Après avoir
littéralement subit The Innkeepers
c'est avec beaucoup d'inquiétude que je m’apprêtais à assister à
la projection de The House of the Devil,
le troisième long-métrage de Ti West après The
Roost
en 2005 et Trigger Man
en 2007. Généralement apprécié par la plupart de ceux qui eurent
l'occasion de le découvrir à l'époque de sa sortie, je n'allais
pas pour autant me laisser guider par leur engouement et allait
attendre de pouvoir juger par moi-même... Première et excellente
impression : l'emploi d'une esthétique visuelle et d'une mise
en scène qui plongent le récit dans les riches années
quatre-vingt. Pourtant réalisé en 2009, The
House of the Devil
prend effectivement pour cadre une décennie où le cinéma d'horreur
était particulièrement propice à exposer les plus mythiques des
boogeymen auxquels le long-métrage de Ti West semble vouloir rendre
hommage. Les couleurs passablement ternes renvoyant sans doute à
l'approche colorimétrique supposée d'une bande magnétique qui
aurait été retrouvée par hasard dans les combles d'une demeure
appartenant à un fan de films d'horreur l'ayant jalousement conservé
secrète, le réalisateur nous épargne en revanche les filtres
parasitaires qui en général tentent vainement de convaincre les
spectateurs qu'il pourrait s'agir d'une vieille cassette retrouvée
parmi des archives oubliées dans l'antre dans amateur de pellicules
horrifiques. Le génie de Ti West se trouve principalement dans sa
mise en scène. Cette manière si typique de préparer ses
interprètes à l'action comme lors de ce générique d'ouverture
dont chaque plan semble effectivement provenir d'une bobine datant
d'une décennie révolue depuis plus de quarante ans. Ajoutant à
cela quelques objets propres à l'époque, comme cet énorme walkman
à cassettes audio que se trimballe l'héroïne Samantha qu'incarne
la craquante Jocelin Donahue et auquel l'accessoiriste a ajouté ce
fameux casque à protection en mousse orange emblématique de toute
une génération. De ce point de vue là, si le reste du film s'avère
mauvais, on pourra au moins se dire que l'on a passé quelques
minutes au sein d'un univers hautement nostalgique....
Sauf
que The House of the Devil va
s'avérer d'une qualité persistante qui aura à offrir à ses
spectateurs des moments de tension objectivement rares dans ce genre
de spectacle que beaucoup de cinéastes aussi ambitieux que vaniteux
piétinent depuis des années. Avec son titre se référant à Satan,
sa maison que l'on suppose être un piège dans lequel tombera
l'héroïne, ses propriétaires particulièrement étranges, ce type
tout aussi inquiétant qui rode dans les parages et cette demeure
toute de rusticité constituée, presque aussi anxiogène que pouvait
l'être en son temps celle du remarquable The
Changeling
de Peter Medak, The House of the Devil
semble vouloir autant convier les amateurs de slashers que les fans
assidus de phénomènes surnaturels ou de satanisme. Tout comme dans
The Innkeepers (qu'il
me faudra peut-être finalement revoir, sait-on jamais...), The
House of the Devil
prend son temps. Mais contrairement à ''son petit frère'' qui
devint très rapidement ennuyeux, celui-ci parvient à maintenir une
tension qui ne cessera d'évoluer durant au moins les soixante-quinze
premières minutes. Autant de temps qu'il faudra pour Samantha et les
spectateurs pour se demander ce qui se trame derrière la
personnalité des époux Ulman. Un couple incarné par deux
interprètes ayant chacun ponctuellement marqué le cinéma des
années quatre-vingt de leur présence. Mary Woronov aura notamment
incarné le rôle de Mary Band dans le cultissime Eating
Raoul de
Paul Bartel en 1982 tandis que Tom Noonan aura durablement marqué
les esprits en interprétant l'inquiétant Francis Dollarhyde dans
le chef-d’œuvre de Michael Mann, Manhunter
en 1986... Notons également l'apparition éclair de l'actrice Dee
Wallace dans un tout petit rôle au début du récit et qui pour les
anciens demeurera éternellement l'interprète de Lynne Wood dans La
colline a des yeux
de Wes Craven en 1977, de Karen White dans Hurlements
de Joe Dante en 1981, de Mary dans E.T.
l'extra-terrestre de
Steven Spielberg l'année suivante ou de Donna Trenton dans Cujo
de Lewis Teague en 1983... Suspens tendu et séquences gore
majoritairement concentrées en fin de projection sont au programme
de ce The House of the Devil
vraiment efficace...
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