Le cinéaste australien
Greg McLean a toujours été plus à l'aise dans le survival que dans
n'importe quel autre domaine. Auteur des excellents Wolf Creek
1 & 2, de Rogue ou encore du
piètre The Darkness
en 2016, il
revenait l'année passée en abordant une fois de plus son thème de
prédilection tout en abandonnant relativement le côté horrifique
de ses précédentes réalisations. Il s'attaque dans son dernier
long-métrage à l'adaptation de la biographie « Back From
Tuichi: the Harrowing Life-and-Death Story of Survival In The Amazon
Rainforest » de
l'aventurier d'origine israélienne Yossi Ghinsberg qui vécu pendant
trois semaines en 1981, une aventure hors du commun qui faillit
cependant lui coûter la vie. Alors en voyage en Bolivie, cet
aventurier qui dans l’œuvre de l'australien est admirablement
interprété par l'acteur britannique Daniel Radcliffe y fit la
connaissance de deux autres baroudeurs habitués à voyager à
travers la planète.
Kevin
Gale et Marcus Stamm se connaissent et s'apprécient depuis bon
nombre d'années. Lorsque Yossi leur parle de Karl Ruchprecter dont
il vient tout juste de faire la connaissance, il tente d'intéresser
ses nouveaux amis en leur évoquant la proposition que vient de lui
faire Karl de l'emmener faire la connaissance d'une tribu demeurée
inconnue et vivant au fin fond de la jungle amazonienne bolivienne.
En insistant un peu, Yossi parvient à convaincre Kevin et Marcus de
faire le voyage en compagnie de Karl. Si dans un premier temps tout
se passe bien, les premières difficultés font très vite leur
apparition. Marcus paraît malheureusement bien moins préparé que
les autres à cette expédition. Il rencontre très rapidement des
problèmes aux pieds qui ralentissent l'évolution du groupe. Après
avoir passé quelques jours dans la forêt amazonienne, après y
avoir construit un radeau afin de descendre le fleuve, enfin, après
avoir décidé de scinder le groupe en deux, l'aventure va se
concentrer sur le personnage de Yossi Ghinsberg. Et autant dire que
l'on va avoir droit à un véritable dépaysement. Mais pas de ceux
qui donnent envie de quitter son chez soit. Mieux vaut porter des
gants si vous avez fait un détour chez la manucure avant de vous
plonger dans cette aventure de presque cent-vingt minutes car sinon,
vous risquez de vous ronger les doigts.
Même
s'il demeure un je ne sais quoi qui empêche le spectateur d'être
totalement imprégné des événements qui se déroulent à l'écran
(certaines scènes sont trop longues ou inutiles, et les plans
larges rendant compte de l'immensité de la forêt amazonienne, pas
assez nombreux à mon goût), le résultat n'est tout de même pas si
mal. Le long-métrage de Greg McLean semble rendre assez fidèlement
le calvaire qu'a dû endurer Yossi Ghinsberg en 1981. Jungle
rend
compte des difficultés liées à un manque évident de préparation
(les héros se jettent dans l'aventure sans jamais savoir ce qui les
attend vraiment et ce, tout en laissant les guider un homme qu'il ne
connaissent que depuis moins de vingt-quatre heures). Le film
démontre aussi et surtout que face à la nature, et même avec des
années de pratique derrière soit, rien ne préserve l'homme d'un
quelconque danger. Jungle entretient
d'une certaine manière un rapport concret avec l'étouffant et
remarquable Vinyan que
le belge Fabrice Du Welz réalisa en 2008. l'exploration d'un monde
demeuré jusqu'ici inconnu, recelant ses mystères et une forme
d'évocation nous renvoyant aux origines de l'humanité. Personnages
à part entière, les paysages servant de décors au long-métrage
sont parfois saisissants. Entre le Mont Tamborine, un plateau de
vingt-huit kilomètres carré situé dans la région de la Scenic Rim
en Australie, et le Parc national Madidi en Bolivie, le tournage a
donc eu lieu dans des décors naturels sur une durée de six
semaines.
Jungle offre
à ses interprètes, Daniel Radcliffe donc, mais également Alex
Russel, Thomas Kretschmann et Joel Jackson l'opportunité de donner
toute la mesure de l'âme humaine lorsqu'elle est confrontée aux
dangers d'une nature hostile et indomptable. L'amitié s'y délit, se
décomposant au grès des échecs. Chacun y fait alors montre de sa
véritable personnalité. Les plus forts, comme dans n'importe quel
lieu géographique, l'emportant sur les plus faibles. Il manque
cependant une chose qui dans ce genre d'hommage à la Mère Nature et
à ce type de témoignage paraît essentiel. C'est l'aspect
initiatique que revêt l'expérience. Si l'on sent bien que le héros,
à la fin, s'en sort avec un regain d'humilité, il manque une
certaine profondeur qui empêche le film de s'extraire parfois du
simple survival. Malgré tout, l'expérience vaut le coup d'être
vécue. Ne serait-ce que pour la beauté de certaines séquences (les
rapides), des paysages, ou plus simplement pour son interprétation...
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