Il y a des dizaines, des
centaines, et peut-être même des milliers de façon de concevoir un
film. D'un côté, il y a ceux qui passent des jours, des semaines,
des mois, voire des années à coucher une idée sur papier avant de
la concrétiser devant la caméra. C'est peut-être ainsi qu'un David
Lynch pense son œuvre. Tout à fait à l'opposée, il y a ceux qui
ont l'air de n'y avoir passé qu'un temps infime. Quelques heures à
potasser sur le sujet d'un film tout entier et apparemment sans queue
ni tête en ayant l'air de vouloir se payer la tête du public qui
ira voir la chose sur grand écran. Quentin Dupieux est peut-être de
ces garnements qui se moquent de nous, qui sait... Et pourtant, l'on
ressort chaque fois conquis. Et l'on évoque là avec ces deux seuls
exemples, qu'une infime partie du septième art en écartant
systématiquement tout ce qui relève du nanar, de la série Z ou de
la comédie franchouillarde.
Cinéaste mais également
musicien, Quentin Dupieux qui parfois se cache sous le pseudonyme de
Mr Oizo pour mieux caresser le poil de nos oreilles à contre-sens
n'est pas le seul a avoir eu ''l'impudence'' de quitter sa zone de
confort pour aller tutoyer les étoiles du septième art. Du
quatrième art qui sépare celui-ci du cinéma, il n'y a que trois
marches. Et pourtant, certains semblent avoir bien du mal à les
descendre. Parmi eux, quelques-uns s'y sont même cassés la figure.
Si je pensais vraiment ne jamais pouvoir revivre la désastreuse
expérience Brillantissime
de 2018, engeance signée sur un caprice d'actrice par la pourtant
pétillante Michèle Laroque, j'allais deux ans plus tard réaliser
que j'avais tort. Il ne s'agit pas tant d'évoquer Chacun
Chez Soi,
son deuxième effort de réalisatrice dont la sortie a été
repoussée au 22 juin prochain (merci au Covid-19
soit dit en passant), mais d'évoquer plutôt Merveilles
à Montfermeil,
premier long-métrage réalisé en solo par l'actrice, scénariste,
réalisatrice et chanteuse Jeanne Balibar.
''Après Brillantissime, Merveilles à...''
(ou quand certains critères de choix en matière de titres devraient mettre la puce à l'oreille des spectateurs)
Sept
ans après un Par exemple,
Électre mis
en scène en collaboration avec Pierre Léon, la détentrice d'un
César en 2018 pour son interprétation de Barbara dans le film
éponyme de Mathieu Amalric signe son premier film, toute seule. La
réalisation ainsi que le scénario. Donc, aucune excuse et aucun
reproche à mettre sur le dos d'une tiers personne. Merveilles
à Montfermeil
tourne autour d'une initiative plutôt intéressante ou du moins,
intrigante : "Montfermeil
Intensive School of Languages"
(pour entrer dans le détail, allez lire les articles qui couvrirent
la sortie du film). Un concept original sur le papier, mais une fois
les caméras tournant à plein régime, donne lieu à l'un des films
les plus insupportablement fades de toute l'histoire du cinéma. Ou
comment réaliser une comédie loufoque rimant avec ennui, soupirs,
impatience et désespoir. Car oui, devant ces aventures sans queue ni
tête où se croisent, la réalisatrice elle-même dans le rôle
principal (pourquoi se gêner), Ramzy Bédia, Mathieu Amalric, Bulle
Ogier et même Philippe Katerine (que j'affirmais il n'y a pas si
longtemps, capable de sauver n'importe quel film du naufrage), ben
oui, on s'fait chier ! Merveilles
à Montfermeil
a le culot de me fait mentir.
Bien
que le budget ne s'élève qu'à une poignée de millions d'euros en
partie financés par Martine Marignac de Pastorale
Productions,
par Mathieu Amalric et grâce à une aide financière délivrée par
le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), on se
demande où est passé le pognon. Certainement pas dans le script, la
mise en scène et l'interprétation. Force est de reconnaître que
Jeanne Balibar aurait dû rester à la place qui est la sienne et
nous éviter ainsi de subir pendant une heure et quarante-cinq
minutes les verbiages souvent indistincts de personnages s'exprimant
dans diverses langues. On pourra louer Merveilles
à Montfermeil pour
son sens du partage pluri-communautaire dans lequel certains
complotistes verront peut-être un message du moins propagandiste,
sinon démagogue. Jeanne Balibar pousse le curseur de la fantaisie et
de l'excentricité tellement loin qu'elle abandonne le spectateur au
passage. Tout sauf divertissant, l'utopique vision de la cinéaste ne
peut que braquer un public venu avant tout se divertir et surtout ne
pas se prendre la tête. Si l'absurdité du synopsis laissait rêveur,
le résultat n'est vraiment, mais alors vraiment pas du tout à la
hauteur. Et pour ceux qui n'auraient toujours pas compris : en
comparaison, le dernier long-métrage réalisé par Arielle Dombasle
Alien Crystal Palace
est un chef-d’œuvre. Ça y est, ça rentre ?
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