Il y a des cinéphiles et
des cinéphages, et ils en ont parfaitement le droit, qui semblent
avoir tout particulièrement apprécié The Innkeepers
de Ti West. Il peut m'arriver, je le reconnais volontiers, d'être
peu avisé au sujet de certains choix artistiques. Peut-être
celui-ci en est-il la parfaite représentation. Mais de là à faire
amende honorable devant ce long-métrage qui ne m'a tiré aucun
frisson et pas davantage de sourires, non. Trois fois non !
Malgré l'impression de m'être fait autant enfler que devant
Paranormal Activity
d'Oren Peli ou devant les émissions américaines de chasseurs de
fantômes du type Ghost
Adventures
ou Ghost Hunters,
j'avoue que The Innkeepers
a pour atout principal de ne causer aucun dommage collatéral. Pas de
déperdition neuronale contrairement à beaucoup de films d'horreur
aux budgets si restreints qu'il ne reste plus à leur auteur que
d'imaginer attirer le chaland grâce à des bimbos dénudées et
dépourvues de la moindre faculté intellectuelle. Pas moyen ici de
faire des miracles lorsque l'on est doté d'un budget qui ne s'élève
pas au-delà de sept-cent cinquante mille dollars diront certains.
Sans doute manque-t-il cependant de cet éclair de génie, de cette
imagination débridée qui pour autant n'empêchèrent pas un certain
Sam Raimi de réaliser le film culte Evil Dead
avec deux fois moins de billets verts. Jamais le long-métrage de Ti
West ne m'a séduit. Pas même le contexte qui pourtant fut à
l'origine de ma curiosité. Imaginez : un hôtel réputé hanté,
prétexte pour certains de comparer d'emblée le film au classique de
Stanley Kubrick, The Shining.
N'étant généralement pas du genre à chercher parmi les
innombrables articles se référant à telle ou telle œuvre de quoi
m'inspirer avant d'avoir moi-même pondu un article dégagé de toute
forme de référence critique, j'avoue avoir eu en l'occurrence cette
fois-ci, la main particulièrement lourde. Fouillant sur la toile,
passant de longues minutes à trouver le mot ou la phrase qui allait
me convaincre que mon opinion valait moins que celle des autres. Et
pourtant... sans prétention aucune, rarement aurais-je eu le
sentiment de n'avoir pas assisté au même spectacle que ceux qui
adoubèrent ce projet horrifique axé sur le principe de film de
fantômes. Manque de sensibilité ? Peut-être...
Mais
plus sûrement, de lourdes références cinématographiques qui ne
cessent et ne cesseront sans doute jamais de voiler les éventuelles
qualités de tout projet leur étant postérieur... Le spectateur y
observe très (trop?) tardivement des créatures cauchemardesques
malheureusement figées dans des postures qui les rendent à
l'instant T, certes, effrayantes, mais aussi et surtout très
rapidement innocentes dans leur attitude. Comme des portraits
accrochés aux murs d'un sinistre établissement qui vous font
sursauter par leur découverte immédiate mais dont on sait que les
personnages qui y sont gravés ne risquent pas de vous sauter au
visage. Non seulement The Innkeepers
m'est apparu comme un faible représentant de sa catégorie, ne
renouvelant jamais le concept (ce que ne cherchait d'ailleurs
apparemment pas à faire le cinéaste), mais surtout, ses
personnages, la mise en scène et le scénario me sont apparus comme
cruellement vains ! The Changeling
de Peter Medak, Burnt Offerings
de Dan Curtis, La sentinelle des maudits
de Michael Winner, Honogurai Mizu no Soko Kara
de Hideo Nakata. Et même, Amityville, la maison
du Diable
de Stuart Rosenberg qui depuis des lustres ne me procure pourtant
plus aucun frisson... Des références trop ancrées en moi pour que
l'ambiance de The Innkeepers m'enveloppe
suffisamment pour craindre la suite des événements. Petit point
positif pour ses principaux interprètes malgré tout. Du moins me
semble-t-il tant le reste paraît avoir dévoré leur incarnation
pour n'en régurgiter qu'une impression de fadeur exponentielle.
C'est un peu le problème de ce genre de projet. L'impatience
galopante, le déterminisme avec lequel Ti West s'emploie à faire
bouillir la marmite jusqu'à ce que l'eau arrive à ébullition. L'un
n'allant pas forcément de pair avec l'autre, The
Innkeepers
a finalement eu raison de ma résistance. Au bout d'une heure déjà,
j'avais déjà plié les bagages de l'espérance pour une approche
beaucoup plus détachée du projet. Bref, un film (très) mineur sur
un sujet qui pourtant n'a jamais cessé de me passionner...
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