Évoquer une œuvre
situant son action dans un pensionnat britannique sans s'arrêter un
instant sur l'histoire particulièrement remarquable concernant
l'internat Élan School du
comté d'Androscoggin dans le Maine serait passer à côté de faits
à peine pensables. Un institut fondé en 1970 par trois hommes dont
le psychiatre Gerald Davidson et Joseph Ricci. Le concept de cette
école fut ''simple'' : humilier et battre ses élèves.
Institut jusque là considéré comme une excellente alternative dans
le traitement des adolescents ayant de lourds problèmes
comportementaux, c'est à la suite du meurtre de l'un d'entre eux et
de plusieurs témoignages de la part de certains élèves quant aux
conditions dégradantes dont ils firent l'objet que Élan
School fermera finalement ses portes le 1er avril 2011 ! Mais
pour en savoir davantage, je vous pousse à aller découvrir
l'excellente vidéo mise en ligne par l'excellent youtubeur Feldup
il y a deux ans et intitulée ''L'école
la plus VIOLENTE de l'histoire - L'enfer ELAN SCHOOL''.
Des décennies plus tôt, le réalisateur britannique Lindsay
Anderson signait le remarquable If
dans lequel des étudiants britanniques se révoltaient contre
l’institution censée former la future élite du pays. Bien des
années plus tard, Crispian Mills reprendra le flambeau d'un genre
qui connut de nombreux exemples plus ou moins convaincants. Mais
Slaughterhouse Rulez,
c'est surtout pour les acteurs Simon Pegg et Nick Frost l'occasion de
se retrouver sur un même plateau de tournage cinq ans après leur
dernière collaboration. Les deux acteurs coopérèrent en effet pour
la première dans le film culte d'Edgar Wright, Shaun
of the Dead
en 2004. Le réalisateur les réemploiera trois ans plus tard pour
sa comédie policière Hot Fuzz.
Ce sera ensuite au tour de Greg Mottola de faire appel à eux pour la
comédie de science-fiction Paul en
2011. Puis retour aux côtés d'Edgar Wright une nouvelle fois en
2013 avec Le dernier pub avant la fin du monde.
Notons que Simon Pegg et Nick Frost se retrouvèrent enfin en 2020
dans la série Truth Seekers
dans laquelle les deux acteurs interprétèrent des chasseurs de
fantômes. Au vu du pedigree des deux hommes, on se doute que le ton
de Slaughterhouse Rulez sera
bien différent de celui imprimé par les responsables de l'école
Élan School.
Le ton est en effet nettement plus léger que dans cette tyrannique
institution puisque à son tour et comme ses prédécesseurs,
Crispian Mills ne peut s'empêcher d'injecter au sein de son second
long-métrage, une forte dose d'humour. Auteur avec Chris Hopewell en
2012 de la comédie horrifique A Fantastic Fear
of Everything,
le réalisateur et scénariste ne change pas d'un iota son approche
du septième art et mêle une fois de plus les genres avec plus ou
moins de bonheur.
Constituant
la crème de l'éducation à la ''britannique'' et formant la future
élite du pays, l'école privée Slaughterhouse qui en bon français
signifie Abattoir
accueille
la jeunesse dorée britannique sur laquelle repose l'avenir de la
nation. Comme souvent dans ce genre d'institut, il y a des codes et
des règles à respecter. Comme de s’aplatir devant les dernières
années, par exemple. Et parmi lesquelles l'on retrouve Tom Rhys
Harries dans le rôle de Clegg, jeune homme à la blonde chevelure
dont les origines germaniques ne font aucun doute, si vous voyez ce
que je veux dire par là. Crispian Mills réinvente en outre le
concept de serviteur à la manière de Igor, l'assistant du docteur
Victor Frankenstein dans le roman de la britannique Mary Shelley,
Frankenstein ou le Prométhée moderne,
en le féminisant. Jane Stanness incarne ainsi le rôle de la très
disgracieuse infirmière Matron. Le film a beau être une comédie,
celle qui apparaît plus laide encore que les créatures qui vont
s'extraire plus tard d'un gouffre immense s'avère physiquement
dérangeante ! Si l'on retrouve bien le duo formé par Simon
Pegg et Nick Frost, les véritables héros du récit sont quatre
adolescents et font partie des élèves du pensionnat Slaughterhouse.
Respectivement incarnés par Finn Cole, Hermione Corfield, Asa
Butterfield et Isabella Laughland, le nouveau venu Don wallace ainsi
que la jolie Clemsie Lawrence et leurs deux compagnons Willoughby
Blake et Kay vont devoir combattre des forces particulièrement
obscures ayant réussi à s'extraire d'un gouffre immense créé par
une entreprise spécialisée dans la fracturation hydraulique. Quant
au duo Simon Pegg et Nick Frost, les personnages qu'ils incarnent
n'auront au final pas trop l'occasion de se croiser. Le premier
interprète Meredith Houseman, professeur totalement obsédé par sa
petite amie partie faire de l'aide humanitaire à l'étranger tandis
que le second incarne Woody Chapman, chef/gourou totalement perché
d'une communauté de hippies, lanceur d'alerte écologiste mais aussi
et surtout, consommateur invétéré de drogues parmi lesquelles, des
champignons hallucinogènes ! Si Slaughterhouse
Rulez
est un joyeux foutoir, le principal soucis du long-métrage est qu'il
ne va jamais vraiment au bout de ses idées. Qu'il s'agisse de cette
société de forage aux méthodes on ne peut plus destructrices ou de
ces créatures monstrueuses qui bientôt vont s'attaquer aux membres
de l'école et à ses pensionnaires, Crispian Mills effectue un
véritable travail de sape, menant l'aventure avec, semble-t-il, peu
d'engouement. Quelques vannes bien senties parviennent à faire
passer la chose mais le film s'avère au final peu réjouissant. Les
quelques apparitions de Nick Frost demeurent mémorables et l'on
regrette finalement que l'acteur n'ait pas été davantage impliqué.
À côté de lui, le personnage interprété par Simon Pegg semble
bien fadasse. Slaughterhouse
Rulez n'est
donc pas mauvais, mais pas transcendant non plus... !
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