Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


jeudi 29 août 2024

Rosalie de Stéphanie Di Giusto (2024) - ★★★★★★★☆☆☆



Je ne crois pas avoir déjà eu l'occasion de découvrir l'actrice franco-finlandaise Nadia Tereszkiewicz sur un écran de cinéma ou de télévision autrement qu'à travers le démentiel Seules les bêtes de Dominik Moll en 2019 mais après l'avoir également découverte tout récemment dans le formidable Rosalie de Stéphanie Di Giusto, il devient évidemment qu'il va falloir consacrer à la jeune femme plus que les quelques rôles éparses que certains lui ont confié ces dernières années face à un Benoît Magimel toujours aussi magistral, l'actrice de vingt-huit ans incarne le rôle relativement compliqué de celle qui donne son nom au film.. Rosalie, jeune femme charmante, qui se préoccupe très singulièrement de son apparence (et l'on comprendra très rapidement pourquoi) est une fille de la campagne française du milieu du dix-neuvième siècle. Vivant avec son père Paul (Gustave Kervern) qui la destine à épouser le rustre Abel Leduc (Benoît Magimel), propriétaire d'un café dont la fermeture et le rachat semblent être déjà programmés par le notable Barcelin (Benjamin Biolay), Rosalie cache un lourd secret. Promettant amour et vérité à son futur mari lors de leur union à l'église, celui-ci ne va pas tarder à découvrir que sa jeune épouse lui a caché qu'elle est atteinte d’hypertrichose. En clair, Rosalie est dotée d'une pilosité particulièrement abondante pour une personne de sexe féminin. Un duvet recouvre une grande partie de son corps tandis qu'elle est contrainte de se raser le visage et de camoufler sous une épaisse couche de maquillage les signes avant coureurs de cet étonnant symptôme... Les deux principaux interprètes effacent littéralement toute concurrence. Celle qui relie leur personnage respectif à celles et ceux qui croisent leur chemin durant ce récit proche des deux heures. En jeune femme pleine de vie et en homme bourru, Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel campent un étonnant duo. Un couple hors norme dont chaque personnalité est tout d'abord nourrie de blessures et d'angoisses.


Dans un milieu rural qui ne pardonne à aucun moment la différence, l'intégration de la jeune femme apparaît tout d'abord comme une anomalie, finalement bien acceptée par la communauté (quoique l'excellent Guillaume Gouix dans le rôle de Pierre persiste à se montrer aussi inquiétant qu'ambigu) et ne laissant certains hommes pas tout à fait indifférents. Les caractères les plus inflexibles cédant parfois sous le charme très particulier de cette jeune femme qui pour aider son époux à conserver son bien va se laisser pousser la barbe afin d'attirer la clientèle. Alors que Stéphanie Di Giusto s'amuse consciemment ou non à nous rappeler les origines artistiques de Benjamin Biolay (son doigt posé sur l'une des touches du piano installé dans le bar d'Abel) ou sa filiation avec Anna Biolay qui dans Rosalie incarne l'une de ses employées prénommée Jeanne, laquelle rappelle à notre héroïne que son employeur la traite comme s'il était son père ! Tourné dans les remarquables environnements des Forges des Salles en Centre-Bretagne dans les communes de Perret et Sainte-Brigitte, le long-métrage bénéficie tout d'abord d'une photographie somptueuse signée de Christos Voudouris. Laquelle renvoie à certaines grandes œuvres picturales rendant hommage à la ruralité d'il y a près de deux-cent ans. On pense alors à Léon Lhermitte, à Julien Dupré ou encore à Jean-Alexis Achard... Vient ensuite la partition musicale de la compositrice, chanteuse et pianiste polonaise Hania Rani qui d'emblée donne le ton à ce récit remarquable où s'entremêlent la beauté et la bestialité des sentiments, la cruauté et le rejet, la curiosité aussi, sans que celle-ci ne soit pour autant jamais compromise par un quelconque désir de voyeurisme. Mais ce que l'on observe bien avant toute autre chose est ce formidable duo incarné par deux interprètes de talent. Entre force et fragilité, l'un et l'autre des principales incarnations devenant ainsi interchangeables. Écrit et réalisé par une femme sur la base d'une authentique histoire, il ne pouvait d'ailleurs en être autrement. On sort de l'aventure totalement séduit par ce récit qui entre des mains maîtrisant mal ce genre de sujet aurait pu tourner au ridicule. Plus de quatre-vingt dix ans après Tod Browning et son mythique Freaks, la monstrueuse parade, Stéphanie Di Giusto rend à son tour et de la plus digne des manières, un hommage à la différence...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...