A la veille de la Saint Michel de l'année 1996, trois individus masqués et armés de couteaux pénètrent dans la Burlière, vieille demeure où vivent les membres de la famille Monje. Du père, de la mère, du grand-père et des trois enfants, seul séraphin, alors âgé de quatre mois survit au massacre qui s'ensuit. Pour la justice, aucun doute : les coupables sont les trois étrangers qu'un compagnon originaire du Juras a formellement reconnu. Hébergé un peu plus tôt dans la soirée par les Monje, et accompagné ensuite par l'un des fils jusque dans l'écurie, ce dernier a vu trois hommes suspects tourner autour de la demeure familiale. Tentant vainement de clamer leur innocence dans une langue étrangère, les accusés finissent tous les trois guillotinés.
La première guerre mondiale éclate. Séraphin Monje, jusqu'alors élevé par les sœurs de la charité, est mobilisé jusqu'en 1920, année de son retour dans le petit village près duquel sa famille à été massacrée vingt-quatre ans plus tôt. L'arrivée du jeune homme est perçue comme une malédiction et la plupart des villageois évite de s'y frotter. Tout juste Rose Pujol et Marie Dormeur parviennent-elles à s'en approcher avant d'en être éloignées par leurs pères respectifs. En dehors de Brigue et des deux jeunes femmes, Zorme est l'un des rares à également oser le côtoyer.
Pourvu d'une chambre et d'un emploi de cantonnier, c'est de la bouche de son collègue Brigue que Séraphin apprend que sa famille à été massacrée. Alors que Brigue meurt d'un mal étrange, le jeune homme choisit de brûler les meubles de la Burlière et de détruire les murs de la maison devant un parterre de villageois qui finissent tous par le croire devenu fou. Seul Patrice Dupin prend sa défense lorsque Séraphin est pris à parti par quatre hommes décidés à le faire tourner en ridicule. Ce jeune homme a la gueule cassée prend sous son aile Séraphin et l'invite dans la demeure familiale dans laquelle il vit en compagnie de sa mère, de sa sœur, ainsi que de son père.
Alors que Séraphin s'acharne à vouloir détruire la cheminée de la Burlière, il découvre cachée derrière la hotte une cassette renfermant trois reconnaissances de dettes signées Dormeur, Pujol et Dupin, les pères respectifs de Marie, Rose et Patrice. Trois hommes. Comme autant que ceux qui tuèrent sa famille vingt ans plus tôt et dont la justice ainsi que le village firent des coupables faciles.
Avant de mourir Brigue avait fait part de ses doutes quand à la culpabilité des trois étrangers. Séraphin comprend alors que les véritables responsables du massacre de sa famille sont le boulanger Celestat Dormeur, le meunier Didon Pujol ainsi que Gaspard Dupin, le père de Patrice. Ne subsiste alors dans l'esprit de Séraphin qu'une idée : Venger sa famille en tuant les trois hommes.
Un soir, alors qu'il s'apprête à tuer l'un des assassins en la personne de Gaspard Dupin, il est surpris au milieu de la propriété par la troublante Charmaine, sœur de Patrice, qui l'invite à le suivre jusque dans sa chambre. Tous les deux allongés sur le lit de la jeune femme, ils entendent tirer des coups de feu. Affolée, Charmaine se précipite dehors, suivie de Séraphin, persuadée que son frère Patrice s'est donné la mort. Ce dernier est penché au dessus du corps sans vie de son père, tout juste mort noyé et allongé non loin des cadavres de deux de ses chiens qu'il avait l'habitude de sortir la nuit venue. D'abord soupçonné de meurtre, Patrice est ensuite relâché grâce au témoignage de Rose Pujol qui confirme qu'ils étaient ensemble au moment du crime.
Lorsque le boulanger et le meunier apprennent que leur ami Gaspard Dupin a été assassiné, ils sont inquiets. Surtout Celestat Dormeur puisque Didon Pujol perd la vie à son tour, écrasé par son propre moulin à huile. C'est devant Séraphin que l'homme meurt alors qu'il allait tout révéler au jeune homme sur ce qui s'était passé la nuit du massacre. Malheureusement pour ce dernier, quelqu'un semble en avoir décidé autrement et exécute les projets de Séraphin à sa place.
D'abord connu pour être le réalisateur de quelques-uns des très bons policiers et comédies françaises des années 60-70 ("Les Tontons Flingueurs", "Ne Nous Fâchons Pas", "Laisse Aller... C'Est Une Valse", "Il Était Une Fois Un Flic", "La Valise"ou bien encore "Mort D'Un Pourri"), Georges Lautner s'est ensuite lancé dans une série de films au contenu beaucoup plus "léger". Jusqu'en 1988, année où il tourna cette "Maison Assassinée", deux ans après le très moyen "La Vie De Gérard Floque" avec Roland Giraud. Interprétant le rôle de Séraphin Monje Patrick Bruel campe un personnage torturé par un passé trouble qu'il n'a pourtant pas vraiment connu étant trop jeune. Seul moyen pour ce jeune homme d'exorciser ses démons : détruire la demeure familiale et venger la mort de sa famille en tuant les coupables. Le milieu austère dans lequel il est plongé et la bizarrerie de certains événements auxquels n'est pas étranger le vieux Zorme confèrent au film une aura toute particulière. Peut-être même davantage à l'ouverture du récit avec ce brouillard dense, ces éclairages fantomatiques et le curieux silence qui baigne la Burlière dans un climat oppressant. Quand à l'impression d'une présence maléfique, elle ne fait que s'accentuer à mesure que l'histoire progresse et ce, à travers la curieuse implication d'une tierce personne dans les meurtres que projette de commettre Séraphin. On aime ou pas l'aspect rustique des dialogues qui collent pourtant magnifiquement au cadre choisit par le cinéaste. Un petit village de France, avec ses rumeurs, ses secrets et ses rancœurs...
Patrick Bruel n'est pas l'unique responsable de la réussite du film. On retrouve avec plaisir l'excellent Yann Colette ("L'Amour Braque", "Bunker Palace Hotel") en jeune homme passablement détruit par la guerre et qui tombe sous le charme d'une Rose qu'il ne se croit d'abord pas le droit de pouvoir aimer et qui trouve en Séraphin un ami, un alter ego. Roger Jendly ("Espion, Lève-Toi", "Ripoux Contre Ripoux") quand à lui est ce personnage énigmatique que tout le monde craint dans le village. Un peu fou mais capable d'invoquer le Diable et de pratiquer la magie noire, il suit Séraphin comme un ange protecteur. Anne Brochet, Jean-Pierre Sentier, Ingrid Held et quelques-autres finissent de dresser la liste de personnages hauts en couleurs... Des teintes qui pourtant rappellent plus souvent la mort et la solitude...
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