaliste. En assumant la filiation entre la maladie de son personnage et le SIDA, le cinéaste américain crée un malaise certain. En filmant son œuvre en noir et blanc, il appuie l'aspect esthétique et vicié du sang qui déborde des lèvres de son héroïne.

Une Lily Taylor presque insignifiante qui peu à peu, se saisit d'une force morale inquiétante tout en conservant un aspect maladif des plus effrayant. Abel Ferrara réutilise certains codes du vampirisme tout en les remettant au goût du jour. Le vampire des années quatre-vingt dix n'est plus aussi sensible au soleil que par le passé. S'il lui est difficile de s'y plonger totalement (il se doit de protéger ses yeux à l'aide d'une paire de lunette de soleil), il ne risque plus de prendre feu. Quant aux miroirs, ils continuent à refléter l'image de ces derniers, sauf qu'il devient difficile de les y déceler puisque ces créatures nocturnes préfèrent les recouvrir d'un linge pour ne plus s'y voir reflétés. The Addiction contient en outre un contenu philosophique, théologique (Ferrara ne peut envisager aucun de ses films sans aborder ne serait-ce qu'un instant le sujet de Dieu) et intellectuel, ainsi que de nombreuses références à Nietzsche, Feuerbach ou encore Descartes. La musique de Joe Delia apporte un plus indéniable, tout comme l'imagerie nazie projetée à longueur de bobine comme sujet d'une obsession. Le scénariste Nicholas Saint John offre une fois de plus à son cinéaste fétiche un sujet en or qu'Abel Ferrara aura réussi à sublimer. L'un des meilleurs films de vampires de toute l'histoire du septième art...

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